lundi 28 décembre 2009

Vu et approuvé/Drôle de Noël de Scrooge

Le drôle de Noël de Scrooge,
Robert Zemeckis


Ce film d’animation a beau reprendre un conte de Noël de Charles Dickens, il n’est pas à mettre devant n’importe quelle paire d’yeux, et surtout pas ceux des enfants en bas âge ! Car il pourrait bien les traumatiser, à commencer par le vieux Scrooge qui porte la vilenie sur son visage. Il est d’un effrayant réalisme, grâce à la motion capture, technique qui consiste à capter les mouvements d’un acteur et de les renvoyer vers un univers virtuel. C’est Jim Carey, l’as de la grimace, qui a prêté sa gestuelle à une dizaine de personnages du film. L’histoire est connue : Scrooge est riche comme Crésus et avare comme pas deux. Autant dire qu’il déteste la période de Noël, période où les miséreux font appel à sa bonté et à sa générosité, deux qualité dont il est dépourvu. La veille de Noël, des fantômes viennent le hanter et lui font (re)découvrir son passé, son présent et son avenir, pour lui donner une leçon de vie. Grâce à la 3D –enfin un film qui justifie qu’on paye 3 euros de plus pour des effets spéciaux- on survole à cent à l’heure la ville, on passe entre les flocons de neige, bref on est vraiment dedans. Les images sont superbes, l’intrigue est intéressante, de quoi passer un bon moment de cinéma.

lundi 21 décembre 2009

Lu et approuvé/le jeu au casino

Casino,
les accros du jeu


Mémoires d’un tricheur,
Sacha Guitry


« Un plat de champignon le rendit orphelin » : voici le postulat de départ de ce petit livre jouissif ! Le narrateur a volé des sous dans la caisse de ses parents et se trouve puni de dîner, un dîner qu’il a bien fait de rater puisque les champignons étaient empoisonnés. Parce qu’il a volé, il a la vie sauve ! De quoi en tirer une philosophie de vie légèrement retorse…Le destin fait le reste : le narrateur devient groom dans un grand hôtel, puis croupier dans un casino de Monaco, des sphères professionnelles à éviter quand on a une moralité limitée. Il fréquente et observe le grand monde, rêve d’être l’un des leurs et met ses longues heures d’études et d’apprentissage à profit. Il devient un tricheur invétéré. Le style est vif et limpide, rempli de maximes à la Guitry : « Etre riche, ce n’est pas avoir de l’argent – c’est en dépenser ! ». On n’en attendait pas moins !

24 heures de la vie d’une femme,
Stefan Zweig


Scandale dans une pension de la riviera : une femme mariée est partie sans laisser de trace avec un inconnu. Les pensionnaires n’ont pas de mots assez durs pour qualifier le comportement dépravé de cette femme, à l’exception du narrateur qui tente de comprendre quelle mouche l’a piquée. Mais cette histoire n’est qu’un prétexte pour Zweig pour évoquer une histoire plus passionnante encore : celle d’une vieille aristocrate anglaise qui vient se confier au narrateur et faire remonter de vieux souvenirs. Elle fréquentait alors les casinos. Elle y observait les mains des joueurs, révélatrices d’un caractère, d’une âme tout entière. Jusqu’au jour où elle tombe sur les mains qui l’ensorcellent, qui lui font souffrir mille tourments, qui la précipitent au bord du gouffre. Zweig nous offre une description corporelle et psychologique de haut vol et a l’art de dévoiler son récit au compte-goutte, ménageant son suspens et ses effets. Ne pas attendre 24h de plus pour dévorer ce livre !

jeudi 10 décembre 2009

Lu et mititgé/Celle qui plantait les arbres

Celle qui plantait les arbres,
Wangari Muta Maathai



Comment une fille de paysan kenyan peut-elle recevoir un prix Nobel de la paix ? En plantant des arbres…Et non, ce n’est pas une blague, c’est même la vie et le combat de Wangari Muta Maathai. Fille de paysan donc, de la tribu kikuyu, Wangari assure les corvées ménagères et agricoles avec sa mère, jusqu’à ce qu’une opportunité s’ouvre à elle : l’école. Une vraie porte ouverte sur le monde qui la conduira jusqu’à une université américaine, grâce aux bourses offertes par J.F Kennedy.
De retour au pays, Wangari rate un poste de biologiste parce qu’elle est une femme ; elle sera sans cesse freinée dans sa carrière pour des raisons sexistes, mais parviendra tout de même à faire des recherches dans le domaine vétérinaire et devenir doyenne de la faculté de Nairobi. Sa réussite dans un monde d’homme fait grincer des dents au sommet de l’université et donc de l’état ! Son mari même demandera le divorce invoquant une trop forte tête et le juge lui donnera raison…
Mais Wangari n’est pas femme à baisser les bras : en 1977, elle crée le mouvement de la ceinture verte, pour replanter des arbres partout au Kenya, sauvegardant ainsi un écosystème fragile et assurant la survie des paysans. Ses convictions écologiques, féministes et politiques lui vaudront plusieurs arrestations et agressions arbitraires. Elle s’est notamment opposée au projet d’une tour dans le parc Uhuru et à des projets immobiliers dans la forêt. Dans les années 90, Wangari s’est lancée dans la politique et s’est présentée aux élections, sans succès. Elle a ensuite fondé le parti vert Mazingira et est entrée en 2002 au gouvernement. Elle a reçu le prix Nobel de la Paix en 2004.
Evidemment, le témoignage de Wangari est passionnant. Il nous éclaire sur un pays, de la colonisation à la démocratie, en passant par l’indépendance et des années de corruption. Il nous donne le regard d’une personne du pays, forcément différent de celui que peut porter les occidentaux, anciens colonisateurs ou ONG sur place, qui ont généralement davantage voix au chapitre dans les pays occidentales. Il nous donne surtout une leçon de courage, indifféremment de là où l’on habite et où l’on vit. Mais cela reste l’ouvrage d’une scientifique et il manque un peu de passion, de souffle, d’envolées littéraires. Ce n’est guère pour son style qu’on appréciera cette autobiographie.

Vu et approuvé/Paranormal activity

Paranormal activity,
Oren Peli


C’est fou de voir à quel point une porte qui claque toute seule peut nous faire bondir de nos sièges de cinéma. Avec un minimum de moyens et des ficelles vieilles comme le monde, Oren Peli produit un maximum d’effet dans Paranormal Activity. Ce huis clos se déroule dans une maison tout ce qu’il y a de plus banal, avec un couple tout ce qu’il y a de plus banal, mais frappé par des d’étranges phénomènes, qui surviennent la plupart du temps pendant leur sommeil. Le couple achète une caméra pour filmer ces incidents et le spectateur se trouve dans une position de voyeuriste, convié à une sorte de cinéma-réalité, qui lui permet de se projeter dans la vie pas si ordinaire de ce couple. Le côté amateur avec la caméra à l’épaule et le jeu des acteurs, loin des paillettes d’Hollywood, renforcent ce sentiment d’empathie. Le scénario s’appuie sur des peurs qui nous ont tous titillé un jour : des canalisations qui claquent, des marches qui craquent, des bruits sourds alors qu’on est bien tranquille au fond de son lit…De fait, dès que la nuit tombe et que le compteur de la caméra tourne, on sait qu’on va assister à des scènes effrayantes et on se prépare donc à avoir peur…Résultat : une mise sous tension tout le long du film, et des phénomènes paranormaux qui vont crescendo, jusqu’à la scène finale qui pourrait bien arracher quelques cris.

lundi 23 novembre 2009

Vu et approuvé/Away we go

Away we go,
Sam Mendes


Je revois les superlatifs sur l'affiche du film, du genre "époustouflant" et je me dis qu'il a été légèrement survendu. Ce qui n'enlève rien à ses qualités : drôle, émouvant, mais tout de même trop anecdotique pour en faire un chef d'oeuvre.
Burt et Verona attende leur premier enfant et se pose une question existencielle : où fonder notre famille? Ils vont donc de ville en ville, retrouver d'anciennes connaissances, en espérant trouver un lieu où ils pourront s'épanouir et être épaulés. Mais la route est cahotique, peuplée de personnages plus loufoques les uns que les autres. Les acteurs, peu vus jusqu'à maintenant, forment un couple "authentique". Une bonne comédie, sans prétention j'espère, sinon c'est complètement raté.

mercredi 14 octobre 2009

Vu et approuvé/Hôtel Woodstock

Hôtel Woodstock,
Ang Lee



Ang Lee décide de prendre l’histoire par le petit bout de la lorgnette, c’est-à-dire par la personne qui va tout faire pour accueillir dans sa ville le célèbre festival de Woodstock en 1969. Elliot est appelé en renfort par ses parents qui gèrent un petit motel miteux dans une ville sans intérêt, et qui le gèrent plutôt mal puisqu’ils sont endettés jusqu’au cou. Quand la ville voisine refuse d’accueillir un festival organisé par des hippies, Elliot propose de louer des terrains sur sa commune, pour recouvrer les dettes de ses parents… Chacun va alors vouloir profiter de cette manne financière, où les organisateurs distribuent les billets aussi facilement que les baisers. A commencer par la mère d’Elliot, grippe-sous sans cœur, qui exploite cette opportunité au maximum. On retrouve tous les codes de cette époque peace & love : substances hallucinogènes, sexualité désinhibée, sans oublier la musique de la fin des années 60. Mais du concert, on ne verra presque rien, si ce n’est les glissages dans la boue, la cohue sur les routes, la surchauffe du système électrique. Bref, tous les à côtés, ce qui est un parti pris intéressant. Mais le film s’étiole dans la dernière demi-heure, alors qu’il avait jusqu’alors rempli ses promesses de comédie de mœurs.

mercredi 23 septembre 2009

Lu et approuvé/L'herbe de fer

L'herbe de fer,
William Kennedy

Francis vient de trouver un job à la journée dans le cimetière municipal. Il passe devant la tombe de son enfant qui a glissé de la table à langer sous ses yeux. Il voit aussi la sépulture du briseur de grève à qui il a lancé une pierre et qui est mort sur le coup. Il s’entretient ainsi avec tous les fantômes de son passé, et ils sont nombreux puisque Francis est un hobo, un vagabond, qui dort la nuit dans le froid, ne mange pas à sa faim, et qui doit rendre coup pour coup pour survivre. Il est flanqué d’un compagnon de route pas très fûté et d’une femme à l’article de la mort qu’il ne peut protéger…Si ce roman conte avec un réalisme saisissant les dures conditions de la vie de hobo, il étonne surtout par l’introspection à laquelle se livre le héros.On entre dans sa peau, dans son âme, détruite par des années d’errance et d’alcoolisme.

Vu et approuvé/Noah and the Whale

Noah and the Whale, Café de la Danse

Ces quatre britanniques venus de Londres ont la ritournelle facile. Il n'y a qu'à écouter 5 years time, mélodie enlevée et sucrée, qui est sans conteste le tube de leur premier album Peaceful, the world lays me down. Mais ils ont aussi la larme facile, versant régulièrement dans la mélancolie, grâce à la voix grave du chanteur Charlie Fink. En concert, on passe donc du chaud au froid! Avec même quelques poussées celtiques, avec le recours au violon. Je regrette simplement que la structure des morceaux soit souvent la même : une intro douce et calme portée par la voix de Charlie Fink, avant que la batterie et basse viennent booster le tempo. C'est dommage, parce qu'ils gagneraient à mettre plus de rythme et de densité dans leur musique.

L'info en plus :
Leur 2nd album
The First days of spring vient de sortir

vendredi 4 septembre 2009

Coup de projecteur sur/les hobos

Hobo,
la vie à fond de train

Ces vagabonds itinérants prenaient clandestinement des trains de marchandises et débarquaient dans les villes pour trouver du travail, aux Etats-Unis, dans les années 30. Ils ont nourri l’imaginaire américain, dans la littérature, la musique, le cinéma…Petit tour d’horizons culturel de ce phénomène.

Contexte

La Grande Dépression
La crise économique de 1929 a été déclenchée aux Etats-Unis par le krach bousier de Wall Street, plongeant le reste du monde dans la récession et provoquant en partie
la montée du fascisme en Europe dans les années 30. Aux Etats-Unis, des milliers d’actionnaires sont endettés, les banques font faillites, les industries licencient. Le chômage augmente, la croissance et la consommation baissent. Que reste-t-il de ces années noires ? Le hobo qui est devenu un personnage mythique, voire romantique, dans la culture américaine.

Hobo, qui sont-ils?
Le hobo est un pur produit de la Grande Dépression aux Etats-Unis. Dans les années
30, les hobos sont ces vagabonds, qui sautent de wagon en wagon, errent de ville en ville, l’œil hagard et le visage livide, à la recherche de travail et d’une vie meilleure. Le train est presque le personnage central de cette époque : c’est là où se font les rencontres, se lient des amitiés, se dévoilent les bons plans ou se donnent les coups couteaux. La misère sociale est la toile de fond de cette époque qui a jeté à la rue des milliers d’américains : la faim et les soupes populaires, le froid et les nuits à la belle étoile, la violence et les nuits en tôle, l’alcoolisme et les bars peu fréquentables…

Homeless Bohemian, des romantiques?
Suffirait-il de rajouter le qualificatif bohème au sans domicile fixe pour en faire un être romantique ? Il paraît que oui, parce que c’est un être libéré de toutes contraintes sociales, qui nourrit les valeurs contestataires. Mais sa liberté a souvent un prix : celui de dormir sous les ponts, de patauger dans la gadoue, de courir après les trains, de passer une nuit en prison, de ne connaître jamais de répit. On dit du romantisme que c’est le triomphe du sentiment contre la raison. Mais, quand il n’y a plus de raison de vivre, il ne reste que le sentiment de survie, parfois bestial et cruel.

Littérature

Carnet d’un hobo, Willian Henry Davies
Entré clandestinement aux Etats-Unis à 22 ans, W.H Davis essaye de trouver des petits boulots, sinon mendie et vole, boit comme un trou. Après une vie de vagabondage à l’américaine, il teste la vie de clochard à l’anglaise…




La Route, Jack London

Jack London connaît bien les hobos pour avoir été l’un des leurs : à 18 ans, il démissionne de la centrale d’électrique d’Oakland après le suicide d’un ouvrier licencié. Il se retrouve alors sur la route et rejoint un groupement de chômeurs qui revendique… la construction de routes. Il est même arrêté en 1894 pour vagabondage et incarcéré pendant un mois. Son recueil de nouvelles La Route, retrace le périple de Jack-le-matelot à travers les Etats-Unis et jusqu’au Canada, périple marqué par les injustices sociales et raciales.

Sur la route, Jack Kerouac
Voici un mythe. A la fois libertaire et contestataire, ce roman largement autobiographique évoque la rencontre entre deux auto-stoppeurs, Dean Moriarty et Sal Paradise. Ils boivent, se droguent, baisent de villes en villes, des punks avant l’heure qui encensent l’amitié, rejettent la conformité. Soit la liberté à fond la caisse…euh, à fond de train ! Un livre qui a influencé les beatniks et les hippies.


Un fils de l’Amérique, Nelson Algren

Livre sans fin, non pas pour dire qu’il est long et ennuyeux, mais que l’auteur ne l’a jamais terminé, Un fils de l’Amérique raconte la vie de Cass MaKay, un cas social. Livré à lui-même depuis son enfance, miséreux et analphabète, Cass quitte le Texas et vagabonde à travers les Etats-Unis, échoue pour quelque temps à Chicago où il se stabilise un peu. Mais un vrai hobo a toujours la bougeotte…


L’herbe de fer, William kennedy
Francis est parti de chez lui, parce que son bébé est tombé de la table à langer alors qu'il s'en occupait. Ce n'est pas la seule personne à qui il a causé directement ou indirectement la mort...Francis revoit tous les fantômes de son passé, à chaque coin de rue, à chaque instant, rendant encore plus difficile son errance.


Les raisins de la colère, John Steinbeck
Les Joad, famille de paysans, sont ruinés après les tempêtes de poussière, sont remplacés dans les champs par les tracteurs, sont exploités par les grands propriétaires. Ils quittent alors leurs terres d’Oklahoma pour trouver un travail en Californie, mais ils vont de désillusions en désillusions sur la route de cet el dorado.



BD

Les rois vagabonds, James Vance et Dan Burr
Freddie Bloch s’enfuit sur les routes à l’âge de 12 ans pour retrouver son père : il découvre un monde cruel et va devoir grandir très vite, s’il veut survivre.





Musique

Hobo's lullaby, Woodie Guthrie
Ce chanteur et guitariste de folk américain a marqué la culture contemporaine avec ses chansons engagées. Il fait partie de ces Okies, chassés par la misère de l’Oklahoma, qui migre vers la Californie comme dans les Raisins de la colère. Il écrira d’ailleurs une ballade sur Tom Joad, le héros du roman de Steinbeck. Il rédigera aussi une autobiographie Bound for Glory, qui sera portée au cinéma en 1976 par Hal Ashby. Très engagé politiquement, il se syndique, montre sa sympathie pour les communistes et s’insurge contre les conditions de vie des migrants et des travailleurs. Enthousiasmé par le New Deal de Franklin D.Roosevelt pour relancer la machine économique américaine, il louera en chanson ces grands travaux devant les ouvriers sur des chantiers. Il a influencé Pete Seeger, Joan Baez, the Byrds, ou encore Bob Dylan.

Cisco Houston

Ce chanteur folk a mené la vie de hobo. A cause de la grande dépression, il est obligé de travaillé pour aider sa famille et part sur les routes avec son frère et toujours une guitare à la main. Durant ses voyages, il élargit son répertoire et joue dans la rue, dans des clubs, parfois à la radio. Il se lie ensuite d’amitié avec Woodie Guthrie avec qui il fait une tournée dans les camps de travailleurs immigrés. Il rejoint ensuite les Almanac Singers, groupe de folk à gauche où chantent Pete Seeger, Lee Hays, Millard Lampell…


I'm a lonesome hobo, Bob dylan
A peine sorti de l’adolescence, Bob Dylan découvre le livre Bound for Glory de Woody Guthrie et part à New-York pour rencontrer son idole. Dylan fait la connaissance des Gleason, dont l’appartement voit passer régulièrement des grands noms de la scène folk : Cisco Houston, Jack Elliot, Pete Seeger et Woody Guthrie. Il se fait remarquer dans les clubs de Greenwich village et enregistre son premier album en 1961. Il devient dans les années 60 un symbole de la contre-culture, avec ses protest songs.

Seasick Steve

Un bluesman pour changer. Seasick Steve a vécu à la dure sur les routes du Tennessee, Mississippi, vivant de petits boulots de fermiers ou de cowboy. Il a commencé sa carrière musicale dans les années 60 aux côtés de Janis Joplin et Joni Mitchell, puis a travaillé comme producteur. Il a enregistré son premier album en 2006 et sa popularité a vraiment décollé après un show à la BBC.





Like a hobo, Charlie Winston

Hobo, lui? Avec sa chemise blanche bien repassée et son chapeau très stylée à la Pete Doherty? Non, c'est juste une blague...

mardi 1 septembre 2009

Lu et mitigé/Tritska

Tritska, Nik Cohn

Comment un critique rock se transforme en impresario dans le hip hop? C’est l’étrange aventure que Nik Cohn a vécu, déménageant de New-York à la Nouvelle-Orléans. Le vieux blanc a dû mal à trouver sa place dans ce milieu de jeunes blacks, comme une tache d’eau dans de l’huile. Il est confronté à un univers parfois violent et pauvre, d’où sort une rage intérieure qu’il espère bien coucher sur le papier et mettre en musique. Hélas, ses petits protégés sont souvent rattrapés par un quotidien misérable et ne sont pas très assidus au studio de musique.
Il vaut peut-être mieux aimer le hip hop pour lire ce livre, mais il y a aussi des commentaires au vitriol sur le monde de la musique en général : « La musique qui me touche ne se préoccupe pas de métaphysique de pacotille; elle est dure et coriace, et elle est l'écho des lieux d'où elle vient, du bruit des rues. Le moment où quelque chose de nouveau surgit d'en bas en bouillonnant, plein de sexe et de fureur, juste avant que l'industrie de la musique l'enchaîne et en fasse une marchandise - de ça, je ne me suis jamais lassé. » On pénètre surtout dans les bas-fonds d’une ville, comme dans ses quartiers huppés : la Nouvelle-Orléans est une héroïne en soi, décadente bien avant le passage de l’ouragan Katrina. On peut regretter que les passages soient très inégaux en qualité et que le livre traîne en longueur.

lundi 31 août 2009

Lu et approuvé/Beignets de tomates vertes


Beignets de tomates vertes,
Fannie Flagg


Fannie Flagg nous invite à rentrer dans un univers - celui du Whistle Stop café dans l’Alabama au siècle dernier - qu’on a dû mal à quitter. Tout comme Evelyn Couch, mère au foyer mal dans sa peau avec ses kilos en trop et sa vie étriquée, a dû mal à se séparer de Ninny Threadgoode, pensionnaire pimpante d’une maison de retraite qui lui raconte toutes les péripéties de sa famille adoptive. Les Threadgoode ont été l’âme de Whistle Stop, avec Idgie, le garçon manqué qui a a ouvert le seul café du village, qui accueillait à la fois les hobos (vagabonds) lors de la crise de 1929 et les noirs dans l’arrière cours ; une audace qui lui a valut d’être menacée par le Ku Klux Klan. Avec Ruth, pièce rapportée, belle à en mourir, du point de vue d’Idgie en tout cas, qui en a fait sa compagne et son associée. Avec Stump, le fils de Ruth, qui accomplit exploit sur exploit malgré un bras en moins. Et puis dans ce sud raciste, il y a les domestiques, les noirs, qui habitent en face, à Troutville. Comme pour gommer des décennies d’injustice, Fannie Flag les présentent sous un jour plus que flatteur : fidèles, courageux, travailleurs…Presque parfaits ! Dans cette petite vie gravitent aussi le policier à la recherche du robin des bois des trains, la postière qui tient la chronique du village plus prompte à parler de sa moitié que des nouvelles du jour…toute une série de personnages bien souvent attachants, et rarement épargnés par les malheurs. Le petit miracle de ce livre est de ne pas tomber dans une nostalgie qui sent la naphtaline, mais au contraire de nous faire vivre cette époque comme si on y était. On rit, on pleure, on s’émeut, on s’indigne, on sent l’odeur du barbecue d’un Big Georges et ressent l’amour maternelle d’une Sispey.

L'info en plus : Le livre a été adpaté au cinéma en 1992 par Jon Avnet, avec Kathy Bates, Mary Stuart Masterson, Mary-Louise Parker et Jessica Tandy.

jeudi 13 août 2009

Lu et approuvé/Une odeur de gingembre

Une odeur de gingembre,
Oswald Wynd

Ce roman est remarquable à tous égards.
1. Pour l’histoire d’une vie, celle de Mary MacKenzie qui commence sous les meilleurs auspices, puisqu’elle part de son Ecosse natale pour rejoindre son époux anglais en Chine. Elle découvre une culture très différente et consume un mariage sans saveur. Presque par hasard, elle tombe sous le charme d’un militaire japonais et tombe enceinte. Elle devra alors fuir au Japon et se débrouiller seule dans un pays inconnu.

2. Pour la grande histoire, celle qui tient de toile de fond au roman, traitant à la fois de l’impérialisme britannique en Chine, du nationalisme exacerbé des Japonais, du capitalisme américain, des guerres qui secouent le monde. Tout cela se passe dans la première moitié du XXe siècle et le monde connaît de grands bouleversements, aussi bien sur un plan historique que technique.

3. Pour la psychologie du personnage. Mary part en Orient avec des yeux d’enfants et découvre déjà à bord du bateau qui l’emmène en Chine que la vie n’est pas telle que sa mère lui a décrit. A la faveur des rencontres, Mary affirme son caractère, pense par elle-même et s’écarte du mode de vie qui lui est imposé. A son arrivée au Japon, Mary croise une féministe, s’émancipe par le travail. En avance sur son temps.

4. Pour la forme épistolaire qui nous fait entrer dans l’intimité de l‘héroïne. Mary écrit de longues lettres à sa mère sur le bateau, puis tient un journal intime quand elle n’a plus personne à qui parler. Les lettres ne sont pas forcément régulières mais nous font partager toute sa vie, du plus infime détail comme la décoration de sa maison à l’événement le plus tragique, comme le kidnapping de son enfant.

5. Pour la peinture de mœurs. On y voit une Chine aux deux visages au début du XXe siècle, avec des pousse-pousse rachitiques à tout les coins de rue, et des expatriés qui mènent chichement une vie de réception. On découvre ensuite un Japon menacé par les catastrophes naturelles, replié sur lui-même et extrêmement codifié, presque incompréhensible pour un occidental.

jeudi 16 juillet 2009

Lu et approuvé/Alice aux pays des merveilles


Alice au pays des merveilles
De l'autre côté du miroir,
Lewis Carroll


Passée le stade de l’enfance où tout nous semble possible, la lecture d’Alice aux pays des merveilles et De l'autre côté du miroir nous donne à croire que Lewis Carroll était sous l’influence de psychotropes tant ces histoires n’ont ni queue ni tête. En réalité, il a débité son récit du fil de l’eau, au cours de promenades en barque avec les sœurs Liddell où se trouvait une certaine Alice…La fillette le supplia alors d’écrire un livre sur les aventures qui lui contait ; et c’est ainsi qu’est né le chef d’œuvre de Lewis Carroll. Dans Alice au pays des merveilles, la filette s’ennuie profondément quand elle voit passer un lapin blanc pressé, qui s’inquiète d’être « en retard, en retard, en retard… » Elle le suit dans son terrier et tombe dans un trou sans fond…Son point de chute ? Un monde merveilleux où les animaux sont doués de paroles et ont des comportements très étranges. Alice, petite fille curieuse et pleine de bon sens, bien éduquée et fière de ses connaissances, est démunie face à un monde absurde, régie par des règles aléatoires. Quand elle tente de réciter une poésie, les mots sortent de sa bouche tout différemment, l’occasion pour Caroll de parodier des poèmes et contines très connus à son époque. Quand elle boit ou mange, elle rétrécit ou grandit, à tel point qu’elle ne finit pas plus savoir qui elle est. En pleine crise d’identité, Alice reste néanmoins polie avec les personnages qu’elles rencontrent, car elles n’aiment pas être prise à défaut. Mais son esprit de contradiction agace ses interlocuteurs qui n’hésitent pas à la remettre à sa place. De l'autre côté du miroir reprend les mêmes ingrédients, sauf qu’Alice est cette fois-ci invitée à une immense partie d’échec et chaque fois qu’elle change de case, elle entre dans un nouveau monde. L’espace et le temps y sont deux notions très différentes de ce que nous connaissons. Le langage et la mémoire aussi : Alice est confrontée à des linguistes qui la laisse pantoise, pendant que le lecteur s'ingénie à trouver la faille... Dans chaque cas, la fillette se réveille, encore tout émerveillée de ces rêves. Dans chaque cas, le lecteur en sort perturbé, se demandant pourquoi l’auteur l'a convié à une telle farce.

L'info en plus : Alice aux pays des merveilles va être adapté au cinéma par Tim Burton. Sortie prévue en 2010.

mercredi 15 juillet 2009

Lu et approuvé/Danseur


Danseur,
Colum McCann

Il est rare de rencontrer un auteur comme Colum MacCann qui, s’il se met à parler de la neige qui tombe en Russie, nous procure un frisson glaçant alors qu’on est assis bien au chaud dans notre lit. Par une écriture limpide et le verbe facile, il nous transporte là où il veut.
J’avais ressenti la même chose en lisant Le Chant du coyote, où l’auteur nous baladait des terres arides du Mexique aux contrées humides de l’Irlande pour raconter l’histoire d’un père et d’un fils qui s’étaient « déliés » au fil du temps. Danseur évoque lui aussi des liens familiaux douloureux, cassés net par un exil à l’Ouest d’un homme de l’Est qui veut faire une belle carrière. Et quelle carrière puisqu’il s’agit de Rudolf Noureïev !
Mais le livre n’est pas une biographie : la frontière entre réalité et friction est trop poreuse. Colum McCann invente des personnages comme les parents, la sœur, le premier professeur de danse, les amis, les serviteurs, les amant(e)s ... Mais il intègre aussi des personnages de la jet set internationale bien réels comme Andy Warhol ou Mick Jagger.

Il zigzague à l’Est et à l’Ouest, toujours entre deux mondes, l’un fait de privation, de rationnement et d’oppression, l’autre fait d’excès, de paillette et d’argent. Paradoxalement, les personnages secondaires sont presque plus intéréssants que le héros, ou plutôt l'anti-héros, tant il révèle des facettes peu reluisantes.
L’ascension sociale de Noureïev est vertigineuse : on le découvre enfant, pendant la Seconde Guerre mondiale, qui fait le tour des chambres d’un hôpital russe pour divertir les gueules cassées. On le retrouve à l’apogée de sa carrière, star caractérielle et démente, claquant la vie aussi vite que son fric. Un destin qui méritait bien une si grande plume.


lundi 13 juillet 2009

Vu et approuvé/Blur

Blur,
Hyde Park


Un concert de Blur à Hyde Park, à domicile presque, a forcément un parfum particulier…celui de la bière. Nos amis anglo-saxons, même s’ils ont de nombreuses qualités, ne sont pas réputés pour leur raffinement. Et cela se confirme très vite : après avoir vidé quantité de leur boisson favorite, sous le soleil exactement, ils participent à des coutumes pour le moins surprenantes : le lancer de bouteilles sur toutes les têtes qui dépassent de la foule, comprenez tous les malheureux qui montent sur les épaules de leurs amis. Il faut dire qu’il faut ménager la vue des 55 000 personnes présentes, même si les écrans géants sont dans cette occasion d’un agréable recours.
Entre deux gouttes de bière, à défaut de pluie, tâchons de s’intéresser au concert en lui-même. Les débuts sont pour le moins prometteurs avec She’s so high, suivi de Girls and Boys qui ont le grand mérite de sortir un Anglais fortement alcoolisé de sa torpeur…S’enchaînent les premières chansons du groupe : There’s no other way, Tracy Jacks, Jubilee, Badhead, repris en cœur par un public connaisseur. A partir de Beetlebum s’instaure une atmosphère plus feutrée : Out of time, seul chanson du dernier album chantée, et Coffee&TV, œuvre de Graham Coxon, inspire aussi à plus de retenue.
Mais voilà, il suffit d’un hymne, Tender, pour relancer la machine : les chœurs des fans suffisent au morceau d’ordinaire joué en gospel. Country house emballe le parterre. Et que dire de l’arrivée de Phil Daniels qui, aux dernières nouvelles, s’était juré de ne plus remonter sur scène pour chanter Parklife et qui déboule pour entonner les premières notes de cette chanson mythique. N’ayons pas peur des mots ! Car si Blur a réussi à prouver quelque chose avec ce retour après 10 ans d’absence, c’est qu’il a marqué la génération des années 90 avec sa brit-pop. Et qu’il est capable de faire pogoter une foule asphyxiée par la chaleur avec un tube comme Song 2, remixé par la suite par les plus grands DJ.
Damon Albarn et Graham Coxon, complices comme au premier jour, ont visiblement pris du plaisir, le premier en courant dans tous les sens, le second en se laissant tomber sur le dos pour gratter sa guitare. Alex James et Dave Rowntree étaient plus en retrait comme à leur habitude, mais néanmoins tout sourire. Mais le public a compensé leur relative inertie en s’époumonant pendant deux heures et sautillant jusqu’à perdre pied. C’était un jour de ferveur sans prêche, si ce n’est louer que "the modern life is rubbish"...

lundi 8 juin 2009

Vu et approuvé/Good morning England

Good Morning England,
Richard Curtis

Même si on a le mal de mer, on aimerait bien embarquer à bord du bateau où émet Radio Rock! Ce film retrace la vie de cette radio pirate dans les années 60 qui narguait les autorités britanniques depuis la mer du Nord, en diffusant de la musique pop et rock. La B.O. rassemble "la crème de la crème" musicale des années 60 : the Kinks, the Rolling Stones, the Cream, Leonard Cohen...
Pour la petite histoire, Carl, adolescent encore mal degrossi, est renvoyé du lycée et confié à son oncle, le patron de la station. Il découvre une vie décadente et détonante, faisant un apprentissage accéléré de ce qui ne s'apprend pas à l'école : l'alcool, la drogue, la baise , tryptique sacré du rock'n'roll. Il fait la connaissance de personnages atypiques, tous plus barrés les uns que les autres, potaches jusqu'à la moelle épinière, amoraux parfois, amicaux souvent. C'est une franche camaraderie qui règne à bord, essentiellement masculine, les femmes n'étant là que pour faire la cuisine ou se prêter à une partie de jambe en l'air.
Dans un humour parfaitement british, le réalisateur Richard Curtis déroule une comédie hilarante. Et tant pis pour le bon goût, pour les caricatures, pour les approximations. On rit de bon coeur, jusqu'à en avoir les larmes aux yeux. Peut-être parce que ce film est authentique : Richard Curtis écoutait lui-même les radios pirates dans son lit quand il n'était encore qu'un ado et sait nous transmettre ce frisson qui a pris les Anglais aux tripes. Car ce n'est pas seulement une révolution musicale qui était en route, mais aussi un changement profond des moeurs.

Vu et approuvé/Gran Torino

Gran Torino,
Clint Eastwood

Il y a un plaisir jouissif à voir un octogénaire aigri maltraiter la racaille juvénile qui se croit toute puissante; il y a davantage un malaise à l'écouter tenir des propos racistes et s'arcbouter sur ses valeurs passéistes, toujours une arme à porté de main et un juron bien senti pour ses voisins asiatiques. Walt Kowalski représente une caricature de l'Amérique conservatrice : ne lui manque que la foi, qu'il a sans doute perdue dans la guerre de Corée! Il refuse ainsi de se confesser malgré les dernières volontés de sa femme, décédée.
Mais, comme par enchantement, le regard de Walt Kowalski va changer avec l'arrivée de Thao dans sa vie, le fils de ses voisins qui se trouve malgré lui embarqué dans un gang. Son bizutage? Voler la Gran torino de Kowalski mais le vieillard l'en empêche...Pour se faire pardonner, Thao doit lui rendre de menus services...
Clint Eastwood prend, comme souvent, le temps d'installer le décor, de dérouler son intrigue, d'entrer dans la peau des personnages, ce qui pourra sembler long à certains.Sous son air dramatique, le film cache une tonalité plus comique, avec des répliques et des situations qui font clairement rire le public. Mais il ne faudrait pas non plus que cela rende notre anti-héros sympathique...Quoique, il est toujours temps de se racheter!

jeudi 14 mai 2009

Vu et approuvé/Coraline

Coraline,
Henry Selik


Le papa de L’étrange Noël de Monsieur Jack donne naissance cette fois-ci à Coraline, une fillette intrépide, un peu garçon manqué sur les bords : elle aime jouer dans la gadoue, se raconter des histoires, parcourir les environs…Délaissée par ses parents, trop absorbés par leur travail respectif, Coraline s’ennuie dans une grande et vieille maison, qui cache une porte mystérieuse…La nuit, celle-ci s’ouvre sur un monde secret où Coraline découvre les clones de ses parents, à ceci près que leurs yeux sont remplacés par des boutons et qu’ils sont devenus parfaitement conformes à ces souhaits. Mais les apparences sont trompeuses…
On retrouve une atmosphère à la Tim Burton dans ce film d’animation en relief, avec un univers noir très stylé, des clins d’œil humoristiques, des personnages avec une vrai épaisseur, des images très léchées et surtout une morale qui n’est pas assénée à coup de burin. Tout simplement joli !


L’info en plus : Ce film d’animation en relief est adapté d’un best-seller de l’auteur américain Neil Gaiman, qui a obtenu le prix Hugo du meilleur roman court en 2003.

lundi 13 avril 2009

Vu et approuvé/ Warhol

Le grand monde d'Andy Warhol
Grand Palais


Ca aurait pu s'appeler le beau monde d'Andy Warhol! Les 250 portraits présentés lors de cette exposition au Grand Palais ne vous seront pas étrangers puisqu'on y retrouve aussi bien des hommes politiques (Nixon, Mao...) que des icônes (Marylin Monroe, Elvis Prestley...), des têtes couronnées (Lady di, La princesse de Monaco...), des artistes confirmés (Man Ray, Keith Haring...), des starlettes des années 80 retombées parfois dans l'anonymat, parfois passées à la postérité (Madonna, Stallone...)
Mais 250, ça fait beaucoup! Il y a déjà le côté répétitif de la sérigraphie qu'affectionnait tant Warhol et le principe d'une tête sur un fond très coloré décliné à l'infini. Il est parfois agrémenté d'urine ou de poussière de diamant! On retrouve également sur certaines toiles ses obsessions sur la mort et sur l'argent, argent qui l'ont justement poussé à répondre aux commandes de portraits de "people" dans les années 80. Il a fait de son art un objet de consommation comme un autre. Mais le père du pop art n'est pas à une contradiction près...

L'info en plus : Jusqu'au 13 juillet

Vu et approuvé/ Matisse

Ils ont regardé Matisse,
Le Cateau-Cambrésis


Dans la petite ville du Cateau-Cambrésis se tient une grande exposition sur l'abstraction. Le musée Matisse possède déjà une collection intéressante de l'artiste, à défaut d'avoir ses toiles les plus célèbres qui sont à Paris ou à Nice.
Il propose également des expositions ponctuelles remarquables pour une si petite ville, à l'image de "Ils ont regardé Matisse, une réception abstraite Etats-Unis/Europe, 1948-1968". Ils sont tous là : Jackson Pollock, Barnett Newman, Jacques Villeglé, Simon Hantai, Sam Francis, Morris Louis, Franch Stella, Claude Viallat, Daniel Buren...
A la manière de l'exposition sur Picasso au Grand Palais, les tableaux de Matisse et de ceux qu'il a inspiré se répondent et l'ont comprend mieux en quoi il les a influencé. Il n'y a quà voir Porte- Fenêtre à Collioure où le tableau fait sens grâce au titre et les bandes peintes par Mark Rothko qui ont dépassé cette question du sens.
Paradoxalement, c'est avec l'émergence de ces abstraits aux Etats-Unis qu'on a donné à Matisse cette nouvelle dimension.

L'info en plus : Jusqu'au 15 juin 2009.

jeudi 26 mars 2009

Lu et approuvé/ Vingt-quatre heures de la vie d'une femme

Vingt-quatre heures de la vie d'une femme,
Stefan Zweig

Dans une pension sur la côte d'Azur, les esprits s'échauffent autour du cas d'une femme mariée bien sous tout rapport qui s'enfuit par amour avec un jeune homme qu'elle n'a vu qu'une seule fois...
Le narrateur défend cette femme que tout le monde juge amorale et se trouve conforter dans son choix par une vieille bourgeoise anglaise qui lui fait un étrange récit : 24h de sa vie où tout aurait pu basculer. C'est passionnant et percutant, avec notamment des descriptions particulièrement réussis de la fièvre du jeu.

Vu et approuvé/ Girgio di Chirico

Giorgio di Chirico, la fabrique des rêves
Musée d'art moderne de Paris


La première salle est de loin la plus intéressante de l'exposition consacrée au peintre italien Giorgio di Chirico. Ce sont ses débuts surréalistes dans la peinture, dans les années 20-40, où se révèlent les thèmes qui lui sont chers. On y voit des places italiennes, des ombres, des statues, des trains qui passent, des usines en construction... On voit aussi des tableaux "métaphysiques", enchevêtrement d'objets insolites et de gourmandises, dans une pièce aux étranges proportions et aux perspectives distordues. Puis vient toute la série de portrait avec des mannequins sans visage comme ceux utilisés dans les crash tests, suivis des bains mystérieux. La deuxième salle signale le retour de Giorgio di Chirico aux bases du métier et au classicisme : il reprend ainsi des thèmes antiques selon la manière de ses maîtres : Rubens, Titien, Raphaël, Fragonard. Il pousse le vice jusqu'à faire un autoportrait déguisé en Rambrandt ou en Louis XV. Il a sans doute le goût de la parodie et de l'autodérision puisque dans les dernières années de sa vie, il se met à repeindre ce qu'il avait fait à ses débuts : retour des places italiennes, des statues antiques et des mannequins sans visage. Certains disent que c'est par manque d'imagination, d'autres qu'il est critique envers lui-même. Andy Warhol a tellement adoré qu'il a repris le concept dans son oeuvre. Pour le visiteur, c'est quand même gênant de voir 10 fois le même tableau!

L'info en plus : A voir jusqu'au 24 mai.

mercredi 18 mars 2009

Lu et approuvé/ L'Amour au temps du choléra

L'amour au temps du choléra,
Gabriel Garcia Marquez


Pour qui a lu le chef d'œuvre Cent ans de solitude, L'Amour au temps du choléra peut sembler un poil moins réussi. Dans une petite ville des Caraïbes, à la fin du XIXe siècle, Florentino Ariza, un jeune télégraphiste tombe éperdument amoureux de Fermina Daza, encore écolière. Ils s'échangent des billets doux jusqu'à ce que le père de la jeune fille découvre cette romance naissante et l'éloigne de la ville. A son retour, Fermina Daza épouse un jeune homme promis à un bel avenir, le Docteur Urbino. Florentino Ariza patiente jusqu'à la mort de son rival, soit quelques 50 années, pour reconquérir le coeur de sa belle. Un amour un peu désuet, comme il n'en existe que dans les livres. Gabriel Garcia Marquez lève néanmoins un tabou : l'amour et la sexualité à un âge où on croit ne plus pouvoir se le permettre. Personnellement, j'ai quelque peu décroché mon attention au fil des pages. Autant on est dedans quand sont évoqués les derniers jours du mari au début du roman et l'histoire d'amour entre les deux vieillards à la fin, autant on décroche sur certains passages dédiés aux progrès de la télégraphie ou du transport maritime. Car Gabriel Garcia Marquez n'est jamais aussi bon que quand il dépeint les sentiments et les aléas de la vie.

vendredi 13 mars 2009

Vu et approuvé/ David La Chapelle

Rétrospective David La Chapelle
Hôtel de la Monnaie de Paris


David La Chapelle fut un disciple d'Andy Warhol et cela se voit dans son œuvre, critique envers une société d'hyperconsommation où on cherche alors les vraies valeurs.
L'artiste américain mêle religion et pornographie, notamment dans le fresque le Jardin des délices où la reine n'est autre que Paris Hilton...En matière de beauté surfaite et de vide intersidéral, on ne fait pas mieux. David La Chapelle aime les stars et les met à leur avantage : sublime Noemi Campbell à déjeuner, Angelina Joli la bouche en coeur, etc.
Mais son oeuvre est aussi plus profonde, même si elle reste très souvent manichéenne : la fresque guerre et paix où des soldats répondent à des anges, celle où des barbies musulmanes (dont la burka est étrangement transparente) clouent littéralement au sol un éphèbe.
David La Chapelle aime la juxtaposition d'images, le choc de deux réalités comme la série sur les catastrophes naturelles où des mannequins très bien attifées tirent leur valise sur fond de maisons dévastées. Il a une imagination débordante, une vision de la société, ce qui en fait bien plus qu'un photographe de stars.


L'info en plus : L'exposition dure jusqu'au 31 mai 2009.

Lu et approuvé/ Le théâtre des perceptions

Le théâtre des perceptions,

Angela Carter


Ca ressemble à la vie de bohème dans les années 30, c’est en fait la vie des hippies dans les années 60. Mais Joseph, qui lave les morts dans un hôpital, ne sait pas à quoi ça sert de vivre ? Il tente alors de se suicider. Ses projets sont contrecarrés par l’arrivée d’une nouvelle voisine qui le sauve in-extremis : Anne, la morne Anne, boiteuse et malheureuse. Pour remonter le moral du suicidaire, il y a Viv, le copain indéfectible qui vit sur ses indemnités de chômage. Il y a aussi la mère de Viv, prostituée de luxe qui fait tant d’effet au petit Joseph. Autant de personnages qui forment un théâtre de l’absurde. C’est drôle et dérisoire.

jeudi 12 mars 2009

Vu et desapprouvé/ Sonia Rykiel

Sonia Rykiel,
Musée des Arts décoratifs


Le musée des Arts décoratifs à Paris consacre une exposition à Sonia Rykiel à l'occasion des 40 ans de la maison de haute couture. On ne peut pas dire que cette exposition soit très vivante avec des mannequins derrière des vitrines portant les créations de Rykiel : elles ne rendent sans doute pas aussi bien la qualité des coupes et des vêtements , comme l'auraient fait des personnes bien en chair (oui, oui, je parle des vrais mannequins) déambulant sur un podium.
La grande prêtresse de la mode est celle de la "déforme" paraît-il : il est vrai qu'il faut oser mettre un tailleur matelassé ou encore une veste de smoking avec un jogging...informe. Ses chandails
se retrouvent aujourd'hui dans n'importe quel magasin de prêt-à-porter, signe sans doute d'une oeuvre visionnaire. Mais "celui qui ne comprend rien à la mode", comme moi, en sortira encore plus dubitatif.

L'info en plus : L'expo continue jusqu'au 19 avril 2009.

Vu et approuvé/ Pete Doherty


Pete Doherty,
Bataclan


Pete Doherty a 30 ans aujourd'hui. Ses fans y ont pensé deux jours plus tôt, lors de ses concerts au Bataclan, en entonnant Happy birthday to you et lui envoyant quelques cadeaux (soutien-gorge essentiellement) ! A chaque fois que Pete fait une sortie publique, on se doit d'émettre un bulletin de santé : pâle et émacié à la fête de l'Humanité, il est revenu plus en forme et plus gros aussi. Pas facile de suivre une désintox... Pour la musique, Pete Doherty reste Pete Doherty : génial! Il a présenté ici son premier album solo (le 5e en comptant ceux avec les Libertines et les Babyshambles) où il prend comme un nouveau départ. Il laisse le punk et l'urgence de ses débuts pour des mélodies plus soignées et orchestrées, lorgnant vers le blues et la country parfois. La preuve, c'est qu'il y a un vrai orchestre avec violon, violoncelle, contrebasse. Je vous rassure, il reste la ligne basse, batterie, guitare. Et quelle guitare! Celle de Graham Coxon Blur) qui a accompagné l'artiste sur scène. Autre invité de marque, Stephen Street, producteur de Blur et des Smith. Un beau cadeau en somme pour lui et pour les spectateurs.

L'info en plus : L'album Grace/Wastelands sort le 16 mars.

mercredi 18 février 2009

Lu et desapprouvé/ Le Cas Arbogast

Le cas Arbogast,
Thomas Hettche


Pour une fois que je changeais d'horizons et allais vers un auteur allemand! Ca me donne envie de retourner illico à ma chère littérature britannique et américaine, un brin fantaisiste, voire loufoque ou tout au contraire d'un réalisme poignant.
Ici, l'écriture me laisse indifférente, l'intrigue est certes intéressante mais manque d'un je ne sais quoi- un petit souffle qui nous donnerait envie de tourner les pages. A vrai dire, cela ressemble à un téléfilm de France Télévisions qui traîne en long et en large : un peu genre Derrick mis à la sauce des Experts, parce qu'il y a plein de laïus scientifique et clinique (Et qui ne sont pas très alléchantes pour qui n'aiment pas les démonstrations scientifiques).
Hans Arbogast est condamné à perpétuité pour le meurtre de Marie Gurth, une auto-stoppeuse avec qui il a eu une relation sexuelle un soir de septembre 1953. Il passe des années en prison avant que des avocats, défenseurs des droits de l'homme, médecins et scientifiques se penchent sur son cas pour essayer de le disculper. Arbogast, déformé par 14 années de prison, reste un personnage ambigüe, toujours sur le fil de rasoir. Hettche raconte bien l'univers carcéral et l'enfermement psychologique qui en découle.
Le problème, c'est qu'il y a beaucoup de personnages et d'intrigues parasites dans ce roman : journaliste ou scientifique dont on ne fait qu'effleurer la personnalité, avec des liaisons naissantes qui ne mènent nul part. Quel intérêt? Aucun, si ce n'est de rallonger la sauce qui à la fin parait trop épaisse.

lundi 9 février 2009

Vu et approuvé/ De Miró à Warhol

De Miró à Warhol,
collection Berardo à Paris,
Musée du Luxembourg


Berardo est un grand entrepreneur et collectionneur portugais qui a eu droit à l'ouverture d'un musée à Lisbonne et à cette exposition au Musée du Luxembourg. Et il le mérite bien car sa collection est impressionnante, rassemblant des oeuvres provenant des courants artistiques majeurs du XXe siècle.
L'itinéraire est chronologique sauf dans la première salle qui veut résumer l'esprit de cette collection en un mot : confrontation. On retrouve ainsi un portrait de femme par Picasso à côté d'une tête de Pollock par exemple.
La seconde salle, consacrée au surréalisme, est déjà peuplée de célébrités : Magritte, Ernst (voir tableau ci-contre), Mir
ó. Puis on passe à l'abstraction de l'Entre- deux-guerres avec des figures géométriques : des carrés, des ronds, des lignes de Mondrian, Arp ou Tanguy.
On saute de quelques décennies et nous voila dans les années 60 où se confronte le nouveau réalisme français avec le bleu de Klein et le noir de Soulages au pop art américain avec la boîte de conserve de Warhol ou le collage de Wesselman.
La dernière salle est consacré aux dernières tendances du XXe avec un très beau tableau de Riopelle notamment, sorte d'image satellite d'une ville très colorée que l'on situerait aisément en Inde. Avant de sortir, l'inquiétant Portrait de Jacqueline de Schnabel marquera forcèment les esprits, sorte de mosaïque en relief réalisée avec de la vaisselle.
Et quand on sort, on regrette que cette traversée artistique du siècle soit déjà fini!

L'info en plus : Il ne reste plus que quelques jours pour visiter cette expo qui s'achève le 22 février.

lundi 2 février 2009

Lu et approuvé/ Ripley Bogle


Ripley Bogle
Robert McLiam Wilson



Entrer dans le cerveau de Ripley Bogle n'a rien d'une sinécure car le garçon est quelque peu agité, voire torturé! Bogle est Irlandais, avec un peu de sang gallois, et c'est déjà là un drame selon lui. Il est né dans une famille sans le sou, avec une bonne tripotée de frères et soeurs, avec un père alcoolique et une mère qui ne doit son nom qu'à la génétique. Son problème, c'est qu'il a une intelligence au-dessus de la moyenne, c'est un génie qui s'ignore. Quoique, on ne peut être sûr de rien avec lui parce qu'il a le verbe facile et le mensonge encore plus. Ce roman est son autobiographie bien qu'il soit encore jeune, sans doute dans la vingtaine où il nous raconte son enfance et adolescence en Irlande du Nord jusqu'à son entrée détonante dans la prestigieuse université de Cambridge. Sous forme de pièce de théâtre ou de narration classique, Ripley se met en scène. Il adore ça! Quand il en a terminé de ses digressions, il nous parle de sa vie quotidienne de SDF cultivé, mais de SDF quand même : la faim, le froid, la cigarette, la violence le guettent à chaque instant. Son esprit comme son corps vagabonde librement, usant d'un langage des plus grossiers à un des plus raffinés. C'est la contradiction Bogle dont voici un exemple : "Toute ma vie durant, les femmes ont constitué ma priorité essentielle, chacune une divine bouffée, un trou de béquille au bord de l'eau. Mes femmes, penser à elles suffit à m'égayer. J'ignore pourquoi - les femmes m'ont presque toujours chié dessus de la plus grande hauteur dont elles étaient capables." C'est provocateur, libérateur, extravagant, excessif et poilant. Bogle est un baratineur, un prétentieux qui aime s'apitoyer sur son sort, il est passé maître en l'art du dénigrement de soi. Sa personnalité et l'écriture se confondent : tous deux sont truculents.

Voici quelques passages fulgurants. Du Bogle dans le texte :

La mère : "Toutes les Irlandaises que j'ai rencontrées ont toujours été particulièrement hideuses et vous apprendrez avec plaisir que ma mère ne faisait pas exception à la règle. Une grosse roulure, une vieille poufiasse."


Le père : "Renonçant même à la perspective la plus vague de la recherche d'un emploi, il devint un ivrogne talentueux et à plein temps, réalisant ainsi l'espoir de ses plus belles années. Je ne l'en aimai que davantage. Ses humeurs gagnaient en prévisibilité : moins intempérent, il semblait aussi moins désireux de me dérouiller à mort pour un oui ou pour un non. Je sais que je suis dur envers mon père mais je lui dois si peu de choses. D'ailleurs, ce que ce bâtard d'Irlandais me donna jamais fut mon nom ridicule, mon nom brillant."


Le quartier : "Turf Lodge était un gros tas de merde, mais ce fut un endroit merveilleux pour les événements de mon enfance. De nombreux individus dignes de foi ont déclaré que, plus lépreux et plus mortel était l'environnement de l'enfance, plus grand le génie à l'âge adulte. Je me considère moi-même comme l'illustration parfaite de cette théorie."

L'amour : "L'amour est la cape de soie qui masque la lévitation animale du pénis."


Les cigarettes : "J'en grillais quatre-vingts par jour quand j'avais de la thune. Souvent plus. Poumonnement parlant, j'étais tout macadam. J'avais l'haleine sulfureuse, ma langue empestait les algues putrescentes et les égouts de la plage, j'avais le ventre plaqué cuivre. La fumée constituait mon habitat naturel et mon principal aliment. L'air frais me faisait vomir, l'oxygène me flanquait une migraine carabinée que seule la nicotine parvenait à calmer. Un quart d'heure sans clope et je grimpais aux murs. Une année, j'ai quasiment financé à moi tout seul l'équipe de cricket d'Essex Country!"


Le conflit en Irlande du Nord : "Les catholiques d'Ulster constituaient peut-être une bande atterrante de poivrots, de bon à rien et d'analphabètes, qui battaient leurs femmes, mais on découvrit bientôt qu'en dehors de mettre en cloque et à répétition leurs horribles harpies au point de pulvériser toutes les limites de la décence obstétrique, et en plus de leur talent stupéfiant pour encaisser les coups, ils avaient une troisième corde à leur arc : leur troisième don consistait bien sûr à tuer les gens. Et comment. Peu de peuples font ça mieux."


La vie : "La vie est ainsi : elle aime manifester sa versatilité. C'est ce que j'aime dans la vie : sa frime ostentatoire et sans scrupules."

Les vagabonds : "Les vagabonds sont tout de même bizarres. Ils essaient de rester drapés dans leur dignité le plus longtemps possible. Comportement stupide. Le drap de leur dignité n'est plus qu'une peau de chagrin."


La violence : "Evitant toutes ces altercations prévisibles, je me suis félicité de mon sang-froid (c'est-à-dire de ma lâcheté). En effet, certains soirs il suffit qu'un abruti à la gueule enfarinée me mate trop longtemps pour que je lui saute sur le râble avec des grands moulinets de mes petits poings irlandais. A l'inverse, d'autres soirs je ferai des kilomètres pour éviter la moindre embrouille - plutôt laisser les gens se moquer de moi, m'injurier, me cracher dessus, me palper les couilles ou me péter au nez, que de propulser mon poing vers la chair ennemie. J'appelle ça mes capacités d'adaptation."

mardi 27 janvier 2009

Vu et approuvé/ Slumdog millionnaire

Slumdog millionaire,
Danny Boyle


Génial. Tout simplement génial. C'est la première fois que me vient l'envie d'applaudir à la fin d'une séance de cinéma! L'histoire est épatante : un indien des bidonvilles participe au jeu télévisé Qui veut gagner des millions? où il répond juste à toutes les questions, jusqu'à être en course pour la jackpot : 20 millions de roupies.
Cet analphabète, serveur de thé dans un call center, attire les soupçons et se retrouve au poste de police pour justifier son aisance dans ce jeu. Ce sont alors des flashbacks qui nous mènent dans sa plus petite enfance dans les bidonvilles, dans son errance à travers toute l'Inde, faite de violence, d'injustice, d'exploitation et de rejet. Même si cette histoire est tragique, le ressort comique surgit toujours au bon moment, utilisé à bon escient, comme pour nous dire que la vie est une immense farce.

Les acteurs sont d'un naturel déconcertant, surtout les enfants, adultes haut comme trois pommes, plein d'espièglerie et d'espoir.
La réalisation de Danny Boyle est admirable : les images très léchées et colorées, presque photographiques à certains moments. Il a réussi à trouver l'équilibre entre un rythme effréné dans des courses-poursuites digne des films hollywoodiens ou des ambiances feutrées digne du cinéma d'auteur français. Sauf que c'est jamais chiant!
Comme toujours chez Danny Boyle, la BO est très soignée avec des chansons indiennes modernes qui changent des images d'épinal sur l'Inde. Ne loupez pas cependant après le générique de fin une séquence très bollywoodienne et très divertissante.

L'info en plus : Slumdog millionnaire a déjà remporté quatre Golden globes et un prix décerné par le syndicat des producteurs. Il est donc fortement pressenti pour gagner quelques prix aux Oscars.