la vie à fond de train
Ces vagabonds itinérants prenaient clandestinement des trains de marchandises et débarquaient dans les villes pour trouver du travail, aux Etats-Unis, dans les années 30. Ils ont nourri l’imaginaire américain, dans la littérature, la musique, le cinéma…Petit tour d’horizons culturel de ce phénomène.
Contexte
La Grande Dépression
La crise économique de 1929 a été déclenchée aux Etats-Unis par le krach bousier de Wall Street, plongeant le reste du monde dans la récession et provoquant en partie la montée du fascisme en Europe dans les années 30. Aux Etats-Unis, des milliers d’actionnaires sont endettés, les banques font faillites, les industries licencient. Le chômage augmente, la croissance et la consommation baissent. Que reste-t-il de ces années noires ? Le hobo qui est devenu un personnage mythique, voire romantique, dans la culture américaine.
Hobo, qui sont-ils?
Le hobo est un pur produit de la Grande Dépression aux Etats-Unis. Dans les années 30, les hobos sont ces vagabonds, qui sautent de wagon en wagon, errent de ville en ville, l’œil hagard et le visage livide, à la recherche de travail et d’une vie meilleure. Le train est presque le personnage central de cette époque : c’est là où se font les rencontres, se lient des amitiés, se dévoilent les bons plans ou se donnent les coups couteaux. La misère sociale est la toile de fond de cette époque qui a jeté à la rue des milliers d’américains : la faim et les soupes populaires, le froid et les nuits à la belle étoile, la violence et les nuits en tôle, l’alcoolisme et les bars peu fréquentables…
Homeless Bohemian, des romantiques?
Suffirait-il de rajouter le qualificatif bohème au sans domicile fixe pour en faire un être romantique ? Il paraît que oui, parce que c’est un être libéré de toutes contraintes sociales, qui nourrit les valeurs contestataires. Mais sa liberté a souvent un prix : celui de dormir sous les ponts, de patauger dans la gadoue, de courir après les trains, de passer une nuit en prison, de ne connaître jamais de répit. On dit du romantisme que c’est le triomphe du sentiment contre la raison. Mais, quand il n’y a plus de raison de vivre, il ne reste que le sentiment de survie, parfois bestial et cruel.
Littérature

Entré clandestinement aux Etats-Unis à 22 ans, W.H Davis essaye de trouver des petits boulots, sinon mendie et vole, boit comme un trou. Après une vie de vagabondage à l’américaine, il teste la vie de clochard à l’anglaise…
La Route, Jack London

Jack London connaît bien les hobos pour avoir été l’un des leurs : à 18 ans, il démissionne de la centrale d’électrique d’Oakland après le suicide d’un ouvrier licencié. Il se retrouve alors sur la route et rejoint un groupement de chômeurs qui revendique… la construction de routes. Il est même arrêté en 1894 pour vagabondage et incarcéré pendant un mois. Son recueil de nouvelles La Route, retrace le périple de Jack-le-matelot à travers les Etats-Unis et jusqu’au Canada, périple marqué par les injustices sociales et raciales.

Voici un mythe. A la fois libertaire et contestataire, ce roman largement autobiographique évoque la rencontre entre deux auto-stoppeurs, Dean Moriarty et Sal Paradise. Ils boivent, se droguent, baisent de villes en villes, des punks avant l’heure qui encensent l’amitié, rejettent la conformité. Soit la liberté à fond la caisse…euh, à fond de train ! Un livre qui a influencé les beatniks et les hippies.
Un fils de l’Amérique, Nelson Algren

Livre sans fin, non pas pour dire qu’il est long et ennuyeux, mais que l’auteur ne l’a jamais terminé, Un fils de l’Amérique raconte la vie de Cass MaKay, un cas social. Livré à lui-même depuis son enfance, miséreux et analphabète, Cass quitte le Texas et vagabonde à travers les Etats-Unis, échoue pour quelque temps à Chicago où il se stabilise un peu. Mais un vrai hobo a toujours la bougeotte…

Francis est parti de chez lui, parce que son bébé est tombé de la table à langer alors qu'il s'en occupait. Ce n'est pas la seule personne à qui il a causé directement ou indirectement la mort...Francis revoit tous les fantômes de son passé, à chaque coin de rue, à chaque instant, rendant encore plus difficile son errance.
Les raisins de la colère, John Steinbeck

Les Joad, famille de paysans, sont ruinés après les tempêtes de poussière, sont remplacés dans les champs par les tracteurs, sont exploités par les grands propriétaires. Ils quittent alors leurs terres d’Oklahoma pour trouver un travail en Californie, mais ils vont de désillusions en désillusions sur la route de cet el dorado.
BD

Freddie Bloch s’enfuit sur les routes à l’âge de 12 ans pour retrouver son père : il découvre un monde cruel et va devoir grandir très vite, s’il veut survivre.
Musique
Hobo's lullaby, Woodie Guthrie
Ce chanteur et guitariste de folk américain a marqué la culture

Cisco Houston

Ce chanteur folk a mené la vie de hobo. A cause de la grande dépression, il est obligé de travaillé pour aider sa famille et part sur les routes avec son frère et toujours une guitare à la main. Durant ses voyages, il élargit son répertoire et joue dans la rue, dans des clubs, parfois à la radio. Il se lie ensuite d’amitié avec Woodie Guthrie avec qui il fait une tournée dans les camps de travailleurs immigrés. Il rejoint ensuite les Almanac Singers, groupe de folk à gauche où chantent Pete Seeger, Lee Hays, Millard Lampell…
I'm a lonesome hobo, Bob dylan

Seasick Steve

Un bluesman pour changer. Seasick Steve a vécu à la dure sur les routes du Tennessee, Mississippi, vivant de petits boulots de fermiers ou de cowboy. Il a commencé sa carrière musicale dans les années 60 aux côtés de Janis Joplin et Joni Mitchell, puis a travaillé comme producteur. Il a enregistré son premier album en 2006 et sa popularité a vraiment décollé après un show à la BBC.
Like a hobo, Charlie Winston

Hobo, lui? Avec sa chemise blanche bien repassée et son chapeau très stylée à la Pete Doherty? Non, c'est juste une blague...
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