lundi 29 mars 2010

Vu et approuvé/Soul kitchen

Soul kitchen,
Fatih Akin


Enfin une comédie qui sort des sentiers battus, peut-être parce qu’elle n’est pas l’œuvre d’un Américain ou d’un Britannique, mais d’un Allemand d’origine turc Fatih Akin.

Zinos tient un restaurant dans une zone désaffectée de Hambourg mais un certain nombre d’incidents viennent bouleverser sa vie : sa petite amie part travailler à Shanghai, son frère sort de prison, son nouveau chef pratique une cuisine un peu trop délicate pour le palais de ses clients…L’histoire d’un mec simple et attachant, avec ses petits bonheurs et ses grosses galères. Il est drôle malgré lui, car la situation lui échappe sans cesse mais il essaye de rattraper la vie par le bon bout.

Le réalisateur ne tombe jamais dans la caricature des personnages - tous très justes dans leur interprétation grâce à de très bons acteurs. Mais il ne craint pas les excès, avec des scènes surréalistes qui provoquent justement le rire par leur côté très décalées. L’énergie dégagée par ce film vient aussi de sa très bonne bande originale, très soul comme le laisse présager le titre. On se laisse volontiers prendre par ce petit grain de folie.

mercredi 24 mars 2010

Lu et approuvé/La vie rêvée de Sukhanov


La vie rêvée de Sukhanov,
Olga Grushin


Difficile de rentrer dans le premier chapitre de ce roman aussi délicat qu’un buisson épineux : à la surface, de belles fleurs colorées, en dessous, des entrelacs de bois sec. Le style agace par son emphase, par ses descriptions qui s’apparentent aux exercices d’une élève appliquée, par ses situations conformes à ce qu’a produit jusqu’alors la littérature russe. Mais le lecteur aurait tort de s’arrêter là, car la suite est pour le moins inattendue…Tolia Sukhanov est un critique d’art qui dirige en 1985 la plus prestigieuse revue de Russie, gendre d’un des plus grands peintres du régime soviétique et mariée donc à sa superbe fille. Il appartient à cette classe de riches qui méprise les pauvres, à commencer par une ancienne connaissance qu’il croise presque par hasard à la sortie d’une réception…Dans ce roman, le hasard n’aura de cesse de mettre Sukhanov sur les traces de son passé : son enfance dans des appartements partagés, la disparition mystérieuse de son père, ses premières peintures, des retrouvailles avec d’anciens amis…Il se retrouve ainsi piégé entre ce qu’il est devenu, un fonctionnaire zélé habituée à écrire des articles conformes à la pensée unique du régime communiste et enfermé dans une cage dorée, et ce qu’il a été. A partir d’un incident, Sukhanov est pris dans un engrenage qui lui fait perdre petit à petit tous ses repères, tous ses biens, au point d’en devenir complètement surréaliste. Le surréalisme est sans doute plus accessible en peinture qu’en littérature, mais on se laisse aisément prendre à cette écriture à multiples tiroirs. Dommage que ce roman se traîne un peu en longueur !

mardi 16 mars 2010

Lu et mitigé/Un fauteuil au bord du vide

Un fauteuil au bord du vide
Alexis Salatko

Un père tombe d’une grue d’un chantier naval à Cherbourg, son fils tente d’élucider cet accident dramatique. Il revient donc sur les traces de son passé : son enfance avec les lascars du quartier, ses premiers émois à l’adolescence, la rupture du père et de la mère…Les descriptions de la ville respirent le vécu, de même que les situations de fils d’immigrés…Le style est percutant, pas plus de deux/trois phrases qui s’emboîtent parfaitement les unes derrières les autres…Oui, mais cela ne suffit pas ! La déception vient de l’intrigue qui a un air de déjà-vu puisque le narrateur espère trouver qui il est, en remontant le fil du temps et de sa vie ordinaire. Il fait sans cesse des bonds dans le passé, le présent, l’avenir qui m’ont fait perdre le fil du roman puisque je ne le lisais que d’un œil distrait.

vendredi 12 mars 2010

Vu et approuvé/Shutter Island


Shutter Island,
Martin Scorsese


Les huis clos fournissent généralement toujours une bonne dose de paranoïa, mais Shutter Island décuple ce phénomène puisque les marshals Teddy Daniels et Chuck Aule enquêtent sur une île isolée, dans une prison psychiatrique réputée pour détenir les meurtriers les plus dangereux. Et comme par hasard, une fois arrivée sur l’île, une tempête se déclenche repoussant d’heures en heures leur départ…
Le spectateur est plongé dans une tension permanente : les personnages sont fouettés par les vents et les pluies, traversent des couloirs et des bureaux à la pénombre douteuse, se réfugient dans des lieux peu sûr comme des cimetières ou des phares, se heurtent à l’administration pénitentiaire, conversent agressivement avec leurs hôtes, rencontrent des personnages effrayants…Tout nous maintient dans un sentiment d’insécurité et de vulnérabilité, soutenu par une musique qui nous martèle que le danger n’est jamais loin…
On ne peut aller plus loin dans la description du film sans en dévoiler ce qui en fait tout son sel ! Mais on peut dire qu'il nous laisse à la fin dans une certaine confusion, à peine conscient et heureux de s’être fait si finement piégé. Oui, certains films nous embarquent très loin.

mardi 9 mars 2010

Vu et approuvé/Adam Green


Adam Green


Il est des concerts qui vous sautent à la gorge, qui vous prennent aux tripes, qui vous hérisseraient tant de poils qu’ils vous feraient ressembler à un chimpanzé électrifié. Et je ne dis pas ça pour les sauts de cabris et les cris gutturaux observés lors du concert d’Adam Green à l’Alhambra. Déboulant sur scène telle une rock star avec son blouson en cuir clouté et ses cheveux longs en bataille, l’ancien chanteur des Moldy Peaches transforme ses douces mélodies de crooner en chansons brute de rock. Il transcende la salle de sa voix grave et sublime, de son humour décalé et absurde. Surtout, en forme comme jamais, il transmet son énergie punk à un public ravi de le voir débouler au-dessus de sa tête, jusqu’à ce qu’il en perde son ceinturon ! Le vaillant jeune homme qui le retrouva eu droit à une danse pour récompense et une belle galoche par-dessus le marché. Comme la majorité des gens du premier rang qui ont eu tout le loisir de lui hachurer le corps de leurs ongles. Adam Green semble s’être follement amusé : il a dansé comme une midinette allumeuse, a sauté comme un lapin, a marché comme un Egyptien…Il a démontré, en solo comme avec son formidable groupe, une aisance et un sens de la mélodie rare. Il a juste massacré son final Jessica en laissant le public beugler dans le micro et en entonnant une bribe de I’ll do it for you de Brian Adams…Il nous sera revenu lors du rappel en boxeur balançant des uppercuts dans le vide comme un damné. On aurait voulu jamais le quitter !