mercredi 12 novembre 2008

Lu et approuvé/ Tropique du cancer

Tropique du Cancer,
Henry Miller

C’est une histoire sans queue ni tête que nous convie Henry Miller, et surtout à queue ! Une petite citation pour le prouver : « Il lui fallait des queues extensibles, des fusées explosant d’elles-mêmes, de l’huile bouillante faite de cire et de créosote. Elle vous aurait coupé la queue et l'aurait gardé à jamais dans son ventre, si vous lui en aviez donné la permission. »
Il est beaucoup question de sexe et de grues dans ce livre car il semblerait qu’on ne croise que cela dans le Paris du début du XXe siècle. Il faut dire que notre protagoniste sait où les trouver, lui qui passe sa vie entre les chambres d’hôtels et les bars, vivant au crochet de ses compatriotes américains. Il est aussi beaucoup question de Paris, ville de tous les fantasmes et repère des artistes: « Paris est comme une prostituée. De loin, elle vous paraît ravissante, vous n’avez de cesse que vous la teniez entre vos bras. Au bout de cinq minutes, vous vous sentez vide, dégoûté de vous-même. Vous avez l’impression d’avoir été roulé. »
En bref, cette histoire sans queue ni tête est celle de la vie, celle de sa vie puisque le récit est en partie autobiographique. Il traite de l’absurdité de l’existence et de la mort en filigrane, donc du sexe (ne disons pas l’amour au risque de paraître vulgaire à Mr. Miller) et de la guerre, des préoccupations les plus bestiales comme celle de manger aux plus spirituelles comme celle de la création. Le protagoniste refuse d’être un homme comme les autres, pied et poing liés à un travail, à une femme, à une société et à toutes sortes de conventions. Il est libre : « Aujourd’hui, je suis fier de dire que je suis inhumain, que je n’appartiens ni aux hommes ni aux gouvernements, que je n’ai rien à faire avec les croyances et les principes. Je n’ai rien à faire avec la machinerie grinçante de l’humanité – j’appartiens à la terre ! »
On pourrait retirer quantité de citations de ce livres tant il y a de phrases chocs, de phrases crues et de phrases cultes. Sa langue est riche, spontanée, révoltée ou blasée mais toujours instinctive. Aussi est-ce un plaisir de la lire !

L'info en plus : Tropique du Cancer, ainsi que Tropique du Capricorne et Printemps noirs ont été interdits de publication aux Etats-Unis jusqu’en 1960 parce que ces œuvres étaient considérées comme pornographiques. Une marque du puritanisme américain dont avait horreur Henry Miller.

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