vendredi 2 janvier 2009

Lu et approuvé/ Fenêtres sur rue

Fenêtres sur rue,
Jon McGregor

En ce premier jour de l'an 2009, une femme et ses trois enfants sont retrouvés mort dans leur appartement, plusieurs jours semble-t-il après l'heure du décès. Un voisin a cette phrase terrible : "En 2009, on vit tous les uns aux côtés des autres mais on ne se connaît pas." Pourquoi je parle de ce fait divers paru dans les journaux? Parce qu'il me parle justement après la lecture de Fenêtres sur rue.
Jon McGregor dissèque une rue dans une ville d'Angleterre, avec méthode mais à distance. Les hommes et les femmes qui peuplent cet espace sont devenus des numéros ou sont réduits à une caractéristique. Tous des anonymes comme nos voisins que nous croisons sur le palier : on sait peut-être qu'ils ont des enfants, qu'ils écoutent de la musique trop fort, dîne tous les soirs à 20 heures mais on ne prend pas la peine de leur parler, ou si peu. C'est la vie moderne et urbaine!
Dans ce roman, on suit particulièrement la vie d'une jeune femme qui se retrouve enceinte d'une homme avec qui elle a couché une fois à l'enterrement de sa grand-mère. Elle est seule, à telle point que ses conversations téléphoniques se limitent à ses parents et une ancienne amie à qui elle n'a plus grand-chose à dire...Emblématique de l'impossibilité de communiquer dans une société de "surcommunication."
Et puis il y a ce drame, cet accident atrocement banal : un petit garçon jouant sur la chaussée renversé par une voiture! Vu sous tous les angles, sous toutes les coutures, comme si Jon Mc Gregor, caméra au poing, avait pris chaque réaction des figurants ayant assisté à la scène. Ce premier roman est remarquable, original et poétique. L'écriture est à la fois simple et riche. Vivement le deuxième!

L'info en plus : Fenêtres sur rue est le premier roman de Jon McGregor. Il a été sélectionné pour le Booker Prize, un des plus grands prix littéraire, récompensant une oeuvre de langue anglaise et rédigé par un auteur du Commonwealth.

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