lundi 29 décembre 2008

Lu et approuvé/Un fils de l'Amérique


Un fils de l'Amérique,

Nelson Algren



Cass McKay est un visage pas très reluisant de l'Amérique : fils d'un détraqué, frère d'un alcoolique, livré à lui-même. Né miséreux dans un trou paumé du Texas, Cass rejoint la horde de vagabonds qui prennent les trains d'assaut en espérant un jour meilleur. Comme tous ces "hobos", ces travailleurs itinérants que l'on croise aux Etats-Unis pendant la crise des années 30, Cass fréquente les soupes populaires, parfois les prostitués, parfois les prisons. Le hasard fait le reste : bonnes ou mauvais rencontres...
Nelson Algren est connu en France pour avoir été l'amant de Simone de Beauvoir. Mais il mériterait qu'on s'attarde davantage sur son oeuvre que les spécialistes rangent aux côtés de Faulkner, pas moins.
Il restitue en tout cas magistralement la cruelle réalité des misérables, reprend leurs expressions crues, décrit leurs comportements douteux mais ne juge jamais cette "masse silencieuse". Le terme n'est pas choisi au hasard puisque l'auteur était communiste; ses idéaux se ressentent particulièrement dans la troisième partie du roman qui se déroule à Chicago : "Le maire lui-même faisait un peu de proxénétisme pour joindre les deux bouts : pour le compte de l'usine Chevrolet, pour la Standard Oil, ou de n'importe quelle pieuvre industrielle disposant des moyens de le payer. Et c'était ça qu'il était en train de faire trois pâtés de maisons plus loin. Il maquait cette vieille pute, le monde des affaires de Chicago, la fardant pour son dernier gros samedi soir. Le maire était un souteneur, il travaillait pour le compte de la Libre Entreprise."
Que dirait-il aujourd'hui alors que l'Amérique est en pleine récession de voir le président voler au secours des banques et de l'industrie automobile à grands renfort de millions de dollars? Un écrivain nous parlera peut-être bientôt de ces milliers d'Américains, endettés jusqu'au coup, victime de la crise des subprime, venir gonfler cette masse toujours silencieuse.
Taille de police
L'info en plus : Un fils de l'Amérique est le premier roman de Nelson Algren, écrit en 1935 pour 30 dollars par mois. Comme le livre n'a eu aucun succès à sa parution, l'auteur s'est abstenu d'écrire jusqu'en 1940.

Lu et approuvé/ Habillés pour l'hiver

Habillés pour l'hiver
David Sedaris


C'est annoncé en sous-titre : voici 22 épisodes de la vie d'une famille presque normale. Des anecdotes qui remontent à l'enfance, à l'adolescence ou au début dans la vie professionnelle et sentimentale qui n'ont pas spécialement de portée mais qui ont le mérite de nous arracher un sourire. Certaines épisodes sont franchement comique comme celui des "six à huit noirs" où notre auteur compare Noël aux USA et en Hollande : "Le père Noël vit avec sa femme au pôle nord, dans un village isolé, et passe une nuit par an à faire le tour du monde. Si vous êtes méchant, il vous laisse du charbon. Si vous êtes gentils et que vous habitez aux Etats-Unis, il vous laisse à peu près tout ce que vous voulez. [...]Un parent hollandais doit raconter une histoire nettement plus inquiétante et dire à ses enfants : "Ecoutez, il faudrait peut-être préparer quelques affaires avant d'aller vous coucher. L'ancien évêque de Turquie va venir ce soir accompagné de six à huit noirs. Il se peut qu'ils mettent des bonbons dans vos souliers, mais il se peut qu'ils vous fourrent dans un sac et vous emmènent en Espagne ou qu'ils fassent juste semblant de vous donner des coups de pied." Evidemment, ceci n'est qu'un extrait d'une comparaison qui s'éternise et confine à l'absurde.
Comme les histoires sont très courtes et très vivantes, c'est le genre de livres parfait sur la plage ou dans le train.

Vu et approuvé/ Burn after reading

Burn after reading,
Ethan et Joel Cohen


C'est un film juste "pour de rire", comme les frères Cohen en ont le secret. Osborne Cox, analyste à la CIA, est viré. Il décide alors d'écrire ses mémoires. Un CD comportant ses données personnelles arrive entre les mains de deux salariés d'une salle de gym qui veulent le faire chanter. Mais ce sont eux qui vont très vite déchanter...
Après l'impressionnant et sombre No country for old men, les réalisateurs se sont accordés une petite récréation : le scenario est une somme de petites absurdités et les acteurs se disputent le statut de personnage le plus grotesque. Brad Pitt en "blonde" peroxydée alternant machouillage de chewing-gum et boisson énergétique l'emporte haut la main. Suivi de près par Georges Clooney en obsédé du footing et obsédé tout court.
Les frères Cohen ont chargé leur personnage et on éprouve une certaine jubilation à les voir s'empêtrer dans leurs propres bêtises.

jeudi 11 décembre 2008

Lu et approuvé/ L'attrape-coeurs

L'attrape-coeurs
J.D Salinger


On s'attaque ici à un classique de la littérature, cité en référence dans des livres ou dans des articles, "roman de l'adolescence le plus lu dans le monde entier" nous dit la 4e de couverture. Holden, fils de bourgeois new-norkais, est renvoyée encore une fois de son lycée, trois jours avant Noël, et n'ose pas l'avouer à ses parents. Mais écoeuré par ses camarades et l'atmosphère des dortoirs, il fugue pour passer quelques jours en liberté à New-York. L'apprentissage de l'indépendance est plus dur qu'il ne le croit. Il peut bien boire des verres jusqu'à plus soif, se retrouver en tête à tête avec une prostituée, traîner dans les rues toute la journée, Holden est seul, vulnérable et déboussolé. On partage toutes ses inquiétudes et ses questionnements, lui qui est arraché du monde de l'enfance pour passer dans le monde des adultes. Cette période transitoire mais douloureuse est racontée ici avec une grande sincérité et humilité. Holden n'est pas un héros, juste un adolescent ordinaire. Ce qui en fait un modèle universel et (presque) intemporel. Car, oui, appeler ses connaissances par "la môme" untel ou untel a forcément pris un petit coup de vieux.

L'info en plus : Après le succès de l'Attrape-Coeurs paru en 1951, J.D Salinger s'est retiré du monde, quittant New-York pour le New Hampshire. Il ne donne pas d'interview, ne se laisse pas photographier depuis plus de 50 ans, adoptant ainsi le statut de l'écrivain mystérieux , voire de légende vivante. C'est sans conteste un des auteurs les plus "bankable" puisque son livre culte s'écoule à 250 000 exemplaires par an.

mardi 9 décembre 2008

Lu et approuvé/ L'amour ouf

L'amour ouf,
Neville Thompson


Certaines filles sont attirées par les mauvais garçons, c'est le cas de Jackie, raide dingue de Johnser, le petit délinquant de son quartier de Dublin, Ballyfermot. Quand ils passaient l'adolescence à se tripoter sur les parkings des supermarchés désertés par les consommateurs ou à se léchouiller sous un pont après quelques bouteilles de bière bues, ça allait encore. Mais bientôt Johnser ne veut plus se contenter de ça, tant au niveau sexe que niveau business. C'est le début des emmerdes, des bébés surprises et des descentes de flics.
Le récit alterne entre Jackie et Johnser. Elle, la bonne poire de service, soumise à son mari, dévouée pour ses enfants, obligée de faire des ménages pour survivre, soit une somme de petites humiliations quotidiennes. Lui, le caïd des bas quartier, promis très vite à un "bel" avenir qui ne connaît que le langage de la violence, qui ambitionne de devenir le plus redouté des gangsters, mais trahi par son chef.
Neville Thomson dresse un tableau sombre des classes défavorisées d'Irlande mais a une incroyable talent d'écriture pour rendre ses personnages plus vrais que nature! Les épisodes défilent vite et le scénario est très bien huilée : on reste scotché à ces bouts de vie jusqu'à la fin!
Dommage que la traduction française ne soit pas à la hauteur : pour rendre compte du langage des jeunes dublinois, la traductrice a choisit le verlan sauf qu'elle l'utilise à très mauvais escient. Ainsi, un coup de poing dans le nez devient un coup de poing dans le zen! Il y a même des mots que j'ai retourné dans tous les sens et dont je n'ai pas encore trouvé la signification!

mardi 2 décembre 2008

Vu et approuvé/ Hunger

Hunger,

Steve MacQueen

C’est un film coup de poing et coupe faim ! Il se passe pendant les « troubles » en Irlande du Nord qui opposent les catholiques animés par un désir d'indépendance et les protestants fidèles à la couronne d’Angleterre. Le film raconte l’histoire de prisonniers de l’IRA, accusés de terrorisme par les Anglais qui leur refusent le statut de prisonniers politiques. Ils entament alors une grève de l’hygiène, acceptant simplement de se vêtir d’une couverture et retapissant les murs de leurs excréments, car ils ne veulent pas être considérés comme des criminels de droit commun. Devant l’inflexibilité de Margaret Thatcher, alors Premier ministre britannique, ces militants catholiques sortent leur arme fatale : la grève de la faim dans laquelle périront dix hommes dont le mythique leader Bobby Sands.
Le réalisateur a pris le parti de tout montrer, dans les moindre détails, de cet univers carcéral : on a littéralement le nez dans la merde et la tête sous l’eau! A l’origine, il est plasticien et cela se voit car il y a une grande recherche esthétique dans ces plans et une volonté de mettre en éveil tous nos sens : les odeurs et les textures sont presque palpables. Tout est primaire au point même que le langage en est affecté : le seul dialogue intervient au milieu du film entre Bobby Sands et un prête catholique (excellent passage d'ailleurs!).
Les scènes sont d’une grande violence, pas tant physiquement que psychologiquement, même s’il y a quelques passages à tabac. Non, ce qui choque, c’est l’aliénation de ces hommes, la dépossession de soi et de sa dignité. C’est la répétition et l’accumulation de ces sévices qui rendent certaines scènes insoutenables, surtout à la fin quand l’homme devient décharné, tel un survivant des camps d’Auschwitz. On en ressort complètement sonné et perplexe sur la violence que les hommes et les sociétés peuvent s’infliger à eux-mêmes.

L’info en plus : Hunger a été récompensé à Cannes par la Caméra d’Or pour le Meilleur premier film, a reçu le Discovery award au Festival de Toronto mais aussi le prix coup de cœur au Festival du film britannique de Dinard.

Lu et desapprouvé/ La tache

La tache,

Philippe Roth

La tache, c’est l’histoire du puritanisme américain. Ce n’est pas un hasard si l’action se passe en 1998 au moment où éclate l’affaire Lewinsky, du nom de l’assistante qui faisait des fellations au président Bill Clinton dans le bureau ovale.
Coleman Silk, professeur d’université, est lui aussi l’objet du scandale : il est accusé de racisme mais préfère démissionner plutôt que de se battre, évitant ainsi de révéler un lourd secret et entretient une relation avec une femme de ménage, un cas social de 40 ans sa cadette. Shocking ! Ses amis, collègues et connaissances le laissent tomber et c’est en désespoir de cause qu’il se rend chez un voisin écrivain : écrivez mon histoire, lui lance-t-il. Ainsi soit-il !
A part une dernière scène forte et intense, ce roman manque de relief à cause d’une intrigue qui stagne et s’étiole : c’est comme un plat qu’on voit passer dix fois sous son nez sans avoir envie d’en manger ! Ca pourrait être un exercice de style à la Queneau mais le verbe de Roth manque un peu de piquant à mon goût, surtout sur la longueur. On partage le cerveau de plusieurs personnages alors on peut picorer chez qui on veut : un professeur d’université déchu de son piédestal, une ambitieuse française qui donne des leçons de moral à tout le monde, un vétéran qui a perdu la boule dans la guerre du Vietnam, une vieille dame qui a été trahie par son frère mais la plus intéressante est sans doute la femme de ménage sans le sou et sans la vertu. Soit disant illettrée, elle tient les propos les plus pertinents : « Nous laissons une souillure, nous laissons une trace, nous laissons notre empreinte. Impureté, cruauté, sévices, erreur, excrément, semence – on n’y échappe pas en venant au monde. [ …]La souillure est en chacun. A demeure. »

mardi 18 novembre 2008

Vu et approuvé/ Festival des Inrockuptibles


Festival des Inrockuptibles

The Foals. Sauvage. Ca commence un peu bizarrement par des petits bidouillages électro et c’est un peu longuet avant d’entrer dans le vif du sujet. Mais nous y voilà enfin avec The French open, dans la langue de Molière, que le public peut reprendre sans se tromper. Bientôt, c’est Cassius qui met toute l’audience en effervescence : oui, ça gaze pas mal ! Le chanteur cherche désespérément à grimper au balcon pour faire le show mais il n’a pas d’appui : au bout de la dizième fois, une main généreuse le hisse jusqu’en haut pour qu’il puisse faire le tour de la salle, redescendre par un poteau au milieu, traverser la fosse pour remonter sur scène. Il n’a pas l’air de s’encombrer des bonnes manières, dégommant tout sur son passage jusqu’à son micro et se jetant dans la foule avec sa guitare. Qui veut se prendre une guitare en pleine tronche ? Quelques personnes très excitées décident de jouer au chat et à la souris avec le service de sécurité, grimpant sur scène avant de se jeter de justesse dans la fosse, ou de se faire ramasser par ledit service. Le problème, c’est que ça parasite la musique pour ceux qui veulent écouter et danser.

The Friendly Fires. Sensualité. A peine le rideau levé, la température est montée de quelques degrés et l’ambiance s’est nettement réchauffée. Chaud, chaud devant ! Les filles au premier rang ont en eu pour leur argent à mater le jeu de jambes du leader de cette formation et ces fesses bien moulées dans un pantalon très seyant ! Et lui en fait un max, se déhanchant jusqu’à se déboîter une hanche justement. Le fils spirituel de Mick Jagger est né, sexy à souhait, même si j’étais très loin pour voir s’il avait des lèvres pulpeuses. Laissons-là de côté nos hormones en ébullition pour parler de la musique : rien de révolutionnaire là-dedans mais des petites bombes, parfaitement calibrées pour danser. C’est imparable ! Dommage que la chanson Lovesick n’ait pas été chantée parce que c’est de loin la plus sensuelle.

The wild beast. Cherche sa voix. Qu’il y a t-il de commun entre la voix aigue d’un Bee Gees et la celle caverneuse d’un Tom Waits? A priori rien sauf que le leader des Wild Beast combine les deux, alternant de l’enfant de chœur qui n’aurait pas encore mué au vieux routier qui aurait fumé des gauloises toute la nuit. Ca donne un petit effet cabaret pas antipathique, appuyé encore par l’utilisation d’un clavier. Ca peut être ennuyeux à la longue mais le groupe a un autre chanteur en stock qui lui est dotée d’une belle voix grave sans fluctuation !

The Virgins. Déception. A les voir sur scène avec leurs blousons trop courts, leurs jeans déchirés, une paire de baskets jaunes et vertes fluo aux pieds, on se doutait bien que ce serait un groupe pour ados, puisqu’ils en avaient les codes vestimentaires. Mais pas à ce point ! Leur single Rich girls faisait pourtant bon effet sur l’album mais le chanteur l’a légèrement égratigné sur scène. Leur album sonnait funky et varié mais le live a été beaucoup plus monotone, lassant par son uniformité...Mais ce n'est que mon humble avis car ça pogotait quand même pas mal dans la fosse.

Seasik Steve. Révelation. J’avais jamais entendu parler de ce groupe avant et ce sont les petits bonheur d’un festival de voir des artistes comme ça. Ca donne envie de partir fissa au Mississipi, s’asseoir sur un rocking chair et écouter les vieux jouer de la musique country et bluesy. Car notre ami Steve n’est pas tout jeune, comme en atteste sa longue barbe blanche... N’empêche que quand il enlève sa chemise de bûcheron et découvre des bras gras plein de tatouages et un marcel dessous sa salopette, ça s’existe dans les gradins ! Il invite même une petite jeunette sur scène pour lui conter fleurette ! Il sait enflammer la salle avec un jeu de scène quasi inexistant (puisqu’il reste assis la majorité du temps) mais avec une musique très stimulante. Il nous parle dans ses chansons de son père qui le jette à travers les carreaux ou de feu son vieux chien adoré…Bref, des traditionnels bien revitalisés.

Soko. Amateur. C’est comme si on avait des places pour assister à un match de Ligue 1 et que d’un coup on se retrouvait en division d’honneur. Certes, Soko a pour sa défense de nombreux problèmes techniques : pas de retour dans les oreilles, une guitare qui ne marche pas, un micro instable qui l’oblige à se courber pour chanter…Mais dans l’adversité, elle révèle une petite fille colérique : « Je peux pas jouer de la guitare, c’est pas cool ! » et houspille ses petits camarades de jeu. Niveau musique, elle se réfère à Daniel Johnston, Paul Mc Cartney et semble influencé par les Moldy Peaches et toute la clique anti-folk. Mais quand cela semble authentique chez les pré-cités, ça apparaît moins innocent chez Soko qui s’amuse à susurrer de manière quasi inaudible telle une Carla Bruni (très énervant) ou à hurler dans son micro histoire de nous péter un tympan (très très énervant). Et comme si cela ne suffisait pas, elle voulait absolument chanter une chanson au yukulele (sans intérêt), passant outre les consignes des organisateurs qui lui signifiait qu’elle avait fait son temps. Allez vite, au suivant !
La Cigale

Lu et approuvé/ Une touche d'amour


Une touche d’amour

Jonathan Coe


Jonathan Coe est un brillant auteur anglais sachant recouper diverses petites histoires pour en faire une grande. Une touche d’amour n’échappe pas à la règle : il alterne récit de l’auteur et de Robin, étudiant en littérature qui est sur sa thèse depuis quatre an et demi, thèse qui n’a jamais avancé d’un pouce. Au lieu de ça, Robin écrit des nouvelles à l’humour douteux où transparaît sa philosophie de vie, ou de non vie. Autour de lui se succèdent un ancien ami qui a épousé la femme de leurs vies, une Indienne qui souffre de son manque d’intégration en Angleterre et une avocate au bord du divorce qui le défend dans une sombre histoire d’attentat à la pudeur. Mais ces personnages gravitent loin de lui car Robin est un solitaire, dépressif et amorphe, quelqu’un dont on ne recherche pas forcément la compagnie. En un mot, un looser. Une somme de petits hasards le conduise dans l’impasse…

L’info en plus : Jonathan Coe épingle dans chaque roman les travers de la politique. Ici, son personnage s’en prend à Ronald Reagan qui a décidé de bombarder la Libye en 1986, avec la coopération de Margaret Thatcher et de l’Angleterre, en représailles à deux attentats dirigés contre des militaires et civils américains.

Vu et approuvé/ Picasso et les maîtres

Picasso et les maîtres

Ca se bouscule au portillon pour voir cette exposition phare de l’année au Grand Palais. Et pour cause, elle réunit des chefs d’œuvre de Picasso et de ses maîtres : El Greco, Rembrandt, Van Gogh, Monet et bien d’autres encore, prêtés par les plus grands musées du monde. Et les superlatifs ne sont pas de trop !
Plus qu’une visite d’une exposition, c’est une visite de l’histoire de l’art où chaque pièce nous entraîne dans un genre : portrait, nu, nature morte, etc. Le clou du spectacle étant sans aucun doute la dernière salle, celle des nus, où l’ont peut voir côte à côte l’Olympia de Manet, la Grande Odalisque d’Ingres et la Maja desnuda de Goya.
Chaque tableau de Picasso est mis en perspective avec ceux de ses glorieux aînés : troublant ! Troublant de voir à quel point l’Espagnol a pillé les idées des autres pour se les réapproprier et créer son propre style. Comme de la mode, on pourrait dire que la peinture n’est qu’un éternellement recommencement. Picasso a digéré tous les courants et en fait la brillante synthèse.

L'info en plus : L'exposition s'achève le 2 février 2009.

mercredi 12 novembre 2008

Lu et approuvé/ Tropique du cancer

Tropique du Cancer,
Henry Miller

C’est une histoire sans queue ni tête que nous convie Henry Miller, et surtout à queue ! Une petite citation pour le prouver : « Il lui fallait des queues extensibles, des fusées explosant d’elles-mêmes, de l’huile bouillante faite de cire et de créosote. Elle vous aurait coupé la queue et l'aurait gardé à jamais dans son ventre, si vous lui en aviez donné la permission. »
Il est beaucoup question de sexe et de grues dans ce livre car il semblerait qu’on ne croise que cela dans le Paris du début du XXe siècle. Il faut dire que notre protagoniste sait où les trouver, lui qui passe sa vie entre les chambres d’hôtels et les bars, vivant au crochet de ses compatriotes américains. Il est aussi beaucoup question de Paris, ville de tous les fantasmes et repère des artistes: « Paris est comme une prostituée. De loin, elle vous paraît ravissante, vous n’avez de cesse que vous la teniez entre vos bras. Au bout de cinq minutes, vous vous sentez vide, dégoûté de vous-même. Vous avez l’impression d’avoir été roulé. »
En bref, cette histoire sans queue ni tête est celle de la vie, celle de sa vie puisque le récit est en partie autobiographique. Il traite de l’absurdité de l’existence et de la mort en filigrane, donc du sexe (ne disons pas l’amour au risque de paraître vulgaire à Mr. Miller) et de la guerre, des préoccupations les plus bestiales comme celle de manger aux plus spirituelles comme celle de la création. Le protagoniste refuse d’être un homme comme les autres, pied et poing liés à un travail, à une femme, à une société et à toutes sortes de conventions. Il est libre : « Aujourd’hui, je suis fier de dire que je suis inhumain, que je n’appartiens ni aux hommes ni aux gouvernements, que je n’ai rien à faire avec les croyances et les principes. Je n’ai rien à faire avec la machinerie grinçante de l’humanité – j’appartiens à la terre ! »
On pourrait retirer quantité de citations de ce livres tant il y a de phrases chocs, de phrases crues et de phrases cultes. Sa langue est riche, spontanée, révoltée ou blasée mais toujours instinctive. Aussi est-ce un plaisir de la lire !

L'info en plus : Tropique du Cancer, ainsi que Tropique du Capricorne et Printemps noirs ont été interdits de publication aux Etats-Unis jusqu’en 1960 parce que ces œuvres étaient considérées comme pornographiques. Une marque du puritanisme américain dont avait horreur Henry Miller.

mardi 4 novembre 2008

Vu et approuvé/Daniel Johnston


Daniel Johnston


A personnage atypique, concert atypique. Daniel Johnston est un personnage fascinant du rock, devenu célèbre lorsque Kurt Cobain, chanteur de Nirvana, arbore un t-shirt à son effigie sur un plateau de MTV. On s'intéresse alors à ce chanteur hors-du-commum, souffrant de graves troubles mentaux, mais capables de petites perles musicales. On parle d'art brut (art des fous) ou de lo-fi (contraire à hi-fi), comprenez un son bien crade, sans doute comme l'aurait aimé Nirvana sur son album Nevermind (avant que le producteur ne dupe Cobain pour rendre un son plus lisse) .
Johnston lui ne va pas en studio, il enregistre sur des cassettes, les copie et les vend avec un dessin de son cru, des dessins naïfs, presque enfantins. Rassurez-vous, on trouve aujourd'hui ses oeuvres en CD mais le son reste brut de décoffrage.
Ses thèmes de prédilection sont les fantômes, les vampires et toutes sortes de diablotins sortis de sa fertile imagination. Son autre obsession ce sont les Beatles : quand il a 19 ans, Daniel veut être un des leurs mais il est déçu quand il découvre qu'il ne sait pas chanter.
Certes, sa voix n'est pas aussi claire que celle de McCartney et il a une légère tendance à partir haut dans les aigus mais qu'importe! Sur la scène de la Maroquinerie, on a l'impression qu'il a oublié de mettre son dentier, ça zozotte féroce, ça part en vrille : une voix unique qui semble encore muer!De fait, Daniel Johnston ressemble à un petit garçon dans des habits d'adultes (même s'il a des cheveux gris et un gros bedon).
Accroché comme un forcené à son micro, il tremble de tout son corps, tendu comme un arc et on se demande s'il ne va pas s'écrouler. Même s'il manque de tomber par trois fois, il est toujours debout et enchante le public. Il y a notamment une belle version de Rock this town avec le groupe hollandais qui l'accompagne, le John dear mowing club, aux liens de parentés évidents. Johnston s'est trouvé à travers son leader un fils spirituel on dirait...


L'info en plus : Daniel Johnston a 43 ans et vit toujours avec ses parents qui se font vieux. Certains artistes se mobilisent pour que ce génie puisse vivre décemment et préserver sa santé, c'est pourquoi ils ont décidé de faire un album de reprises pour gagner de l'argent. Dans Discovered covered, on retrouve Mark Linkous de Sparklehorse, Beck, Mercury Rev, The Flaming Lips,Tom Waits…

vendredi 10 octobre 2008

Lu et approuvé/ Tar Baby

Tar Baby,

Toni Morrison

A l'origine, tar baby est une poupée de goudron et de térébenthine qui piège un lapin dans un conte folklorique afro-américain, publié à la fin du XIXe siècle. On a bien eu droit à notre poupée de cire et de son!
Tar baby est devenue une expression qui désigne une situation inextricable, aggravée par le contact, qui se résoud par une séparation. Souvenez-vous en à la conclusion de ce livre, le quatrième de Toni Morisson, écrivain afro-américaine qui a reçu le prix nobel de littérature et le prix Pulitzer.
Valerian est un vieux milliardaire retiré du monde, Margaret est son épouse fêlée, et Ondine et Sydney ses deux serviteurs noirs. Deux mots qui appellent déjà des questions : rapport entre riches et pauvres, blancs et noirs... surtout que l'histoire se déroule sur l'Isle des Chevaliers dans les Antilles françaises.
Jadine, la fille que Ondine et Syndey n'ont jamais eu et que Valérian a aidé pour financer ses études, trouve refuge chez ses protecteurs. Mais l'intrusion d'un vagabond noir fascinant démontre que son petit monde secure peut voler en éclat...
Toni Morrison dépose par petites touches les strates d'une peinture d'une communauté noire en transition : Jadine incarne une jeune femme ambitieuse qui veut dépasser son statut de femme et de noire, et donc se battre contre les préjugés des blancs mais aussi des noirs. Mais l'écrivain dépeint surtout une histoire d'amour intense et compliquée entre deux êtres que rien ne prédestinait à se rencontrer. Et pour corser le tout, Toni Morisson saupoudre ce roman de quelques croyances populaires, d'épisodes irrationnels, comme pour élever ce roman au rang de mythe.

L'info en plus : Un écrivain mettant en lumière la misère des Noirs aux Etats-Unis depuis le début du siècle et qui la décrit souvent à travers des héroïnes est forcèment quelqu'un d'engagé. On ne s'étonnera pas que Toni Morrison supporte Barack Obama à l'élection présidentielle américaine. Plus surprenants sont ses propos tenus à propos de l'ancien président démocrate Bill Clinton qu'elle qualifia de "premier President noir américain" à cause de son origine sociale et de ses goûts.

dimanche 14 septembre 2008

Vu et approuvé/ Babyshambles

Babyshambles


Il était là, en chair et en os, pâle comme la mort mais bien là : Pete Doherty et ses Babyshambles étaient à la fête de l'Humanité. Programmé par deux fois au grand Rex en solo acoustique, Pete Doherty avait annulé ses deux concerts, la première fois parce que Monsieur n'avait pas respecté sa liberté conditionnelle et devait passer par la case prison, la deuxième parce que l'Eurostar avait pris tellement de retard qu'il est entré en gare de Paris nord à 2 heures du matin...
Jusqu'à la dernière minute, ses fans y croyaient à peine, craignant un coup à la Amy Winehouse à Rock-en-Seine... Mais Pete Doherty entre en scène, après ses petits camarades et deux danseuses parasites. Des vagues adolescentes se bousculent pour voir de plus près leur "Petouuuuuuuuuuuu" et chaque geste de celui qui semble considéré comme le messie récoltent selon la formule consacrée des tonnerres d'applaudissements. Pendant que les hystériques de moins de 16 ans s'époumonnent, on essaye de profiter des morceaux géniaux de Pete Doherty, un peu moins proprets que sur l'album...Pour prouver, si besoin en était, que Pete Doherty est un vrai artiste à la sensibilité punk, et pas un produit marketing pour ados en manque...de héros.
Les vocalises et les gratouilles de l'artiste sont parfois limites mais Pete Doherty n'est pas du genre à vouloir à être le premier de la classe (pas comme Roger Hodgson, des Supertramp, qui passe derrière lui, sorte d'André Rieu du synthé qui nous fait toujours pas diriger les années 80).
Concernant la set list, les nostalgiques des Libertines regretteront que ne soient plus joués les petits bijoux que sont "Boys in the band", "Up the bracket" ou "the man who would be king" mais les Babyshambles peuvent s'ennorgueillir aussi de quelques trouvailles. Du dernier album, on ne trouvera guère que "Delivery" alors que "you talk" et l'excellent 'There she goes" passent à la trappe. Un petit "pipe down" pour dynamiser la foule et le set se finit logiquement sur "Fuck forever"!

dimanche 7 septembre 2008

Lu et approuvé/ Les rescapés du Styx

Les Rescapés du Styx

Jane Urquhart

Malgré les apparences, les Rescapés du Styx n’est pas un livre sur des personnes ayant échappé de peu à la mort et livrés à eux-mêmes. Ce sont des naufragés du cœur qui dévoilent devant nos yeux leurs passés et leurs souffrances.
Andrew meurt dans une tempête de neige sur une île au nord du Canada, une terre abandonnée tant les conditions climatiques sont déplorables. Il est retrouvé prisonnier dans un bloc de glace, par Jérôme, un artiste venu s’isoler pour créer une œuvre. Sylvia que tout le monde croit psychologiquement fragile échappe à la surveillance de son mari et retrouve ce Jérôme un an plus tard pour lui parler de son amant Andrew.
De là, Jane Urquarht retrace le riche passé de la famille du défunt et revient un siècle en arrière quand les arbres peuplaient encore l’île, des arbres sacrifiés pour l’industrie du bois. Elle nous interroge sur la cupidité des entrepreneurs qui tente de dominer la nature et sur tous ces changements irréparables que l’homme a provoqués. En somme, le progrès est-il source de bonheur ?
En un sens, ce livre est plein de bons sentiments, peut-être un peu trop. Les personnages, en fouillant au plus profond d’eux-mêmes, ouvrent leurs cœurs et retrouvent des souvenirs enfouis ce qui donne un côté « analyse avec mon psy ». Et devinez quoi ? Ils se libérent de leurs démons... Happy end.

mercredi 20 août 2008

Vu et desapprouvé/ Gomorra

Gomorra,

Matteo Garrone

L'Italie que donne à voir et à entendre Matteo Garrone est loin de tous les clichés : la ville y est laide et sombre; la langue n'y est pas chantante mais chuintante. On est dans l'univers de la Camorra, sans artifices et sans anjoliveurs. C'est froid comme un documentaire avec ses visages anonymes, ses parcours croisés et similaires car quinconque approche de loin ou de près à la mafia en paye le prix. Mais on perd le fil dans ce film pas très structuré qui passe d'un endroit à un autre, d'un visage à un autre, sans but précis si n'est montrer la violence et la cruauté de la pieuvre qui tisse sa toile dans tous les strates de la société et dans tous les domaines (trafic de drogues, contrefaçons textiles, enfouissement de déchets toxiques).
Evidemment, certaines histoires sortent du lot comme ces deux adolescents qui jouent à la guerre et se prennent pour des héros de films. Le plus emblématique est sans doute le gamin d'une douzaine d'année, livreur de course, qui va se trouver emmailloter dans les filets des mafieux sans possibilité d'y réchapper. C'est assez inégal et ça manque de rythme, du coup ça m'a paru bien long, même que j'ai failli m'endormir!


L'info en plus : Ce film est tiré d'une enquête menée par Roberto Saviano dans un livre intitulé Gomorra, sur cette structure criminelle qu'est la Comorra et qui est établit à Naples et dans la région de Campanie. Ii vit depuis sous protection judicière.

Vu et approuvé/ Wall E

Wall E,

Andrew Stanton

Les studios Pixar réalisent un tour de force avec ce Wall E : nous tenir en haleine pendant plus d'une heure avec un film d'animation quasiment muet. Si ce n'est de robotiques feulements "Wall EEEEEEEEEE" qui ne sont pas sans nous rappeler un certain "E.TTTTTTTTTTTTTTT". Wall E est un robot chargé de compacter et nettoyer les déchets accumulés pendant des siècles sur la terre; ses habitants ont quitté depuis 700 cette décharge à ciel ouvert pour se réfugier dans un vaisseau spatial qui ressemble à une prison dorée pour obèses. Les travers de notre époque sont ainsi épinglés, sans un ton moralisateur pour autant.
Wall E collecte les objets les plus insensés, comme une vidéo de film romantique qui le fait rêver du grand amour. Et il finit par trouver celle qui fait battre son coeur, ou plutôt ses rouages mécaniques, avec EVE en mission sur la terre. Mais c'est que ça pourrait nous faire des générations de fleurs bleues des films comme ça!

Vu et aprouvé/ Le chevalier noir (Batman)

Le chevalier noir,

Christopher Nolan



Le justicier de Gotham city, aidé par le lieutenant de police Jim Gordon et le procureur Harvey Dent, porte un grand coup contre la pègre de la ville. Mais l'estocade fatale est repoussée parce qu'un adversaire hors du commun a décidé de s'amuser un peu : le joker, dérangeant au possible, incarné par Heith Ledger, décédé cette année. Il n'a aucune morale et aucune règle, ce qui lui confère un avantage certain sur Batman qui ne supporte plus de voir des gens mourir parce qu'il refuse de se démasquer et sur le procureur, ce chevalier blanc au teint bon chic bon genre qui incarne la droiture. Nos héros sont tous pris un peu de la schizophrénie du joker et ont une personnalité trouble et double qui en font un film d'action un peu plus pertinent que les autres. Mais Hollywood reste accroché à ces codes : ainsi le bien est-il représenté par la beauté carrée du procureur et la laideur par le maquillage grotesque du joker. Si l'on précise que le beau chevalier blanc fini défiguré, vous devinerez que son intégrité a pris un sérieux coup dans l'aile. Pour le reste, c'est du grand spectacle avec effets spéciaux et sons coup de poing.
L'info en plus : Heith Ledger, Joker aussi fascinant que Jack Nicholson, est mort en janvier 2008 après une overdose de médicaments à l'âge de 28 ans. Certains se prennent à rêver d'un Oscar à titre posthume, lui qui avait déjà été nominé dans la catégorie des meilleurs acteurs pour son rôle dans Brockeback Mountain. En 1976, Peter Fincen décédé quelques mois avant la cérémonie avait remporté l'Oscar pour Network, main basse sur la télévision.

Lu et approuvé / Frankie Addams



Frankie Addams

Carson McCullers

Frankie ne fait pas partie de la fameuse famille Addams qui aime faire mal aux autres et à elle-même. Quoique... Frankie lance des couteaux à la face de sa gouvernante, casse la tête d'un soldat en permanence et casse les pieds à son entourage en général. Et la principale raison à cela est que Frankie a 12 ans et qu'elle pousse aussi vite qu'une asperge : elle est en pleine crise d'adolescence, celle qui mêle encore jeux de l'enfance, peur de l'avenir, questions existencielles et incompréhensions face à ce déroutant changement.
Dès le début du roman, dans la chaleur de l'été, dans la moiteur d'une cuisine, on étouffe d'ennui et on flaire le drame. Frankie qui ne fait partie d'aucun club et qui n'a plus d'amies passe ses vacances avec Bérénice, sa gouvernante, et John Henry, son petit cousin. Elle rêve de soldats qui voyagent et qui se battent pour libérer l'Europe. Elle rêve de son frère basé en Alaska et imagine la neige qu'elle n'a jamais vue. Elle s'accroche au mirage du mariage de son frère pour s'évader de sa routine et s'imaginer une autre vie... Mais comme le dit si bien la sage Bérénice, on est tous prisonnier de soi. On a beau changer de prénom, de coupe de cheveu, on n'efface pas sa personnalité dans un claquement de doigt. Et la catastrophe que l'on pressentait depuis le début arrivera mais, Carson McCullers en écrivain se jouant du sort, pas comme on l'avait prévu.


L'info en plus : Claude Miller a librement adapté ce roman de Carson McCullers dans son film L'éffronté où Charlotte Gainsbourg tenait le rôle principal en 1985.

dimanche 27 juillet 2008

Vu et desapprouvé/ Lake Tahoe

Lake tahoe,

Fernando Eimbcke


Si vous allez au cinéma pour vous divertir, passez votre chemin! Lake tahoe n'est pas fait de cette trempe-là, il est fait de plans qui traîne en longueur, véritable torture pour les corps fatigués qui ne résisteront pas à l'appel d'Orphée. Comme je m'ennuyais ferme mais que j'étais bien réveillée, j'ai employé mon temps à compter la longueur d'un plan fixe : filmer le héros assis au volant de sa voiture prendra ainsi pas moins de une minute au réalisateur. Toutes les non-actions des personnages comme fumer une cigarette ou attendre une personne atteignent la même moyenne. Et encore, ce sont les scènes où il "se passe quelque chose" car il ne faut pas oublier les plans des paysages : routes, rues et garages automobiles. Ces belles images seraient mieux passées dans un reportage photographique, média de l'immobilité.
Et puis il y a ces incessants et irritants trous noirs, des fondus, qui durent quelques secondes à quasiment une minute, laissant place à des bruitages. On en oublierait presque notre sujet : un adolescent a embouti sa voiture dans un poteau et part à la recherche d'un garagiste, ce qui lui évite de penser à son père qui vient de déceder et de rester auprès de sa mère desespérée. Avec cette mort, le temps est comme arrêté ce que rend parfaitement bien ce film mais au final, c'est le spectateur qui risque de mourir d'ennui.


mardi 22 juillet 2008

Lu et approuvé/ La force de l'âge

La force de l’âge

Simone de Beauvoir


Deuxième tome de l’autobiographie de Simone de Beauvoir, La force de l’âge nous montre une jeune fille qui devient une femme adulte dans une période difficile, celle qui voit la montée du fascisme en Europe et la Seconde guerre mondiale. Alors que chacun pouvait se reconnaître dans les Mémoires d’une jeune fille rangée en tant qu’adolescente se rebellant contre ses parents et son milieu, il sera plus difficile de se confondre avec l’écrivaine et la philosophe, même si celle-ci est tenaillée par les doutes. Pacifiste, elle est comme beaucoup aveuglée par cet idéal et refuse de voir la réalité en face. Quand la guerre éclate, elle nous livre son journal intime qui raconte l’exode, les privations et …ses vacances au ski. Cette partie du roman est de loin la plus intéressante car quand elle raconte les errements de l’écrivain ou ses questionnements philosophiques, il faut déjà de solides bases pour comprendre la subtilité de telle ou telle pensée. Quand elle s’égare dans le détail de ses vacances en Europe ou de ses randonnées dans la campagne française, on ne comprend pas bien l’intérêt de la chose. Le parisianisme exacerbée de Simone de Beauvoir agace, elle qui ne supporte pas la Province. Elle est finalement révélatrice des petites bourgeoises d’hier et d’aujourd’hui. Reste le témoignage d’une époque agitée et charnière pour Simone de Beauvoir.

Lu et desapprouvé/ Fuckwoman

Fuckwoman,

Warwick Collins

C’est une immense farce qui se déroule à Los Angeles : une femme qui se prend pour une super héroïne et qui se fait appeler Fuckwoman abuse et humilie sexuellement des violeurs sur qui la police n’a jamais pu mettre la main. Dans une ville où règne le pouvoir de l’image, c’est logiquement au travers des médias et plus encore de la télévision que l’on suit les soubresauts de cette affaire qui passionne les foules. Le suspens ne dure pas longtemps sur l’identité de cette justicière qui est en fait journaliste dans un grand quotidien mais l’intérêt réside surtout dans les dialogues où se confrontent autant les personnalités que les idées.
Personnellement, l’auteur ne m’a fait ni aimer l’héroïne ni ses contradicteurs. Les personnages sont caricaturaux, voire sectaires : une féministe extrémiste qui castre du mâle autant physiquement que verbalement, un psychiatre autoritaire qui expérimente des produits chimiques sur sa patiente, un rédacteur en chef conservateur et chasseur qui aime scandaliser ses collaborateurs, un maire conservateur prêt à tout pour se faire réélire…
D’abord happé par une intrigue farfelue, la déception gagne à la lecture de ce scénario hautement improbable : on imagine mal en effet une femme mettre une branlée à 16 gros bras grâce aux longueurs qu’elle fait à la piscine et des cours d’auto-défense qu’elle prend une fois par semaine…Warwick Collins cherche-t-il à être adapté à la télévision avec ce roman ? Parce qu’il ressemble comme deux gouttes d’eau à un mauvais téléfilm américain qui reprend tous les codes hollywoodiens, allant même jusqu’à se conformer à un happy-end douteux. On peut se demander si ce livre n’est pas une imposture comme la ville elle-même à la lueur des propos d’Helen A. Brinkman, citée en préambule : « C’est l’imposture de la ville qui est authentique. » Dans ce cas, c’est une réussite, car ce roman n'est qu'une suite d'improbabilités.

Vu et approuvé/ Bon baisers de Bruges

Bon baisers de Bruges

Martin Mc Donagh


Au début, ça ressemble à une carte postale de Bruges ! Ah Bruges et sa belle cathédrale, ses canaux et ses ruelles médiévales ! Deux gangsters sont envoyés dans la Venise du Nord par leur patron après une bavure à Londres. Ils n’apprécient pas le séjour de la même manière : l’un en profite pour visiter, l’autre s’ennuie dans « ce trou à rat. » Jusqu’à ce qu’il rencontre sur un tournage un comédien nain et une jolie dealer qui vont pimenter ses journées. Jusqu’à ce que son collègue doive le supprimer sur ordre du patron. A partir de ce coup de fil, le film (enfin!) s’emballe et l’intrigue se resserre dans ce film noir à l’humour tout british. Le scénario déjoue tous nos pronostics et le sort joue sur l’ironie. Le final, fantasmagorique, donne une impression d’irréalité mais les balles sifflent pourtant à nos oreilles.

L’info en plus : En 2006, Martin McDonagh a gagné un oscar
pour son court-métrage Six Shooter.

samedi 12 juillet 2008

Vu et approuvé / Vampire week-end

Vampire week-end

Les vampires du Week-end n'ont peut-être pas eu beaucoup d'inspiration au moment de choisir leur nom mais ils en ont beaucoup plus pour créer des chansons imparables. Ils ne vous suceront peut-être pas le sang mais vous pomperont sans doute toute votre energie avec leurs mélodies dansantes. En fait, ce nom est tiré d'un film amateur qu'a tourné Ezra Koenig, le chanteur et leader de ce groupe new-yorkais. Les membres se sont rencontrés à l'université de Colombia et n'ont pas attendu la fin de leurs chères études pour composer des chansons et partir en tournée. Ils étaient pour la deuxième fois en concert en France aux Solidays et ont declaré sans rire que "C'était leur meilleur concert ici." Comme pour flatter notre ego, ils nous informaient toujours sans rire que "Cape cod kwassa kwassa" avaient les deux derniers mots en français. Ils ont bien fait de nous prévenir car ce petit détail nous avait échappé...
Qu'importe les langues car la musique de Vampire Week-end dépasse les frontières, empruntant au beat africain et au tempo des îles avec une petite dose de punk. C'est un mélange de nonchalance et de frénésie dont A punk, leur petite bombe, est un bon exemple! Eux appellent ça le "Upper West Side Soweto". On pourrait croire à l'écoute de l'album qu'ils utilisent des instruments exotiques mais ils ont en fait les basiques d'un groupe de rock : guitare, basse, batterie et clavier. Il y a aussi la voie très personnelle du chanteur qui a un petit air de Tom Cruise dans Coktail ce qui doit bien remonter aux débuts des années 80. Mais son discours avait plus d'impact sur les foules non sientologiques de Solidays : "Le préservatif, c'est mieux que l'abstinence, nous dit-il. Et les Vampire week-end sont mieux que l'abstinence!" On est d'accord et on en redemande!
Solidays

Vu et approuvé/ Radiohead

Radiohead

Un concert de la trempe de Radiohead, considéré comme le groupe rock le plus important des années 90, est un événement à part. Déjà, ça se passe à Bercy pour pouvoir accueillir les milliers de fans qui se sont arraché les billets et cela fait forcèment forte impression de se retrouver dans cette immense salle de sport. Surtout quand on est plongé dans le noir et qu'on tente de se frayer un chemin jusqu'à la scène car la première partie a été avancée. Arrive donc Bat for lashes dont la chanteuse a enfilé sa tenue de Pocahontas pour l'occasion mais leur musique ne ressemble pas à un feu de joie mais plutôt à une douche glacée, venue d'Islande en voulant copier Bjork et Sigur ros en piochant quelques influences chez Radiohaed itself! Ca serait parfait en musique d'ambiance mais beaucoup moins pour chauffer la salle. Comme je disais plus haut qu'un concert de Radiohead est à part, il ne faut pas attendre longtemps avant que l'atmosphère s'emballe et quelques olas partent dans les tribunes. On voit le décor changer : des énormes tubes ressemblant à des néons descendent du ciel (du plafond pour les terre à terre) et les rideaux sur les côtés sont enlevés (ce qui est bien pratique pour ceux assis sur les tribunes aux extrémités). On a ainsi une vue plongeante sur la scène et malgré tout assez bien positionné pour voir l'ensemble! Le concert commence avec 15 steps, la première chanson de leur dernier album In Rainbows que le quintet jouera en entier. On dit tellement que Tom Yorke est un mec complexé et introverti que je m'attendais à le voir se cacher derrière son piano. Pas du tout! Il se lance dans des danses genre tectonic raté et sautille tel un lutin dans son petit slim rouge moulant. Il fait preuve d'autodérision en jouant avec le public et son oeil malade à travers la caméra qui le filme en gros plan et retransmet les images sur l'écran géant : frayeur et rire garantis! Musicalement, c'est le pied : le son est parfait, les musiciens sont parfaits, Tom Yorke alterne le chaud et le froid avec sa voix, les néons s'accordent bien avec l'ambiance! Le set est lui aussi parfait ou presque car on trouvera toujours des grincheux pour dire qu'il manquait telle ou telle chanson (comme moi pour Exit music for a film par exemple) mais il est vrai que c'est difficile de choisir parmi tant de bons albums et mélodies. On aura eu droit au magnifique Fake platic trees des premières années et surtout le deuxième rappel (oui, j'ai bien dit deux rappels!) qui s'achève sur trois diamants : Who & those army, Karma police et Idiotheque. Personnellement, j'attendais cette dernière pour me déhancher et me désosser donc c'est plus-que-parfait. Après plus de deux heures de concerts et 25 chansons, on peut tranquillement regagner son chez soi, en saluant Colin Greenwood en train de fumer sur les marches du POBB. Et dire humblement merci!
Bercy

jeudi 26 juin 2008

Lu et approuvé / Les piliers de la terre

Les piliers de la terre,

Ken Follett


Alors qu’on pend son bien-aimé, une jeune femme lance une malédiction à trois notables (un prêtre, un moine et un chevalier) responsables selon elle de sa mort. On est en 1123 dans le Sud de l’Angleterre et ce roman nous mène jusqu’en 1174, autant dire que de l’eau va couler sous les ponts, que des jeunes gens vont périr et que la société va connaître quelques bouleversements. Ken Follett, spécialiste du roman d’espionnage, n’a pas perdu son sens du rebondissement et du contre-pied dans cette fresque romanesque et historique. Il peint surtout des personnages haut en couleurs, tous exceptionnels à leur façon car il en faut de la force, du courage ou de la ruse pour survivre dans cette époque trouble qu’est le Moyen-Âge. Il y a les vertueux d’un côté : le prieur Philip qui veut rendre prospère sa ville de Kingsbridge, Tom le bâtisseur qui rêve de construire une cathédrale, Aliéna qui se bat bec et ongles pour honorer la mémoire de son père et rendre à son frère le comté que la famille a perdu. Il y a les vicieux de l’autre : William, le comte arrogant et sanguinaire, Waleran, le prêtre qui conspire pour sa gloire personnelle. Sans oublier Ellen la sorcière qui fait trembler les âmes les plus endurcies. Mais l’héroïne de ce roman est sans conteste la cathédrale, synonyme du pouvoir : elle cause les pires tourments à ses admirateurs mais aussi à ses détracteurs qui essayeront de l’abattre par tous les moyens. L’Angleterre, frappée par une guerre de succession, permet à Ken Follett de parler de ce qu’il aime le plus : les petites et hautes trahisons. Passionnant.

jeudi 5 juin 2008

Lu et approuvé/Retour à Coal Run


Retour à Coal Run,

Tawni O'Dell



Premières lignes, bonnes impressions : un mineur, immigré ukrainien installé à Coal Run, s’en va comme chaque matin à l’aurore dans le ventre de la terre. Quelques minutes plus tard, une explosion réveille les habitants de la cité qui se précipitent vers la mine en feu. Mais Tawni O’Dell ne nous refait pas un Germinal et s’éloigne de la condition ouvrière pour aborder la question des sentiments.
Mr Zoschenko laisse derrière lui sa femme et ses deux enfants. C’est à travers son fils que l’on revit l’histoire de la ville et de la famille : Yvan, star de football américain est stoppé en pleine ascension par une vilaine blessure à la jambe. Après 16 années en Floride, il reçoit une curieuse lettre qui l'incite à revenir sur ces terres natales et sur son passé qu’il a fui...
Il y retrouve Jolene, sa sœur belle et rebelle, mère de trois enfants de trois pères différents ; Chrystal, dans le coma depuis 20 ans après avoir été battue par son mari qui va tout juste sortir de prison ; Val, le voisin de son enfance revenu amputé de la guerre du Vietnam…Des personnages attachants affluent dans ce roman qui réunit les ingrédients d’un film à succès : intrigues policières et sentimentales, révélations au compte-goutte qui nourrit un suspens grandissant même si on peut regretter les va-et-vient confus dans le passé. Sans oublier une peinture de la misère sociale en Pennsylvanie.

dimanche 25 mai 2008

Lu et approuvé/ La fête au bouc

La fête au bouc,
Mario Vargas Llosa
Une avocate exilée aux Etats-Unis revient en République dominicaine qu'elle a quittée depuis des décennies. Ses pas la conduisent au chevet de son père mourant, un sénateur déchu du régime dictatoriale...
Quatre hommes dans une voiture fomentent un attentat contre le despote Rafael Leónidas Trujillo qui tient le pays d'une main de fer depuis plus de 30 ans. Avant ce moment crucial, ils se remémorent les événements qui les ont poussés à l'acte...
Plusieurs intrigues se croisent mais se confondent au final dans le destin de Trujillo. On assiste ici au dernier soufffle du "bouc" qui n'ursupe pas cette comparaison lui qui assouvit ces bas instints avec de la chair fraîche et vierge, lui qui étanche sa soif de pouvoir en terrorisant ses conseillers et en torturant ses opposants. C'est un animal politique, fin stratège et calculateur, mais misanthrope et egocentrique. A la fin de sa vie, c'est son incontinence et son impuissance qui le préoccupe, plus encore que les sanctions de l'Orgnisation des Etats américains, plus encore que le soulèvement des curés...
Une histoire passionnante d'un point de vue historique car Mario Vargas Llosa nous montre les facettes de ce fou au pouvoir et de cette tyrannie sanglante, mais aussi d'un point de vue psychologique car les personnages ont tous un lourd passé dont ils doivent se libérer pour vivre... Même si on connait l'issue finale du livre, puisque Trujillo a été assassiné en 1961, un vrai suspens nourrit ce roman : une tension palpable dans les longues minutes d'attentes dans la voiture avant l'attentat jusqu'à la chasse à l'homme pendant de longues semaines après la mort du tyran. On aurait envie de connaître la suite puisque Joaquin Balgaguer Ricardo, président fantoche à la fin des années Trujillo, a continué à hanter la politique dominicaine jusqu'en 2000.

dimanche 11 mai 2008

Lu et approuvé/Football Factory


Football Factory,
John King

Qu'est-ce que ça fait d'être dans la peau d'un hooligan? Mal, très mal. On en prend plein la figure, c'est normal puisqu'on cherche la castagne. On en ressort avec la nausée car comme tout hooligan qui se respecte, comme tout mafioso qui a son code d'honneur, on est raciste, mysogine, alcoolique et bête comme nos pieds qui nous conduisent aux alentours des stades. Exemple parmi tant d'autres : "La baise, ce n'est jamais que de la baise, et aucune nana ne peut faire le poids avec une virée à Newcastle. Qu'est-ce qu'on préfère, les ramener à la maison et leur mettre un bon coup? Le cul lubrifié à mort, le réservoir bien plein? Et se réveiller demain matin à côté de deux pétasses repues de foutres? Ou bien ouvrir les yeux à Newcastle avec les copains et se mettre à chercher ses connards?"
Au travers de Tom Johnson et ses acolytes, supporters de Chelsea, on découvre une vie quotidienne assommante : mourir d'ennui au travail, boire des pints au pub, tringler des nana bourrées, voir des matchs de football et se cogner dans des bastons mémorables qu'on se raconte et raconte 10 ans après. Une vie misérable pour des personnes exclues du système, représentant une certaine classe ouvrière anglaise qui ne fait pas grand-chose de sa vie, qui ne croit plus en rien, et qui déteste encore plus la police que les immigrés et c'est peu de le dire. Ils sont haineux envers et contre tout, contre tous. Leur seule raison de vivre est une petite virée à Millwall "parce que là-bas, dans le Sud-Est de Londres, c'est toujours du sérieux".
Entre deux bagarres, le narrateur nous distille quelques pensées sur la société anglaise comme ici après avoir éclaté la tête d'un mec dans les toilettes d'un pub parce que tout simplement elle ne lui revenait pas : "Le pauvre chéri, il est tout abîmé, et ses vêtements aussi. Du sang et de la pisse, le grand coktail britannique. Une institution nationale. Je sors et dis aux autres qu'on se trisse, que je viens de me faire un connard de Manch'. On dégage vite fait." De la bêtise humaine à l'état pur.
John King n'a pas son pareil pour nous plonger dans l'esprit de ces gars-là avec un langage cru, décomplexé et très imagé. Il fait monter l'adrénaline comme les jours de match. Il frappe là où ça fait mal. Car ce n'est pas parce qu'on ne veut pas les voir qu'ils n'existent pas. Ils? La honte de l'Angleterre.
L'info en plus : John King a été repéré par l'écrivain écossais Irvine Welsh et on retrouve un même goût pour la provocation et le même intérêt pour les personnes à la dérive. Football Factory est suivi par La Meute et Aux couleurs de l'Angleterre qui forment une trilogie. Ce premier roman a été adapté au cinéma par Nick Love en 2002 et n'est pas sans rappeler la film Hooligans qui traitaient également de ce fléau du football.

jeudi 24 avril 2008

Vu et desapprouvé/ There will be blood


There will be blood, Paul Thomas Anderson



Quand tout le monde crie au chef d'oeuvre et que vous tombez sur un film qui ne vous touche pas, vous êtes forcément déçu! Bande annonce choc, acteurs de renom, réalisateur reconnu, adaptation d'un roman d'Upter Sinclair : cela semblait si prometteur!
Déjà, encore une tromperie sur la marchandise avec une bande annonce qui laissait croire à un duel de choc entre un jeune fou de Dieu en transe et un pionner du pétrole sans foi ni loi. Or L'Eglise et le capitalisme ne s'affrontent pas; ils cohabitent tant bien que mal ce qui est sans aucun doute encore vrai dans l'Amérique d'aujourd'hui. Tout le monde est si gentil et naïf dans le grand ouest américain qu'on cède un peu trop facilement à cet entrepreneur dont tout le monde sait que ses méthodes ne sont pas très catholiques. Ca paraît un peu gros et on aurait bien envie que quelqu'un lui résiste! Certes, c'est une qualité qu'un film nous emmène là où on ne l'attend pas mais il manque un "je ne sais quoi" qui me laisse perplexe.
Même la bande-son signé Jonny Greenwood, guitariste de Radiohead, dont je suis pourtant fan, m'a plus fait l'impression d'un bruit irritant qu'autre chose. Heureusement, les acteurs sont fidèles à leur bonne réputation ce qui n'empêche pas le film de s'écouler lentement.On ne va pas jusqu'à s'ennuyer parce qu'on sait qu'il va y avoir de l'action, qu'il va y avoir du sang (si, si , on nous l'a dit dans le titre) mais il faudra attendre la dernière minute!

mercredi 23 avril 2008

Lu et approuvé / Paul Dexter

Train, Paul Dexter

Ne vous y trompez pas, Train n'est pas une épopée ennuyeuse sur le rail mais le surnom donné à un gamin doué pour le golf. La seule comparaison valable avec le train, c'est que ce roman est comme un TGV lancé à 515,3 km/h (record du monde, j'ai vérifié) et que l'on se prendrait en pleine face. Percutant! Heureusement, ce n'est que de la fiction et vous vous en relèverez, tout juste un peu sonné.
Train est caddy dans un club de golf mais se fait virer, son beau-père violent l'a (en quelque sorte) éloigné de chez lui, il trouve comme compagnon de route un vieux fou. Si ce roman se passait aujourd'hui, on se dirait que Train a la poisse qui lui colle aux semelles et qu'il est impliqué dans des embrouilles bien malgré lui. . Mais sa malédiction tient juste au fait d'être né noir, dans les années 30 en Californie, dans une société qui ne les admet pas et les persécute. Sauf un policier répondant au nom de Packard si plein de bonnes intentions à son égard que ça en devient suspect.
Ce policier est le fil conducteur du roman, le lien entre ce jeune noir talentueux qui évite le contact des blancs mais aidés par l'un d'entre eux et une femme blanche militante pour l'égalité raciale, violée et brutalisée par des truands noirs. Ca ressemble à un schéma de pensée de vieux colonialistes racistes posé ainsi mais comme chacun sait- à part Georges W. Bush -tout le monde n'est ni tout blanc ni tout noir dans ce bas monde! L'auteur inverse subtilement la vapeur en révélant au fur et à mesure la part d'ombres de ces personnages. L'intrigue est touffu, les situations complexes et le dénouement inattendu, le tout servi sous une pression constante.

mercredi 16 avril 2008

Vu et approuvé/Wes Anderson


A bord du Darjeeling limited, Wes Anderson


Ca commence à peine que c'est déjà fini : après une scénette d'un Américain à Paris où il évidemment question d'amouuuuuuuuur, le générique de fin s'enclenche au bout de dix minutes. De quoi dérouter le spectateur! Il faudra attendre la fin du "vrai" film pour comprendre le début du "faux film", le vrai qui commence sur des chapeaux de roues ou plutôt sur un quai de gare quelque part en Inde. Trois frères se retrouvent à bord du Darjeeling limited, rassemblés par l'aîné qui a frôlé la mort, pour une quête spirituelle. La mort rôde partout dans ce film puisque les héros ont perdu leur père un an plus tôt et se sentent orphelins de leur mère partie méditée sur les cimes asiatiques. Ce "train movie" n'est pas triste pour autant! La quête de sens se transforme en déroute insensée: humour décalé, comique de répétition, scènes cocasses, personnages loufoques peuplent cette comédie. Les images de l'Inde sont de toute beauté, que ce soit le foisonnement des couleurs lors des passages comiques ou la sobriété du blanc et du sable pour les événements tragiques. Très esthétique.

dimanche 13 avril 2008

Vu et approuvé/ Coming soon

Coming Soon

Coming soon est une tribu atypique composée de sept membres, oscillant entre l'âge ingrat et jeune adulte : Alex Banjo, Leo Beer Creek, Howard Hugues, Ben Lupus, Croline Van Pelt, Billy Jet Pilot et Mary Salomé. Bien qu'ils soient français, c'est plutôt du côté du folk ou anti folk américain que cette joyeuse bande se situe, quelque part entre les rocheuses et les plaines arides. Puisqu'ils ont dessiné leur propre carte dans leur packaging, on dira à la croisée des chemins des Southern seas, land of Nod, Nashville ou Notre Dame. Le plus jeune (15 ans) chante des mélodies légères et rafraîchissante d'une voix un peu haut perchée et nasillarde. Pourvu qu'il ait déjà fait sa mue et ne perde pas ce timbre en grandissant! Les balades et textes plus profonds sont reservés aux grands, au sens propre comme au figuré, puisque le plus vieux dépasse bien de 50 cm ses camarades. Avec son complet noir jusqu'au chapeau et sa chemise à rayure, c'est lui qui mène la danse sur scène et s'écarte d'un jeu un peu stéréotypé. On peut regretter que les deux filles présentes ne fassent que de la figuration puisque les choeurs sur l'album laissent penser qu'elles peuvent prétendre à d'autres rôles. On s'étonnera aussi qu'ils ne peuvent jouer leur chanson tant attendue "Vampire", entendue dans la BO de Juno et réclammée par le public : "On n'a pas le droit" s'excusent-ils. Si un groupe indépendant, sorti sur un label indépendant (Kitchen music) et présent sur la BO d'un film indépendant ne peuvent pour des questions de droit jouer leur chanson-phare, on pourrait croire que le mot indépendant est légèrement... galvaudé.
La Flèche d'Or

vendredi 21 mars 2008

Lu et approuvé / Virginie Despentes

Les chiennes savantes,
Virginie Despentes

Les chiennes savantes comme un clin d'oeil aux Femmes savantes et un contrepied aux Chiennes de garde? C'est sûr qu'on est à mille lieux d'un mouvement féministe contre le sexisme qui "montre les crocs" dixit leur charte. L'héroïne de ce roman montre plutôt sa culotte et en public encore puisqu'elle travaille dans un peep show, ce qui reviendrait pour les féministes pré-citées à une dégradation de l'image de la femme. Sauf qu'elle aime faire ça et le fait bien, bénéficiant même de la clémence de sa patronne. Mais elle est aussi vulnérable, confrontée à la violence de ce milieu et manipulée par plus fort qu'elle.
Louise lutte au quotidien contre ses démons et surnage dans un univers misérable, pas tant au sens matériel qu'au sens affectif. Sa vie est pavée de personnes malintentionnées qui, a défaut de la détourner du droit chemin puisqu'elle s'en est déjà largement écartée, accélère sa descente aux enfers.
Moitié polar, moitié chronique de société, ce livre est très réussi. Virginie Despentes, devenue égérie trash, a eu du mal à faire publier son premier roman Baise-moi. Si il est du même acabit que Les chiennes savantes, on peut s'interroger sur la frilosité des maisons d'éditions. Le sujet est certes érotique voire transgressif mais elle ne vas pas écrire une séance au peep show comme une séance au cinéma. Et avouons-le, on a lu des choses beaucoup plus dérangeantes. La prose et le propos d'un Marquis de Sade ou d'un Irvin Welsh me semble beaucoup plus sulfureux, ce qui ne les a pas empêcher de se faire reconnaître comme de grands écrivains. A côté, Virginie Despentes passerait même pour une jeune fille innocente.

L'info en plus : Virginie Despentes a emprunté son nom aux pentes de la Croix-Rousse à Lyon où elle a vécue et où se déroule l'action des Chiennes savantes. Son dernier roman King Kong théorie retrace son parcours et comment elle est devenue Virginie Despentes, un rôle qu'elle s'est fabriquée sur mesure.

mercredi 19 mars 2008

M'as-tu lu?


"Je mangerais bien quelqu'un que j'aime énormément, mais je refuserais net d'ingurgiter le moindre morceau d'une personne que je hais."

de Romain Gary dans A bout de souffle

samedi 15 mars 2008

M'as-tu vu?



La tête de cerf empaillé



C’est la grande mode des cerfs et des biches de tout poil, de préférence empaillés. A quelques semaines d’intervalles, pas moins de quatre groupes pop-rock-folk ont choisi ces charmants animaux, morts ou vifs, comme pochette de disque : Interpol, Girls in Hawaï, Help, she can’t swim, Jack Lewis. Est-ce par un manque d’inspiration des graphistes ? Est-ce le lobbying des taxidermistes qui fait son effet ? Est-ce que le style chasseur-kitch serait la nouvelle tendance branchée ? Est-ce le comique de répétition qui frappe les musicos ? Les Moriarty ont même fait d'une tête de biche empaillée leur mascotte qu'ils exhibent sur scène... Si quelqu’un à la réponse à cette question existentielle, prière de laisser un message.

mercredi 12 mars 2008

Vu et approuvé/ Dany Boon


Bienvenue chez les ch'tis
, Dany Boon




Gros carton de ce début d'année et du cinéma français, Bienvenue chez les Ch'tis a rassemblé près de 4,5 millions de spectateurs dans les salles lors de sa première semaine d'exploitation. Un record! Pourquoi cet engouement pour un film sur le Nord, mot qui provoque généralement grimaces et critiques? "Il pleut tout le temps là-bas, non?" "Il y a beaucoup de chômeurs là-bas, non?" "Les maisons sont en briques là-bas, non?"
Il y a un peu de vrai dans tout ça mais il y a surtout de la bonne humeur et de la franche camaraderie, ce qui est un tour de force vu les handicaps de la région. Dany Boon va jusqu'à dans l'excès des clichés des gens du sud à l'égard du nord qui les prendraient pour rien de moins que des sauvages. Il caricature plus que de raison ces "compatriotes" qui aiment certes manger la Maroilles dans une tarte salée mais moins la tremper dans de la chicorée! Mais l'essentiel du ressort comique repose sur ce langage si particulier qui fait naître bien des incompréhensions.
Pour les Nordistes et Picards qui ont voyagé hors de leurs "frontières", cela rappellera des situations cocasses. Vous savez, quand votre interlocuteur fronce les sourcils parce que des mots comme "s'empierger", "wassingue", "boulette" ou "tiot" vous ont échappé sans crier gare. "Vindiou! Pourquoi ils sont pas resté dans m'bouc!"
Il ne faut pas s'attendre à un gag toutes les deux minutes comme le laisse entendre la bande annonce mais on passe franchement un bon moment devant cette comédie légère.

L'info en plus : Oui, la patate est bien considérée comme un légume dans le nord!