mercredi 15 juillet 2009

Lu et approuvé/Danseur


Danseur,
Colum McCann

Il est rare de rencontrer un auteur comme Colum MacCann qui, s’il se met à parler de la neige qui tombe en Russie, nous procure un frisson glaçant alors qu’on est assis bien au chaud dans notre lit. Par une écriture limpide et le verbe facile, il nous transporte là où il veut.
J’avais ressenti la même chose en lisant Le Chant du coyote, où l’auteur nous baladait des terres arides du Mexique aux contrées humides de l’Irlande pour raconter l’histoire d’un père et d’un fils qui s’étaient « déliés » au fil du temps. Danseur évoque lui aussi des liens familiaux douloureux, cassés net par un exil à l’Ouest d’un homme de l’Est qui veut faire une belle carrière. Et quelle carrière puisqu’il s’agit de Rudolf Noureïev !
Mais le livre n’est pas une biographie : la frontière entre réalité et friction est trop poreuse. Colum McCann invente des personnages comme les parents, la sœur, le premier professeur de danse, les amis, les serviteurs, les amant(e)s ... Mais il intègre aussi des personnages de la jet set internationale bien réels comme Andy Warhol ou Mick Jagger.

Il zigzague à l’Est et à l’Ouest, toujours entre deux mondes, l’un fait de privation, de rationnement et d’oppression, l’autre fait d’excès, de paillette et d’argent. Paradoxalement, les personnages secondaires sont presque plus intéréssants que le héros, ou plutôt l'anti-héros, tant il révèle des facettes peu reluisantes.
L’ascension sociale de Noureïev est vertigineuse : on le découvre enfant, pendant la Seconde Guerre mondiale, qui fait le tour des chambres d’un hôpital russe pour divertir les gueules cassées. On le retrouve à l’apogée de sa carrière, star caractérielle et démente, claquant la vie aussi vite que son fric. Un destin qui méritait bien une si grande plume.


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