mardi 2 décembre 2008

Vu et approuvé/ Hunger

Hunger,

Steve MacQueen

C’est un film coup de poing et coupe faim ! Il se passe pendant les « troubles » en Irlande du Nord qui opposent les catholiques animés par un désir d'indépendance et les protestants fidèles à la couronne d’Angleterre. Le film raconte l’histoire de prisonniers de l’IRA, accusés de terrorisme par les Anglais qui leur refusent le statut de prisonniers politiques. Ils entament alors une grève de l’hygiène, acceptant simplement de se vêtir d’une couverture et retapissant les murs de leurs excréments, car ils ne veulent pas être considérés comme des criminels de droit commun. Devant l’inflexibilité de Margaret Thatcher, alors Premier ministre britannique, ces militants catholiques sortent leur arme fatale : la grève de la faim dans laquelle périront dix hommes dont le mythique leader Bobby Sands.
Le réalisateur a pris le parti de tout montrer, dans les moindre détails, de cet univers carcéral : on a littéralement le nez dans la merde et la tête sous l’eau! A l’origine, il est plasticien et cela se voit car il y a une grande recherche esthétique dans ces plans et une volonté de mettre en éveil tous nos sens : les odeurs et les textures sont presque palpables. Tout est primaire au point même que le langage en est affecté : le seul dialogue intervient au milieu du film entre Bobby Sands et un prête catholique (excellent passage d'ailleurs!).
Les scènes sont d’une grande violence, pas tant physiquement que psychologiquement, même s’il y a quelques passages à tabac. Non, ce qui choque, c’est l’aliénation de ces hommes, la dépossession de soi et de sa dignité. C’est la répétition et l’accumulation de ces sévices qui rendent certaines scènes insoutenables, surtout à la fin quand l’homme devient décharné, tel un survivant des camps d’Auschwitz. On en ressort complètement sonné et perplexe sur la violence que les hommes et les sociétés peuvent s’infliger à eux-mêmes.

L’info en plus : Hunger a été récompensé à Cannes par la Caméra d’Or pour le Meilleur premier film, a reçu le Discovery award au Festival de Toronto mais aussi le prix coup de cœur au Festival du film britannique de Dinard.

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