Beignets de tomates vertes,
Fannie Flagg
Fannie Flagg nous invite à rentrer dans un univers - celui du Whistle Stop café dans l’Alabama au siècle dernier - qu’on a dû mal à quitter. Tout comme Evelyn Couch, mère au foyer mal dans sa peau avec ses kilos en trop et sa vie étriquée, a dû mal à se séparer de Ninny Threadgoode, pensionnaire pimpante d’une maison de retraite qui lui raconte toutes les péripéties de sa famille adoptive. Les Threadgoode ont été l’âme de Whistle Stop, avec Idgie, le garçon manqué qui a a ouvert le seul café du village, qui accueillait à la fois les hobos (vagabonds) lors de la crise de 1929 et les noirs dans l’arrière cours ; une audace qui lui a valut d’être menacée par le Ku Klux Klan. Avec Ruth, pièce rapportée, belle à en mourir, du point de vue d’Idgie en tout cas, qui en a fait sa compagne et son associée. Avec Stump, le fils de Ruth, qui accomplit exploit sur exploit malgré un bras en moins. Et puis dans ce sud raciste, il y a les domestiques, les noirs, qui habitent en face, à Troutville. Comme pour gommer des décennies d’injustice, Fannie Flag les présentent sous un jour plus que flatteur : fidèles, courageux, travailleurs…Presque parfaits ! Dans cette petite vie gravitent aussi le policier à la recherche du robin des bois des trains, la postière qui tient la chronique du village plus prompte à parler de sa moitié que des nouvelles du jour…toute une série de personnages bien souvent attachants, et rarement épargnés par les malheurs. Le petit miracle de ce livre est de ne pas tomber dans une nostalgie qui sent la naphtaline, mais au contraire de nous faire vivre cette époque comme si on y était. On rit, on pleure, on s’émeut, on s’indigne, on sent l’odeur du barbecue d’un Big Georges et ressent l’amour maternelle d’une Sispey.
L'info en plus : Le livre a été adpaté au cinéma en 1992 par Jon Avnet, avec Kathy Bates, Mary Stuart Masterson, Mary-Louise Parker et Jessica Tandy.