mardi 2 décembre 2008

Lu et desapprouvé/ La tache

La tache,

Philippe Roth

La tache, c’est l’histoire du puritanisme américain. Ce n’est pas un hasard si l’action se passe en 1998 au moment où éclate l’affaire Lewinsky, du nom de l’assistante qui faisait des fellations au président Bill Clinton dans le bureau ovale.
Coleman Silk, professeur d’université, est lui aussi l’objet du scandale : il est accusé de racisme mais préfère démissionner plutôt que de se battre, évitant ainsi de révéler un lourd secret et entretient une relation avec une femme de ménage, un cas social de 40 ans sa cadette. Shocking ! Ses amis, collègues et connaissances le laissent tomber et c’est en désespoir de cause qu’il se rend chez un voisin écrivain : écrivez mon histoire, lui lance-t-il. Ainsi soit-il !
A part une dernière scène forte et intense, ce roman manque de relief à cause d’une intrigue qui stagne et s’étiole : c’est comme un plat qu’on voit passer dix fois sous son nez sans avoir envie d’en manger ! Ca pourrait être un exercice de style à la Queneau mais le verbe de Roth manque un peu de piquant à mon goût, surtout sur la longueur. On partage le cerveau de plusieurs personnages alors on peut picorer chez qui on veut : un professeur d’université déchu de son piédestal, une ambitieuse française qui donne des leçons de moral à tout le monde, un vétéran qui a perdu la boule dans la guerre du Vietnam, une vieille dame qui a été trahie par son frère mais la plus intéressante est sans doute la femme de ménage sans le sou et sans la vertu. Soit disant illettrée, elle tient les propos les plus pertinents : « Nous laissons une souillure, nous laissons une trace, nous laissons notre empreinte. Impureté, cruauté, sévices, erreur, excrément, semence – on n’y échappe pas en venant au monde. [ …]La souillure est en chacun. A demeure. »

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