dimanche 27 juillet 2008

Vu et desapprouvé/ Lake Tahoe

Lake tahoe,

Fernando Eimbcke


Si vous allez au cinéma pour vous divertir, passez votre chemin! Lake tahoe n'est pas fait de cette trempe-là, il est fait de plans qui traîne en longueur, véritable torture pour les corps fatigués qui ne résisteront pas à l'appel d'Orphée. Comme je m'ennuyais ferme mais que j'étais bien réveillée, j'ai employé mon temps à compter la longueur d'un plan fixe : filmer le héros assis au volant de sa voiture prendra ainsi pas moins de une minute au réalisateur. Toutes les non-actions des personnages comme fumer une cigarette ou attendre une personne atteignent la même moyenne. Et encore, ce sont les scènes où il "se passe quelque chose" car il ne faut pas oublier les plans des paysages : routes, rues et garages automobiles. Ces belles images seraient mieux passées dans un reportage photographique, média de l'immobilité.
Et puis il y a ces incessants et irritants trous noirs, des fondus, qui durent quelques secondes à quasiment une minute, laissant place à des bruitages. On en oublierait presque notre sujet : un adolescent a embouti sa voiture dans un poteau et part à la recherche d'un garagiste, ce qui lui évite de penser à son père qui vient de déceder et de rester auprès de sa mère desespérée. Avec cette mort, le temps est comme arrêté ce que rend parfaitement bien ce film mais au final, c'est le spectateur qui risque de mourir d'ennui.


mardi 22 juillet 2008

Lu et approuvé/ La force de l'âge

La force de l’âge

Simone de Beauvoir


Deuxième tome de l’autobiographie de Simone de Beauvoir, La force de l’âge nous montre une jeune fille qui devient une femme adulte dans une période difficile, celle qui voit la montée du fascisme en Europe et la Seconde guerre mondiale. Alors que chacun pouvait se reconnaître dans les Mémoires d’une jeune fille rangée en tant qu’adolescente se rebellant contre ses parents et son milieu, il sera plus difficile de se confondre avec l’écrivaine et la philosophe, même si celle-ci est tenaillée par les doutes. Pacifiste, elle est comme beaucoup aveuglée par cet idéal et refuse de voir la réalité en face. Quand la guerre éclate, elle nous livre son journal intime qui raconte l’exode, les privations et …ses vacances au ski. Cette partie du roman est de loin la plus intéressante car quand elle raconte les errements de l’écrivain ou ses questionnements philosophiques, il faut déjà de solides bases pour comprendre la subtilité de telle ou telle pensée. Quand elle s’égare dans le détail de ses vacances en Europe ou de ses randonnées dans la campagne française, on ne comprend pas bien l’intérêt de la chose. Le parisianisme exacerbée de Simone de Beauvoir agace, elle qui ne supporte pas la Province. Elle est finalement révélatrice des petites bourgeoises d’hier et d’aujourd’hui. Reste le témoignage d’une époque agitée et charnière pour Simone de Beauvoir.

Lu et desapprouvé/ Fuckwoman

Fuckwoman,

Warwick Collins

C’est une immense farce qui se déroule à Los Angeles : une femme qui se prend pour une super héroïne et qui se fait appeler Fuckwoman abuse et humilie sexuellement des violeurs sur qui la police n’a jamais pu mettre la main. Dans une ville où règne le pouvoir de l’image, c’est logiquement au travers des médias et plus encore de la télévision que l’on suit les soubresauts de cette affaire qui passionne les foules. Le suspens ne dure pas longtemps sur l’identité de cette justicière qui est en fait journaliste dans un grand quotidien mais l’intérêt réside surtout dans les dialogues où se confrontent autant les personnalités que les idées.
Personnellement, l’auteur ne m’a fait ni aimer l’héroïne ni ses contradicteurs. Les personnages sont caricaturaux, voire sectaires : une féministe extrémiste qui castre du mâle autant physiquement que verbalement, un psychiatre autoritaire qui expérimente des produits chimiques sur sa patiente, un rédacteur en chef conservateur et chasseur qui aime scandaliser ses collaborateurs, un maire conservateur prêt à tout pour se faire réélire…
D’abord happé par une intrigue farfelue, la déception gagne à la lecture de ce scénario hautement improbable : on imagine mal en effet une femme mettre une branlée à 16 gros bras grâce aux longueurs qu’elle fait à la piscine et des cours d’auto-défense qu’elle prend une fois par semaine…Warwick Collins cherche-t-il à être adapté à la télévision avec ce roman ? Parce qu’il ressemble comme deux gouttes d’eau à un mauvais téléfilm américain qui reprend tous les codes hollywoodiens, allant même jusqu’à se conformer à un happy-end douteux. On peut se demander si ce livre n’est pas une imposture comme la ville elle-même à la lueur des propos d’Helen A. Brinkman, citée en préambule : « C’est l’imposture de la ville qui est authentique. » Dans ce cas, c’est une réussite, car ce roman n'est qu'une suite d'improbabilités.

Vu et approuvé/ Bon baisers de Bruges

Bon baisers de Bruges

Martin Mc Donagh


Au début, ça ressemble à une carte postale de Bruges ! Ah Bruges et sa belle cathédrale, ses canaux et ses ruelles médiévales ! Deux gangsters sont envoyés dans la Venise du Nord par leur patron après une bavure à Londres. Ils n’apprécient pas le séjour de la même manière : l’un en profite pour visiter, l’autre s’ennuie dans « ce trou à rat. » Jusqu’à ce qu’il rencontre sur un tournage un comédien nain et une jolie dealer qui vont pimenter ses journées. Jusqu’à ce que son collègue doive le supprimer sur ordre du patron. A partir de ce coup de fil, le film (enfin!) s’emballe et l’intrigue se resserre dans ce film noir à l’humour tout british. Le scénario déjoue tous nos pronostics et le sort joue sur l’ironie. Le final, fantasmagorique, donne une impression d’irréalité mais les balles sifflent pourtant à nos oreilles.

L’info en plus : En 2006, Martin McDonagh a gagné un oscar
pour son court-métrage Six Shooter.

samedi 12 juillet 2008

Vu et approuvé / Vampire week-end

Vampire week-end

Les vampires du Week-end n'ont peut-être pas eu beaucoup d'inspiration au moment de choisir leur nom mais ils en ont beaucoup plus pour créer des chansons imparables. Ils ne vous suceront peut-être pas le sang mais vous pomperont sans doute toute votre energie avec leurs mélodies dansantes. En fait, ce nom est tiré d'un film amateur qu'a tourné Ezra Koenig, le chanteur et leader de ce groupe new-yorkais. Les membres se sont rencontrés à l'université de Colombia et n'ont pas attendu la fin de leurs chères études pour composer des chansons et partir en tournée. Ils étaient pour la deuxième fois en concert en France aux Solidays et ont declaré sans rire que "C'était leur meilleur concert ici." Comme pour flatter notre ego, ils nous informaient toujours sans rire que "Cape cod kwassa kwassa" avaient les deux derniers mots en français. Ils ont bien fait de nous prévenir car ce petit détail nous avait échappé...
Qu'importe les langues car la musique de Vampire Week-end dépasse les frontières, empruntant au beat africain et au tempo des îles avec une petite dose de punk. C'est un mélange de nonchalance et de frénésie dont A punk, leur petite bombe, est un bon exemple! Eux appellent ça le "Upper West Side Soweto". On pourrait croire à l'écoute de l'album qu'ils utilisent des instruments exotiques mais ils ont en fait les basiques d'un groupe de rock : guitare, basse, batterie et clavier. Il y a aussi la voie très personnelle du chanteur qui a un petit air de Tom Cruise dans Coktail ce qui doit bien remonter aux débuts des années 80. Mais son discours avait plus d'impact sur les foules non sientologiques de Solidays : "Le préservatif, c'est mieux que l'abstinence, nous dit-il. Et les Vampire week-end sont mieux que l'abstinence!" On est d'accord et on en redemande!
Solidays

Vu et approuvé/ Radiohead

Radiohead

Un concert de la trempe de Radiohead, considéré comme le groupe rock le plus important des années 90, est un événement à part. Déjà, ça se passe à Bercy pour pouvoir accueillir les milliers de fans qui se sont arraché les billets et cela fait forcèment forte impression de se retrouver dans cette immense salle de sport. Surtout quand on est plongé dans le noir et qu'on tente de se frayer un chemin jusqu'à la scène car la première partie a été avancée. Arrive donc Bat for lashes dont la chanteuse a enfilé sa tenue de Pocahontas pour l'occasion mais leur musique ne ressemble pas à un feu de joie mais plutôt à une douche glacée, venue d'Islande en voulant copier Bjork et Sigur ros en piochant quelques influences chez Radiohaed itself! Ca serait parfait en musique d'ambiance mais beaucoup moins pour chauffer la salle. Comme je disais plus haut qu'un concert de Radiohead est à part, il ne faut pas attendre longtemps avant que l'atmosphère s'emballe et quelques olas partent dans les tribunes. On voit le décor changer : des énormes tubes ressemblant à des néons descendent du ciel (du plafond pour les terre à terre) et les rideaux sur les côtés sont enlevés (ce qui est bien pratique pour ceux assis sur les tribunes aux extrémités). On a ainsi une vue plongeante sur la scène et malgré tout assez bien positionné pour voir l'ensemble! Le concert commence avec 15 steps, la première chanson de leur dernier album In Rainbows que le quintet jouera en entier. On dit tellement que Tom Yorke est un mec complexé et introverti que je m'attendais à le voir se cacher derrière son piano. Pas du tout! Il se lance dans des danses genre tectonic raté et sautille tel un lutin dans son petit slim rouge moulant. Il fait preuve d'autodérision en jouant avec le public et son oeil malade à travers la caméra qui le filme en gros plan et retransmet les images sur l'écran géant : frayeur et rire garantis! Musicalement, c'est le pied : le son est parfait, les musiciens sont parfaits, Tom Yorke alterne le chaud et le froid avec sa voix, les néons s'accordent bien avec l'ambiance! Le set est lui aussi parfait ou presque car on trouvera toujours des grincheux pour dire qu'il manquait telle ou telle chanson (comme moi pour Exit music for a film par exemple) mais il est vrai que c'est difficile de choisir parmi tant de bons albums et mélodies. On aura eu droit au magnifique Fake platic trees des premières années et surtout le deuxième rappel (oui, j'ai bien dit deux rappels!) qui s'achève sur trois diamants : Who & those army, Karma police et Idiotheque. Personnellement, j'attendais cette dernière pour me déhancher et me désosser donc c'est plus-que-parfait. Après plus de deux heures de concerts et 25 chansons, on peut tranquillement regagner son chez soi, en saluant Colin Greenwood en train de fumer sur les marches du POBB. Et dire humblement merci!
Bercy