Toni Morrison
A l'origine, tar baby est une poupée de goudron et de térébenthine qui piège un lapin dans un conte folklorique afro-américain, publié à la fin du XIXe siècle. On a bien eu droit à notre poupée de cire et de son!
Tar baby est devenue une expression qui désigne une situation inextricable, aggravée par le contact, qui se résoud par une séparation. Souvenez-vous en à la conclusion de ce livre, le quatrième de Toni Morisson, écrivain afro-américaine qui a reçu le prix nobel de littérature et le prix Pulitzer.
Valerian est un vieux milliardaire retiré du monde, Margaret est son épouse fêlée, et Ondine et Sydney ses deux serviteurs noirs. Deux mots qui appellent déjà des questions : rapport entre riches et pauvres, blancs et noirs... surtout que l'histoire se déroule sur l'Isle des Chevaliers dans les Antilles françaises.
Jadine, la fille que Ondine et Syndey n'ont jamais eu et que Valérian a aidé pour financer ses études, trouve refuge chez ses protecteurs. Mais l'intrusion d'un vagabond noir fascinant démontre que son petit monde secure peut voler en éclat...
Toni Morrison dépose par petites touches les strates d'une peinture d'une communauté noire en transition : Jadine incarne une jeune femme ambitieuse qui veut dépasser son statut de femme et de noire, et donc se battre contre les préjugés des blancs mais aussi des noirs. Mais l'écrivain dépeint surtout une histoire d'amour intense et compliquée entre deux êtres que rien ne prédestinait à se rencontrer. Et pour corser le tout, Toni Morisson saupoudre ce roman de quelques croyances populaires, d'épisodes irrationnels, comme pour élever ce roman au rang de mythe.
L'info en plus : Un écrivain mettant en lumière la misère des Noirs aux Etats-Unis depuis le début du siècle et qui la décrit souvent à travers des héroïnes est forcèment quelqu'un d'engagé. On ne s'étonnera pas que Toni Morrison supporte Barack Obama à l'élection présidentielle américaine. Plus surprenants sont ses propos tenus à propos de l'ancien président démocrate Bill Clinton qu'elle qualifia de "premier President noir américain" à cause de son origine sociale et de ses goûts.