mercredi 22 septembre 2010

Lu et approuvé/Un monde sans fin

Un monde sans fin,
Ken Follett


Après le premier succès de sa fresque médiévale intitulée Les piliers de la terre, Ken Follett revient nous conter les aventures de la ville de Kingsbridge deux siècles plus tard, au XIVe siècle, dans Un monde sans fin. Ayant dévoré le premier tome, on se jette avidement sur le second, qui concerne les descendants de Tom le Bâtisseur et dame Aliena.

Une impression de déjà vu. On y retrouve les mêmes personnages, aux mêmes caractéristiques et tempéraments, comme si les chiens ne faisaient pas des chats. Et ils sont justement chiens ou chats, tous blancs ou tous noirs...Du côté des gentils, la bonté, la droiture, le génie de l'architecture coule dans le sang de Merthin. Nous retrouvons l'intelligence, l'indépendance, la rébellion sous les traits de Caris. Du côté des méchants, Ralph, l'écuyer ambitieux, n'est que cruauté, brutalité et amoralité. Godwin, le prieur conservateur, est un homme de conspiration et de trahison. Ils nourrissent de plus les mêmes ambitions : un charpentier qui rêve de construire une cathédrale, un écuyer qui rêve de devenir compte, une paysanne qui rêve de se libérer du joug de son seigneur, un moine qui veut devenir prieur...

Un seul élément nouveau. Et puisque les ingrédients ont fait une bonne recette (90 millions d'exemplaires pour les Piliers de la Terre), pourquoi en changer? Le décor est de fait le même : la ville de Kingsbridge, sa cathédrale et son prieuré, ses brigands dans la forêt, son comté de Shiring... Hormis une petite incursion en Normandie et Picardie où le roi Edouard III guerroie, il n'y a guère de dépaysement! Le seul protagoniste nouveau, et pas des moindres, est la peste qui va décimer la population, ravager les campagnes, et conduire les habitants à une vie de débauche.

La surenchère. La peste est un bon prétexte pour exploiter des scènes marquantes : agonies, flagellations, lubricité, etc. Ken Follett a semble-t-il voulu pimenter son roman avec des scènes de torture et de sexe. Aussi nous abreuve-t-il de détails sur la montée du désir et l'acte sexuel, qui sont en nombre suffisants, pour nous interroger sur sa démarche littéraire? A moins qu'elle ne soit commerciale?

Historique. Ken Follett nous distille tout au long de ses 1300 pages moult détails sur la vie au Moyen-Âge que ce soit dans un monastère, dans une ville ou dans les campagnes, ce qui en fait un ouvrage historique accessible à tous. Pédagogue, il nous explique intelligemment la construction d'un pont, d'une tour ou d'un hospice sans jamais nous lasser. Il nous montre bien les enjeux de pouvoir entre les moines et les marchands dans une ville administrée par un prieuré, mais aussi les relations que peuvent entretenir un seigneur avec ses baillis, ses paysans libérés, et ses serfs. Il nous enseigne également que le Moyen-Âge n'est pas si obscurantiste qu'on ne le dit, en évoquant les progrès ( métiers à tisser plus performants, stratégies militaires affinées, pratiques médicales améliorées, etc.)

Anachronisme. Ken Follett est écrivain et pas historien. Il prend donc des libertés avec l'Histoire. Aussi trouve-t-on un comportement pour le moins inusuel pour le XIVe siècle : une jeune fille qui pense comme une femme des années 1980. Elle refuse par exemple de se marier à l'homme qu'elle aime sous prétexte qu'elle veut rester libre! Elle prend des fonctions qui sont interdites aux femmes comme la médecine. Je ne suis pas historienne mais étant donnée que la femme n'a acquis le droit de vote que depuis 1945 et qu'elle court toujours après la parité en France, il me semble que la femme décrit par Follett n'aurait pu réellement exister. Et ça, c'est toujours embêtant pour un lecteur de ne pouvoir d'identifier ou du moins croire à la réalité d'un personnage.

Des intrigues foisonnantes. Malgré ces défauts, Follett est assurément le roi des rebondissements. Chaque action ou décision des personnages est exploitée dans le cours du roman pour contrecarrer les projets des protagonistes. Les multiples intrigues s'entrecroisent sans cesse pour susciter toujours un peu plus notre curiosité et ne faiblissent jamais sur le long cours. Sauf pour l'intrigue principale tout de même - une lettre cachée sur les volontés du roi - présentée comme une révélation tonitruante et qui n'est qu'un artifice très décevant. Autre bémol, Ken Follett a la fâcheuse tendance de nous rappeler le fil de l'histoire, comme si nous l'avions oublié en cours de route, ce qui peut agacer les lecteurs les plus attentifs et assidus.

En résumé. Malgré de nombreux défauts apparents (personnages identiques au premier volet, surenchère dans le sexe et le sang), ce roman est captivant et nous tient en haleine sur 1300 pages ce qui n'est pas une mince affaire. Il nous explique clairement la vie et les moeurs au Moyen-Âge de manière très pédagogique. Un peu trop clairement pour certains qui pourraient être rebutés par un style simple, voire plat. Pour les lecteurs qui recherchent une plume, mieux vaut passer son chemin car Follett n'est pas de ce bois.

mercredi 21 juillet 2010

Lu et approuvé/L'orgie

L'Orgie,
John Fante


L'orgie ou comment offrir une mine en cadeau à un poseur de brique se transforme en ivresse et orgie le jour du Seigneur? John Fante n'a pas son pareil pour nous raconter une petite histoire pleine d'ironie et de cynisme. Histoire encore plus détonnante quand on sait qu'elle est racontée par le fils du poseur de brique, âgé d'une dizaine d'années. C'est un coup à vous faire perdre votre candeur et sans doute John Fante l'a perdue très tôt.



Suivi de 1933 fut une mauvaise année


Il suffit de lire les titres de 1933 fut une mauvaise année pour comprendre le ton de ce court roman :

Première partie : Les Joies du Poseur de Briques.
Deuxième partie : Un Métier Exaltant : Le Commerce du Bois.
Troisième partie : Comment Laisser Votre Père Bousiller Votre Vie.
Quatrième partie : Ci-Gît Dominic Molise, Fils Obéissant.

Dominic Molise est un fils d'immigré italien. Son père est poseur de brique et joueur de cartes, sa mère accepte avec fatalité son sort de pauvre mama au foyer, sa grand-mère croyante et acariâtre voit partout le démon dans la modernité de l'Amérique...
Dominic a un ami, Kenny, qui vient d'un milieu social plus favorisé, et s'amourache de sa soeur à qui il tentera de voler maladroitement une petite culotte...Dominic a aussi un bras, "le bras", celui qui lance la balle de base-ball avec force et qui lui permettra un jour d'intégrer un grand club, il en est sûr... Mais son père a d'autres plans pour lui : poser des briques puis se lancer dans le commerce du bois. Elle est pas belle la vie? Amour, amitié, intégrité, trahison, désenchantement...toutes les recettes d'un grand roman dans un court.

Lu et approuvé/ La vallée de la peur

La Vallée de la peur,
Conan Doyle



Etant une lectrice férue des Sherlock Holmes lorsque j'avais 12 ans, je me suis demandée l'effet que cela me ferait de me replonger dans les aventures du célèbre détective privé 15 ans après. Je l'y retrouve comme dans mon souvenir : dans sa robe de chambre, confortablement installé dans son fauteuil, devisant avec ce cher Watson qui met toujours autant de temps à comprendre où il veut en venir...

Aujourd'hui, je trouve les ficelles un peu grosses tant les déductions de Holmes me paraissent plutôt tenir de la voyance que de l'intuition. Mais je trouve aussi un charme désuet dans cette enquête et ces personnages forcèment hors-du-temps (pas de police scientifique, de médecin légiste...). Mais il reste l'essentiel : des rebondissements, du suspens!

Ce roman est fort intéressant car on a le droit a deux histoires pour le prix d'une. Tout d'abord, l'enquête sur le meurtre d'un certain Douglas, dans la campagne profonde anglaise, qui est retrouvé mort la tête éclatée par un tir de Winchester. Il a un curieux tatouage sur le bras et il lui manque son alliance...

Puis, une fois ce meurtre élucidé, nous partons sur les traces du passé de ce Douglas, qui se présentait sous le nom de Mc Cludo dans la Vallée de la peur, dans une Amérique sans foi ni loi. Conan Doyle n'a vraissemblablement pas peur des clichés, décrivant une ambiance de western avec des mines et des tavernes, mais aussi une ambiance de gangster avec des assassinats en pagaille. Le tout, sur fond de franc-maconnerie.

Evidemment, le lecteur s'amusera à chercher le lien entre les deux histoires et surtout le but recherché par Conan Doyle. Bien malin celui qui trouvera la solution car l'auteur s'amuse à nous mener en bateau.

mardi 6 juillet 2010

Lu et approuvé/L'education européenne

Education européenne,
Romain Gary



En 1942, en Pologne, un médecin cache son fils Janek dans la forêt avec une ration de pomme de terre pour survivre. Au bout de quelques jours, Janek est obligé de sortir de son trou et découvre alors que la forêt est pleine de vie et surtout de "partisans" qui luttent contre l'ennemi allemand. Il n'est plus seul mais a toujours aussi froid, aussi faim et aussi peur. Il découvre ce qu'est la fraternité, la solidarité mais aussi la folie. Il trouve refuge dans l'art et dans l'amour, qui atténue un peu la noirceur et la cruauté de la guerre.



Romain Gary brosse des portraits réalistes, tout en nuance, que ce soit du côté des tortionnaires, des victimes, des collaborateurs, des soldats, des résistants, des habitants indifférents, des habitants zélés, des pauvres types, des personnages légendaires...Les méchants peuvent se transformer en gentils et les gentils en méchants, sans que cela soit aussi simple que je viens de l'énoncer. Rien n'est gratuit et facile dans ce roman, tout est admirablement pensé.



Et puis, il y a ce souffle humanisme qui parcourt tout ce roman, notamment avec la prose de Dobranski, étudiant communiste et idéaliste qui a foi dans un avenir meilleur et qui rêve que tous les peuples se rassemblent après cette tragédie... Ainsi, l'éducation européenne se fait dans la douleur mais comme dirait Dobranski "Les Allemands nous auront au moins donné ça!" Donner quoi? L'Union européenne par exemple.

Lu et mitigé/Zoli

Zoli
Colum McCann



J'aime beaucoup d'ordinaire les romans de Colum McCann, considéré comme l'un des meilleurs auteurs de sa génération. D'ordinaire, l'écriture y est riche et limpide...D'ordinaire, on vit son récit comme si on y était...D'ordinaire, les personnages complexes et fragiles sont passionnants. Mais l'extraordinaire se produisit : j'ai presque trouvé fastidieux de lire ce roman.

Pourtant le sujet est fort intéressant : pensez donc, Zoli, est une tzigane marquée dès sa naissance par l'originalité puisqu'on lui donne un nom d'homme, son grand-père lui apprend à lire et à écrire contre toutes les règles de la communauté...Zoli écrit et chante les poèmes des siens, et représente la femme libre et insaissisable. Mais, prise entre les traditions des tsiganes, et le mépris de la société envers sa communauté, elle ne peut vivre sa vie comme elle l'entend. Elle épouse d'ailleurs un homme qu'elle n'aime pas mais fricote avec un Anglais qui veut publier ses poèmes.

Pour tout vous dire, je n'aime pas le personnage de Zoli. On dirait qu'elle fait exprès de refuser un bonheur à portée de main. On a donc envie de lui dire : "Qu'est-ce que tu veux, bordel?" comme à une copine chiante qui ne cesserait de se plaindre. Etre une femme au milieu du XXe siècle en Slovaquie, qui plus est une tzigane répudiée par les siens, est une situation difficile à vivre...Mais la facilité et l'apathie avec laquelle elle accepte son sort a de quoi surprendre pour une femme qui est cencée être libre et rebelle comme Zoli...Trop de contradictions rendraient-elles le personnage pas assez authentique, pas assez incarnée?

samedi 3 juillet 2010

Vu et approuvé/Os Mutantes

Os Mutantes



La communauté brésilienne s'est déplacée en masse pour voir Os Mutantes au Cabaret Sauvage, pour ce qui semble être un groupe culte dans leur pays. Formé en 1966, Os Mutantes sont un peu trop facilement surnommés les "Beatles brésiliens". C'est vrai que l'on retrouve la pop du quatuor de Liverpool dans leur musique, notamment dans les harmonies vocales, mais qui peut prétendre atteindre la perfection des Beatles?

Personne et certainement pas Os Mutantes - qui ne revendiquent d'ailleurs peut-être pas ce titre -tellement leur musique est foutraque. Ne nous méprenons pas, elle est délicieusement foutraque, mélangeant des rythmes brésiliens, du rock psychédélique, de super solo de guitare, de la pop pur jus et du rock progressif.

Mais ils alternent le meilleur et le pire. Le meilleur d'abord : le groupe compterait quelques fans célèbres (Kurt Cobain, Beck, David Byrne...) Plusieurs mélodies du 1er album intitulé Os Mutantes me font penser au Violent femme, ma découverte miraculeuse de l'année 2010 (bien qu'il soit né en 1980). A vrai dire, c'est ce premier album fantastique qui m'a donné envie de les voir.Mais trop de ces chansons ont été vidées de leur côté underground et indé (peut-être à cause du changement des membres du groupe).

Le pire maintenant. On peut déjà noter leur drôle d'attirail, puisqu'ils arboraient de longues toges qui nous font penser à des troubadours du Moyen-Âge ou à des gourous d'une secte. Et musicalement, une mélodie m'a même mis sur la piste d'Annie Cordy et de sa bonne du curée, c'est dire l'infamie! Il serait en cela les dignes précurseurs de Abba ou de Sissor Sisters pour qui le kitsch, voire le mauvais goût, est une marque de fabrique.

Mais ceci fut vite oublié par un naturel, un charme, une gaité, un humour très plaisant. Une expérience inédite en somme!

Lu et mitigé/Quelqu'un d'autre

Quelqu'un d'autre,
Tonino Benacquista


Une partie de tennis entre deux inconnus peut mener loin : jusqu'à un changement radical de leur vie. Tel est le point de départ de Quelqu'un d'autre : Nicolas Gredzinski et Thierry Blin, après avoir un peu trop picolé après une partie de tennis, font le pari de changer leur vie et se donnent ainsi rendez-vous dans trois ans.

Thierry Blin décide de faire table rase du passé et de son visage, allant jusqu'à faire de la chirurgie esthétique pour disparaître de ce bas monde...Il quitte métier et compagne, pour renaître sous une autre identité, devenant le détective privé qu'il a toujours voulu être.

Nicolas Gredzinski n'a nullement l'intention de suivre ce pari, mais c'est sans compter sur l'effet délicieux que la vodka a eu sur lui, révélant le personnage qu'il a toujours rêvé d'être : sûr de lui, entreprenant, intraitable dans les affaires...Il deviendra même très riche en inventant un "leurre à bière" qui consiste à dissimuler sa canette de bière sous une canette de soda.

L'idée de départ un peu farfelu est séduisante, le scénario est bien ficelé, mais ressemble à une comédie légère. Il manque un je-ne-sais-quoi pour apporter un grain de folie supplémentaire ou au contraire pour nourrir un peu plus notre réflexion.

Il se pourrait qu'à force de lire des livres vraiment originaux, loufoques ou trash -parfois les trois en même temps, certains récits m'apparaissent du coup plus fades. Il se pourrait aussi que la lecture de ce livre, casé entre l'excellent Baron perché d'Italo Calvino et le non moins excellent L'oeil le plus bleu de Toni Morisson, ne résiste pas à la comparaison...

vendredi 4 juin 2010

Vu et approuvé/Jeffrey Lewis

Jeffrey Lewis,
au Glazart


Au départ, ce devait être un concert d'un "supergroupe", the Bundles, formé par Jeffrey Lewis et Kimya Dawson. Mais Kimya (ex Moldy Peaches) n'est pas venue et l'on ne sait pas pourquoi et l'on s'interroge (extinction de voix? excès de grenadine?) Du coup, c'est le frère de Lewis, Jack de son prénom, qui l'a remplacée : heureusement, lui aussi joue de la guitare et chante.

Un supergroupe, c'est un groupe composé de stars comme The Dead Weather avec le mec des Whites Stripes, la nana des Kills, un autre mec des Queens of the stone age, et puis un autre mec des Raconteurs. Et les Raconteurs aussi forment un "supergroupe" mais je m'égare...

Il y a une certaine ironie à se revendiquer "supergroupe" quand on s'appelle Jeffrey Lewis, car l'on appartient alors à un courant musical appelé anti-folk : comme son nom l'indique, c'est le contraire du folk mais ça y ressemble quand même un peu sinon on l'aurait pas mis dans le nom...Allez, je vous aide parce que je sens bien que vous êtes perdu : l'anti-folk reprend l'engagement du folk des années 60s quand les gens croyaient encore qu'une chanson pouvait changer le monde (Souvenez-vous des chansons engagées de Bob Dylan) sauf qu'il rajoute une bonne dose d'autodérision, d'authenticité, de naïveté même... Enfin, ce que je voulais dire c'est que Jeffrey Lewis et ses acolytes sont loin d'être des stars, il y a même très peu de monde pour venir les applaudir au Glazart.


Ces gens-là, en tant que descendants des très peu fréquentables punk, ils aiment bien prendre des drogues, comme le suggère le nom du premier album de Jeffrey Lewis : The last time I did acid I went insane...Et puis comme ce sont des gens qui aiment l'autodérision et l'humour décalé, on rigole à leurs concerts comme avec une bande de potes...Ils ne font pas de manière avec nous : Adam Green avait roulé une pelle à un jeune homme monté sur la scène, Jeffrey Lewis va vendre ses disques à 5 euros avant et après les concerts en buvant sa pinte...Point de prétention ici!
Et pour le concert alors ? Cela fut malheureusement vite expédié mais fut un condensé d'exaltation sauvage. Les anti-folkeux ont un sens de la mélodie imparable, avec généralement une rythmique basse-batterie incroyablement accrocheuse, qu'ils s'amusent à massacrer de leur voix faussement fluette, faussement cassée et que sais-je encore? Que n'iraient-ils pas inventer pour se démarquer des musiciens vendus à la pop et rester droit dans leurs bottes indie ? Mais oui, que feraient-ils ? Et bien, ils iraient déclamer des vers comme dans une prière adressée au dieu anti-folk, au hasard Daniel Johnston, en tournant les pages d'une bande dessinée qu'ils auraient confectionnée sur l'histoire et la décadence de la Rome antique, tel des prêtres nous contant les péripéties survenues dans les Evangiles. Amen...euh...Fuck off!

Lu et mitigé/Avec les pires intentions


Avec les pires intentions,
Alessandro Piperno


Aïe ! Encore une quatrième de couverture qui nous survend ce premier roman d’Alessandro Piperno en le décrivant comme « iconoclaste, provocateur, politiquement incorrect ». Certes, le romancier ne manque pas de talent mais ne mérite peut-être pas tous ces qualificatifs. J’ai bien aimé la galerie de portraits des Sonnino, une famille juive romaine et bourgeoise. Il y a Bepy, le patriarche flamboyant, qui a dilapidé toute la fortune familiale et qui a fait de nombreuses infidélités à sa femme, Teo, le fis cadet un peu trop porté sur la religion selon son père et qui part vivre en Israël, Luca, l’autre fils, albinos qui aime les affaires, les grosses voitures et les grandes marques…Il y a surtout Daniel, le petit-fils, narrateur de ce roman, adolescent terne et collectionneur de petite culotte…Mais une fois les portraits brossés – et certains passages sont redondants ce qui lassent à la fin- l’histoire vire à un scénario de la Boum légèrement érotisée qui pourrait s’intituler : Comment conquérir une fille que j’aime mais qui ne me voit que comme un bon copain ? Mmm, c’est tout de suite moins passionnant…


Une fois n’est pas coutume, voici une critique d’
Anne-Cécile Staman, une journaliste de Chronicart qui résume bien le roman :
"Indéniablement, Piperno a un sens aigu de la formule. Hélas, le brio clinquant s'accommode mal de la longueur, d'autant que la seconde partie du roman vire au mélo ironique. Le narrateur noircit des pages à raconter les historiettes d'une jeunesse aussi dorée que médiocre, et nous émoustille en retardant sans cesse la révélation du trauma post-pubère responsable de son naufrage annoncé. Alors on s'accroche, courageusement, dans l'espoir ultime de ressentir une bouffée d'empathie pour notre malheureux adolescent attardé. La déception n'en est que plus cruelle : en lieu et place d'une scène croustillante, il faudra se contenter d'un final à l'érotisme gentiment convenu. Avis aux amateurs de petite culotte et autre touche-pipi."
Retrouvez la chronique complète sur www.chronicart.com/livres/chronique.php?id=9901

dimanche 30 mai 2010

Lu et mitigé/Une folle passion

Une folle passion,
Angela Huth
Avec un titre pareil, Une folle passion, on peut s'attendre à un roman à l'eau de rose...Et effectivement, on a une bonne dose de romantisme et de naïveté, contrebalancée par une histoire de harcèlement et par de grossiers personnages. Viola est une jeune femme anglaise, belle et intelligente, qui ne fait rien de particulier de sa vie, mais qui vit bien néanmoins , éperdumment amoureuse de Richard le docteur...
Viola est tellement belle et insaississable que Harry Antlers, metteur en scène américain, tombe éperdumment amoureux d'elle et sera capable de tout (et du pire) pour l'impressionner. Les aspects positifs de ce roman serait une intrigue et une écriture facile à lire, même si l'auteur s'égare parfois dans la description de la garde-robe de la jeune femme ou dans la décoration de sa maison (merde, on n'est pas dans un magazine féminin!)
Je reprocherai à ce roman une histoire trop pleine de bons sentiments, avec des seconds rôles sans consistances, qui ne sont que des marionnettes pour l'auteur...qui visiblement avait envie de belles histoires d'amour qui finissent bien. Du coup, les personnages comme les situations ne semblent pas très réalistes ou très idéalisées. Enfin, ça vaut bien un Anna Galvada.

samedi 15 mai 2010

Vu et approuvé/BRMC

Black rebel motorcycle club,
Bataclan


Comment un groupe de rock aussi sombre peut-il être aussi lumineux sur scène? Mais oui, comment font ils, les Black Rebel Motorcycle Club (BRMC), pour nous faire planer avec tant de légèreté, alors que leurs morceaux envoient du lourd? Mystère, magie, talent?
Disons-le franchement, BRMC a deux très bons albums : leur premier album éponyme et leur album Howl très folk et country. Ils n'hésitent pas d'ailleurs à les interpréter sur scène, déclanchant une vague d'enthousiasme dans la foule, avec un Spread your love ou un Ain't no easy way. Le 5e album est loin d'égaler les œuvres précédemment citées : des mélodies qui ne nous ont pas fait grande impression à la première écoute (excepté Beat the devil's tatoo) se révèlent bien plus puissantes sous les coups de buttoir de Robert Turner et Peter Hayes. En plus d'un bon jeu de guitare, basse, harmonica et tambourin, les deux chanteurs disposent d'une voix limpides comme de l'eau de roche, aussi à l'aise en a capella que dans les passages en force. Surprenant, n'est-ce pas pour un groupe aux sons crasses et tapageurs?
BRMC peut tout se permettre. Même de jouer des morceaux pendant plus de 6 minutes, sans que le public ne prenne la poudre d'escampette (quand tant d'autres se limitent à trois minutes pour passer à la radio). Et c'est peut-être ça qui manque à d'autres groupes, la possibilité de pouvoir installer un morceau dans la durée, de le laisser filer avec quelques improvisations, puis de le reprendre là où on l'avait laissé, de ne pas s'offusquer qu'un public adulte n'entame pas de pogos endiablés. On dirait même que les mouvements de foule les effraient puisque Peter Hayes a interrompu le concert pour un problème survenu sous ses yeux (mais on ne saura lequel!) Et oui, parce que nous, on n'avait d'yeux que pour eux!

L'info en plus : Si vous avez raté cette prestation mémorable, une séance de rattrapage aura lieu à Rock en Seine le vendredi 27 août 2010.

Lu et approuvé/L'oeil le plus bleu

L'oeil le plus bleu,
Toni Morrison


Pour son premier roman, Toni Morrison plante le décor : des familles noires dans une petite ville de l’Ohio dans les années 40 où la violence est latente, affleure à la surface, puis finit par éclater…Pecola, petite gamine noire et laide, à peine pubère et déjà violée par son père, est vouée à un sombre avenir. Elle est hébergée dans la famille de Claudia et Frieda, deux fillettes dont les capacités de révolte et de résistance sont bien plus fort es que chez la timide Pecola.
Toni Morrison peint toute une galerie de personnages et de situations pour reconstruire le fil de l’histoire de Pecola, comme si les malheurs ne s’abattaient pas au hasard, mais étaient le fruit d'une longue lignée familiale...A une époque où les noirs étaient considérés comme des paria, le dénominateur commun s’appelle la misère. Ne reste donc que le rêve, celui d’avoir les yeux bleus, pour échapper au mépris lié à la condition de petite fille noire.

Vu et approuvé/Revolver


Revolver,

Bataclan



Après trois chansons exécutées comme au studio, c’est-à-dire sans aucune audace par rapport à leur album, on commence à s’inquiéter devant la performance des Revolver. On ne sait si c’est la vigueur de leur tube, Get around town, qui les réveille de leur torpeur ou les libère de leurs angoisses, toujours est-il que le concert prend alors une autre tournure...Et devient un vrai live!

Les passages instrumentaux sont l'occasion pour le groupe de montrer toute l'étendue de son talent et de se lâcher plus facilement : ils iront même jusqu'à faire danser la fosse sur un slow (et dérouteront plus d'un amateur de rock plus habitué au pogo). Sans pour autant devenir des bêtes des scènes, les trois comparses parviennent à enflammer la salle. A leur décharge, il faut dire que leur pop de chambre nécessite une certaine coordination, notamment pour les mélodies polyphoniques.



Mustang (1ère partie)

Coiffez-vous d’une banane comme dans les fifties, prenez votre voix la plus grave et sensuelle, déhanchez-vous sur des rythmes effrénés ; et vous voici de retour dans les années 50 et au cœur de la vague rockabilly. Sauf qu’on est en 2010 : et un mec qui imite Elvis Priestley, respirant comme un cheval essoufflé dans son micro, baragouinant des paroles anecdotiques, ne fait plus l’unanimité. Mustang n’est pas assez décalé pour être drôle, et pas assez novateur pour être pris au sérieux. Mais l’envie y était…

mardi 27 avril 2010

Vu et approuvé/Alice au pays des merveilles

Alice au pays des merveilles,
Tim Burton


Ce n’est pas le meilleur des Tim Burton et pourtant le sujet était parfait pour lui : l’adaptation d’Alice au Pays des Merveilles, une fable complètement folle sur une petite fille qui découvre un monde sous-terrain peuplé de doux-dingues et de cinglés féroces…Dans l’adaptation au cinéma, Alice a 19 ans et retombe dans le terrier de son enfance, elle arrive à point nommé pour combattre un dragon pour le jour « fabrieux. » Le scénario respecte bien je trouve l’écriture et les tournures de Lewis Carroll mais il pêche plus dans l’inventivité : qu’y a-t-il d’original à créer une épée de type Excalibur que seule Alice peut manier ? Qu’y a-t-il d’innovant dans le méchant dragon qu’Alice doit tuer ? Y avait-il besoin d’aller chercher ces éléments convenus dans d’autres contes de fée ? Aïe, et si Burton manquait d’inspiration ?
Heureusement, qui mieux que Burton peut nous transporter avec autant d’aisance dans son monde onirique ? Les personnages et les décors sont bien trouvés : Johnny Depp est fantastique dans le rôle du chapelier qui prend une vraie épaisseur dans le film contrairement au livre où il n’est qu’un personnage secondaire parmi tant d’autres, la reine blanche punk et maniérée est une réussite, tout comme la reine rouge à la tête surdimensionnée. Le spectacle est plaisant, mais ne restera pas forcément dans les mémoires.



Lu et approuvé/Et ce sont les chats qui tombèrent


Et ce sont les chats qui tombèrent,
Tom McCarthy




La couverture de ce roman représentant un dandy anglais en chapeau melon, presque en lévitation, tenant un parapluie à la main m’a fait l’effet d’un Magritte. Qui dit Magritte dit surréalisme, qui dit surréalisme dit j’achète…Me voilà donc avec Et ce sont les chats qui tombèrent entre les mains : le narrateur a reçu un coup sur la tête (cela pourrait être le ciel, un piano ou un seau d’eau…nous ne le saurons point) qui le plonge dans le coma. A son réveil, il a perdu en partie sa mémoire mais a gagné 8 millions et demi de livres grâce à son accident. Son rêve est de retrouver un geste fluide tel un Robert De Niro ouvrant un frigo, de se sentir de nouveau vivant…Pour cela, il fait appel à la Société Contrôle du temps et un certain Naz pour mener à bien son projet fou : trouver un immeuble qui correspond à ses souvenirs et l’aménager avec une rigueur toute mathématique, trouver des acteurs qui y joueront ses anciens voisins de palier, faire ce qu’il appelle des « reconstitutions » où il répète à l’infini des mouvements parfaits, comme passer devant la dame au foie qui dépose ses poubelles sur son palier…Bizarre, n’est-ce pas ? A force de faire le grand écart entre réalité et fiction, le narrateur pourrait bien en déchirer la couture de son pantalon…




lundi 29 mars 2010

Vu et approuvé/Soul kitchen

Soul kitchen,
Fatih Akin


Enfin une comédie qui sort des sentiers battus, peut-être parce qu’elle n’est pas l’œuvre d’un Américain ou d’un Britannique, mais d’un Allemand d’origine turc Fatih Akin.

Zinos tient un restaurant dans une zone désaffectée de Hambourg mais un certain nombre d’incidents viennent bouleverser sa vie : sa petite amie part travailler à Shanghai, son frère sort de prison, son nouveau chef pratique une cuisine un peu trop délicate pour le palais de ses clients…L’histoire d’un mec simple et attachant, avec ses petits bonheurs et ses grosses galères. Il est drôle malgré lui, car la situation lui échappe sans cesse mais il essaye de rattraper la vie par le bon bout.

Le réalisateur ne tombe jamais dans la caricature des personnages - tous très justes dans leur interprétation grâce à de très bons acteurs. Mais il ne craint pas les excès, avec des scènes surréalistes qui provoquent justement le rire par leur côté très décalées. L’énergie dégagée par ce film vient aussi de sa très bonne bande originale, très soul comme le laisse présager le titre. On se laisse volontiers prendre par ce petit grain de folie.

mercredi 24 mars 2010

Lu et approuvé/La vie rêvée de Sukhanov


La vie rêvée de Sukhanov,
Olga Grushin


Difficile de rentrer dans le premier chapitre de ce roman aussi délicat qu’un buisson épineux : à la surface, de belles fleurs colorées, en dessous, des entrelacs de bois sec. Le style agace par son emphase, par ses descriptions qui s’apparentent aux exercices d’une élève appliquée, par ses situations conformes à ce qu’a produit jusqu’alors la littérature russe. Mais le lecteur aurait tort de s’arrêter là, car la suite est pour le moins inattendue…Tolia Sukhanov est un critique d’art qui dirige en 1985 la plus prestigieuse revue de Russie, gendre d’un des plus grands peintres du régime soviétique et mariée donc à sa superbe fille. Il appartient à cette classe de riches qui méprise les pauvres, à commencer par une ancienne connaissance qu’il croise presque par hasard à la sortie d’une réception…Dans ce roman, le hasard n’aura de cesse de mettre Sukhanov sur les traces de son passé : son enfance dans des appartements partagés, la disparition mystérieuse de son père, ses premières peintures, des retrouvailles avec d’anciens amis…Il se retrouve ainsi piégé entre ce qu’il est devenu, un fonctionnaire zélé habituée à écrire des articles conformes à la pensée unique du régime communiste et enfermé dans une cage dorée, et ce qu’il a été. A partir d’un incident, Sukhanov est pris dans un engrenage qui lui fait perdre petit à petit tous ses repères, tous ses biens, au point d’en devenir complètement surréaliste. Le surréalisme est sans doute plus accessible en peinture qu’en littérature, mais on se laisse aisément prendre à cette écriture à multiples tiroirs. Dommage que ce roman se traîne un peu en longueur !

mardi 16 mars 2010

Lu et mitigé/Un fauteuil au bord du vide

Un fauteuil au bord du vide
Alexis Salatko

Un père tombe d’une grue d’un chantier naval à Cherbourg, son fils tente d’élucider cet accident dramatique. Il revient donc sur les traces de son passé : son enfance avec les lascars du quartier, ses premiers émois à l’adolescence, la rupture du père et de la mère…Les descriptions de la ville respirent le vécu, de même que les situations de fils d’immigrés…Le style est percutant, pas plus de deux/trois phrases qui s’emboîtent parfaitement les unes derrières les autres…Oui, mais cela ne suffit pas ! La déception vient de l’intrigue qui a un air de déjà-vu puisque le narrateur espère trouver qui il est, en remontant le fil du temps et de sa vie ordinaire. Il fait sans cesse des bonds dans le passé, le présent, l’avenir qui m’ont fait perdre le fil du roman puisque je ne le lisais que d’un œil distrait.

vendredi 12 mars 2010

Vu et approuvé/Shutter Island


Shutter Island,
Martin Scorsese


Les huis clos fournissent généralement toujours une bonne dose de paranoïa, mais Shutter Island décuple ce phénomène puisque les marshals Teddy Daniels et Chuck Aule enquêtent sur une île isolée, dans une prison psychiatrique réputée pour détenir les meurtriers les plus dangereux. Et comme par hasard, une fois arrivée sur l’île, une tempête se déclenche repoussant d’heures en heures leur départ…
Le spectateur est plongé dans une tension permanente : les personnages sont fouettés par les vents et les pluies, traversent des couloirs et des bureaux à la pénombre douteuse, se réfugient dans des lieux peu sûr comme des cimetières ou des phares, se heurtent à l’administration pénitentiaire, conversent agressivement avec leurs hôtes, rencontrent des personnages effrayants…Tout nous maintient dans un sentiment d’insécurité et de vulnérabilité, soutenu par une musique qui nous martèle que le danger n’est jamais loin…
On ne peut aller plus loin dans la description du film sans en dévoiler ce qui en fait tout son sel ! Mais on peut dire qu'il nous laisse à la fin dans une certaine confusion, à peine conscient et heureux de s’être fait si finement piégé. Oui, certains films nous embarquent très loin.

mardi 9 mars 2010

Vu et approuvé/Adam Green


Adam Green


Il est des concerts qui vous sautent à la gorge, qui vous prennent aux tripes, qui vous hérisseraient tant de poils qu’ils vous feraient ressembler à un chimpanzé électrifié. Et je ne dis pas ça pour les sauts de cabris et les cris gutturaux observés lors du concert d’Adam Green à l’Alhambra. Déboulant sur scène telle une rock star avec son blouson en cuir clouté et ses cheveux longs en bataille, l’ancien chanteur des Moldy Peaches transforme ses douces mélodies de crooner en chansons brute de rock. Il transcende la salle de sa voix grave et sublime, de son humour décalé et absurde. Surtout, en forme comme jamais, il transmet son énergie punk à un public ravi de le voir débouler au-dessus de sa tête, jusqu’à ce qu’il en perde son ceinturon ! Le vaillant jeune homme qui le retrouva eu droit à une danse pour récompense et une belle galoche par-dessus le marché. Comme la majorité des gens du premier rang qui ont eu tout le loisir de lui hachurer le corps de leurs ongles. Adam Green semble s’être follement amusé : il a dansé comme une midinette allumeuse, a sauté comme un lapin, a marché comme un Egyptien…Il a démontré, en solo comme avec son formidable groupe, une aisance et un sens de la mélodie rare. Il a juste massacré son final Jessica en laissant le public beugler dans le micro et en entonnant une bribe de I’ll do it for you de Brian Adams…Il nous sera revenu lors du rappel en boxeur balançant des uppercuts dans le vide comme un damné. On aurait voulu jamais le quitter !

vendredi 26 février 2010

Vu et approuvé/Kasabian & Vampire Weekend


Où est passé le temps où l’on pouvait voir en première partie de concert des groupes prometteurs comme The Coral, Kaiser Chiefs ou les Foals ? Mais oui, qu'est-t-il advenu de ces premières parties où le palais et l’oreille encore sec, nous étions secoué d’entrée de jeu par la fougue et/ou la virtuosité d’un groupe encore inconnu dans les rayons des disquaires ? Ce qui ressemble à un discours de vieux con n’est en réalité qu’une déception immense face à des formations qui ne devraient jamais sortir de l’ombre…

SOS, voilà Fan Death

Premier exemple, celui de Fan Death avant la prestation de Vampire Weekend à l’Olympia. Ce groupe pioche allègrement ses références dans ce que les années 80 a de plus mauvais et nous gratifie même d’un violon pour le côté folklorique, faisant encore pire que ce jouait les Corrs dans les années 90…C’est dire ! Pour masquer ce massacre musical, la chanteuse a donc mis une robe très courte à frou-frou et fait des moulinets avec ses bras, sorte de Véronique sans Davina et sans douche à poil à la fin!Mais nous comble avec deux roues successives : ça tombe bien, j’avais justement envie de voir un pathétique cours de gymnastique…

Control, pâle copie des Kills

Deuxième exemple, celui de Control, en 1re partie de Kasabian, toujours à l’Olympia. Une formation française composée d’un homme et d’une femme, qui pique un peu tous les codes aux Kills, sauf le talent…Et comme ils ne font pas illusion longtemps sur scène, Mme a tout prévu, un strip tease tendance long effeuillage : après avoir retiré sa cape dont on se demande à quoi ça peut bien lui servir, voilà qu’elle retire sa veste sans T-shirt en dessous. Heureusement qu’elle avait pensé à rembourrer son soutien-gorge et qu’elle a des cheveux long et ébouriffées pour pouvoir passer ses mains dedans à l’envie…Si j’avais su, j’aurais regardé un feuilleton pseudo érotique sur M6.


Vive Vampire Weekend

Heureusement que les têtes d’affiches assurent ! Les Américains de Vampire Weekend en deux petits albums ont séduit tous les amateurs de rock assez ouverts pour écouter des sons venant ailleurs que des Etats-Unis ou d’Angleterre…En l’occurrence, l’Afrique, avec des percussions très insistantes et entêtantes qui correspondent parfaitement au sol rebondissant de l’Olympia. Ces étudiants surdoués savent régurgiter dans leur musique des tas d’influences et s’amusent à les télescoper, prenant à contre-pieds les danseurs qui ont le rythme dans la peau… Avec les Vampire Weekend, veux mieux être destructuré et affûté pour suivre la cadence infernale. Ils arrivent cependant à nous faire oublier combien leur musique est étudiée et intelligente, pour ne laisser qu’apparaître le « beat ». Le public ne s’y trompe pas, et les applaudit à tout rompre !


Kasabian, so english?


Kasabian est un peu le contraire : ethno et égocentrique, revendiquant leur citoyenneté anglaise en lançant très officiellement le maillot de foot de leur équipe nationale pour la Coupe du monde lors de leur concert à l’Olympia. Sauf que ce maillot moulant ne convient guère à un rockeur buveur de bière plus près du Bidochon que du David Beckham. Mais Kasabian a dès ses débuts montré quand même une certaine ouverture, avec un net penchant pour l’électro. Depuis, ils piochent ci et là des instruments (trompette, violon, tambourin…) qui donnent plus d’ampleur à leur musique et leur donne un visage plus cosmopolite. Ils ont aussi une facilité à écrire des tubes fédérateurs, qui peut pousser à la ferveur un public apathique. A la limite de la musique de hooligan en live, mais comme c’est bon parfois d’être décérébré !

vendredi 5 février 2010

Lu et approuvé/Délivrance

Délivrance,
James Dickey


Attention : une fois ce livre ouvert, vous aurez dû mal à le refermer…tant le suspens se maintient à chaque page. Aux Etats-Unis, la construction d’un barrage va inonder une rivière et un paysage encore sauvage. Quatre amis décident de la descendre en canoë pour profiter une dernière fois du spectacle de la nature. Il y a Ed, le narrateur, qui travaille dans la publicité et s’ennuie dans sa vie. Il est légèrement influençable par son copain Lewis, l’aventurier qui cherche de l’adrénaline et veut tester son instinct de survie. Bobby et Drew se laissent entraîner dans l’aventure…Bien mal leur en a pris : la rivière se révèle plus agitée que prévu et des inconnus mal intentionnés s’invitent au spectacle. Ce livre ne saurait se résumer à une virée entre amis qui tournent mal, tant la psychologie des personnages, les rapports d’influences et les décisions qu’ils prennent dans l’adversité sont intéressants. La rivière et la forêt elles-mêmes, accueillantes par instants, sournoises en d’autres, sont des personnages à part entière. Un décor effrayant, une atmosphère étouffante, des personnages ambivalents, une histoire hallucinante : ne cherchez plus, vous tenez là un bon bouquin !

L'info en plus : Ce livre a reçu le prix Médicis étranger et a été adapté au cinéma par John Boorman en 1972.

jeudi 4 février 2010

Vu et approuvé/Invictus


Invictus,
Clint Eastwood


Oh qu’il est le beau le mélo ! Après 30 ans de prison, Nelson Mandela devient le premier président noir de l’Afrique du Sud et tente de réconcilier ses concitoyens après l’apartheid. Morgan Freeman campe si parfaitement ce rôle de président obstiné, courageux, empreint de sagesse et de pardon, qu’on peut parler de mimétisme. Les Springboks sont l’équipe de rugby sud-africaine, sport populaire chez les blancs et pratiqué presque exclusivement par les blancs, en déroute un an avant d’accueillir la Coupe du monde. Quand le chemin de ces deux géants se croisent, en découle une destinée hors du commun. Mandela pressent ce qui personne n’avait imaginé : une victoire de l’Afrique du Sud unirait les noirs et les blancs dans un même élan de joie ; ils vibreraient pour la première fois de leur histoire à une même cause…François Pienaar est le capitaine de cette équipe afrikaner, bercé depuis sa tendre enfance par des propos ségrégationnistes, qui se laisse magnétiser par un président d’exception…Le film montre bien les réticences des uns et des autres à se faire confiance mais ils s’apprivoisent beaucoup plus vite que ne le laisse craindre la réalité. Le film nous apporte quelques frissons dans le stade, mais les scènes de rugby sont très mal filmées et peu crédibles : des figurants pas très costauds notamment un Jonah Lomu ridiculement petit, le haka des néo-zélandais ne ferait même pas peur à un enfant de 6 ans…Et par-dessus la marché, on nous rajoute des ralentis, des bruitages tape-à-l'oreille et de la musique sirupeuse (signé du fils Kyle eastwood mais qui conviendrait mieux à un feuilleton pour ado). L’histoire en vaut la peine, mais c’est un film peut-être un peu trop calibré pour Hollywood, avec beaucoup de bons sentiments, pas d'esprit critiques et surtout un happy end…

lundi 1 février 2010

Lu et approuvé/Les justes

Les justes,
Albert Camus


Tuer ou ne pas tuer ? Telle est la question de cette pièce de théâtre, écrite en 1949 par Albert Camus. L’action se déroule un demi-siècle plus tôt en Russie, à l’époque où un groupe révolutionnaire se prépare à assassiner le grand duc Serge pour libérer le peuple… Ils se conçoivent comme des libérateurs, on les accuse de terrorisme : un débat d’une cruelle actualité. Dans cette pièce, on croise une galerie de personnages formidables, de la femme qui prépare la bombe pour son amant au poète maudit qui a la main qui flanche, du révolutionnaire pur et dur endurcit par des années de bagne au du cerveau de l’opération qui reste à l’écart du sang…En quelques phrases, tout est dit et son contraire : l’amour et la haine, la confiance et la suspicion, la solidarité et la lâcheté, la liberté et l’enfermement…Mais on trouve toujours au bout du chemin de la souffrance, chez les assassins, comme chez les victimes.

jeudi 7 janvier 2010

Lu et approuvé/Mon chien Stupide

Mon chien stupide,
John Fante

Stupide est le nom donné à un chien errant que recueille la famille d’Henry Molisse, le personnage principal. En fait, c’est plutôt ce chien qui s’est invité chez eux : il est si gros qu’il a d’abord été pris pour un ours. Ce chien est bourré de défaut, et notamment celui de vouloir s’accoupler à tous les hommes qui passent, les femelles de son genre le laissant complètement indifférent. Henri Molisse se retrouve quelque peu en cette bête épaisse et s’attache à lui au grand dam de son épouse et de ses quatre enfants. Scénariste et écrivain raté, il végète dans sa maison au bord de mer. Il se berce d’illusions, imaginant vivre à Rome pour retrouver ses racines italiennes. Sa femme, bonne à tout faire, même les dissert de son fils, est totalement dépassée par les événements. Les enfants sont tous des têtes à claque : cupides, fainéants, instables, égoïstes…Bref, une petite maison de fou où la communication entre parents et enfants n’est pas facile. Jusqu’au jour de leur départ, qui rend la maison bien vide…Ce petit roman loufoque vous plaira si vous aimez les esprits cyniques et le parler vrai ! Sinon, passez votre chemin.

mercredi 6 janvier 2010

Lu et approuvé/L'âme noire

L’âme noire,

Liam O’Flaherty

C’est un roman sur les sensations et les émotions, exigeant à lire ! Mais quelle force il dégage ! Les paysages y constituent des personnages à part entière, tourmentés ou tranquilles, orageux ou doux, à la faveur du roulement des saisons, de l’hiver à l’automne. Le climat sur l’île isolée d’Inverara en Irlande a un impact immédiat sur les habitants, aux caractères également fluctuants et même insaisissables. Le héros du roman, « l’étranger » comme l’appelle les habitants de l’île, arrive avec ses blessures de guerre, tout comme l’auteur très affecté psychologiquement pas son expérience dans les tranchées lors de la Première guerre mondiale. Il s’installe comme par enchantement chez un couple de paysans qui se détestent profondément et qui n’ont jamais consommé leur union. Ils forment un mariage à trois des plus boiteux. La jeune Mary, en mal d’amour, tombe sous le charme de l’étranger, mais celui-ci n’est pas un être facile à aimer et à apprivoiser. John le Rouge est malade de jalousie mais trop lâche pour chasser l’étranger. Le héros est lui dégoûté et attiré irrésistiblement par la vie de paysans, passant de l’amour à la haine dans un claquement de doigt pour tout ce qui l’entoure : les gens, les paysages, la vie en général. Nous le suivons, comme envoûté, dans ses pérégrinations physiques et intellectuelles.