lundi 31 août 2009

Lu et approuvé/Beignets de tomates vertes


Beignets de tomates vertes,
Fannie Flagg


Fannie Flagg nous invite à rentrer dans un univers - celui du Whistle Stop café dans l’Alabama au siècle dernier - qu’on a dû mal à quitter. Tout comme Evelyn Couch, mère au foyer mal dans sa peau avec ses kilos en trop et sa vie étriquée, a dû mal à se séparer de Ninny Threadgoode, pensionnaire pimpante d’une maison de retraite qui lui raconte toutes les péripéties de sa famille adoptive. Les Threadgoode ont été l’âme de Whistle Stop, avec Idgie, le garçon manqué qui a a ouvert le seul café du village, qui accueillait à la fois les hobos (vagabonds) lors de la crise de 1929 et les noirs dans l’arrière cours ; une audace qui lui a valut d’être menacée par le Ku Klux Klan. Avec Ruth, pièce rapportée, belle à en mourir, du point de vue d’Idgie en tout cas, qui en a fait sa compagne et son associée. Avec Stump, le fils de Ruth, qui accomplit exploit sur exploit malgré un bras en moins. Et puis dans ce sud raciste, il y a les domestiques, les noirs, qui habitent en face, à Troutville. Comme pour gommer des décennies d’injustice, Fannie Flag les présentent sous un jour plus que flatteur : fidèles, courageux, travailleurs…Presque parfaits ! Dans cette petite vie gravitent aussi le policier à la recherche du robin des bois des trains, la postière qui tient la chronique du village plus prompte à parler de sa moitié que des nouvelles du jour…toute une série de personnages bien souvent attachants, et rarement épargnés par les malheurs. Le petit miracle de ce livre est de ne pas tomber dans une nostalgie qui sent la naphtaline, mais au contraire de nous faire vivre cette époque comme si on y était. On rit, on pleure, on s’émeut, on s’indigne, on sent l’odeur du barbecue d’un Big Georges et ressent l’amour maternelle d’une Sispey.

L'info en plus : Le livre a été adpaté au cinéma en 1992 par Jon Avnet, avec Kathy Bates, Mary Stuart Masterson, Mary-Louise Parker et Jessica Tandy.

jeudi 13 août 2009

Lu et approuvé/Une odeur de gingembre

Une odeur de gingembre,
Oswald Wynd

Ce roman est remarquable à tous égards.
1. Pour l’histoire d’une vie, celle de Mary MacKenzie qui commence sous les meilleurs auspices, puisqu’elle part de son Ecosse natale pour rejoindre son époux anglais en Chine. Elle découvre une culture très différente et consume un mariage sans saveur. Presque par hasard, elle tombe sous le charme d’un militaire japonais et tombe enceinte. Elle devra alors fuir au Japon et se débrouiller seule dans un pays inconnu.

2. Pour la grande histoire, celle qui tient de toile de fond au roman, traitant à la fois de l’impérialisme britannique en Chine, du nationalisme exacerbé des Japonais, du capitalisme américain, des guerres qui secouent le monde. Tout cela se passe dans la première moitié du XXe siècle et le monde connaît de grands bouleversements, aussi bien sur un plan historique que technique.

3. Pour la psychologie du personnage. Mary part en Orient avec des yeux d’enfants et découvre déjà à bord du bateau qui l’emmène en Chine que la vie n’est pas telle que sa mère lui a décrit. A la faveur des rencontres, Mary affirme son caractère, pense par elle-même et s’écarte du mode de vie qui lui est imposé. A son arrivée au Japon, Mary croise une féministe, s’émancipe par le travail. En avance sur son temps.

4. Pour la forme épistolaire qui nous fait entrer dans l’intimité de l‘héroïne. Mary écrit de longues lettres à sa mère sur le bateau, puis tient un journal intime quand elle n’a plus personne à qui parler. Les lettres ne sont pas forcément régulières mais nous font partager toute sa vie, du plus infime détail comme la décoration de sa maison à l’événement le plus tragique, comme le kidnapping de son enfant.

5. Pour la peinture de mœurs. On y voit une Chine aux deux visages au début du XXe siècle, avec des pousse-pousse rachitiques à tout les coins de rue, et des expatriés qui mènent chichement une vie de réception. On découvre ensuite un Japon menacé par les catastrophes naturelles, replié sur lui-même et extrêmement codifié, presque incompréhensible pour un occidental.