Théâtre
Face de cuillère,
Cie Mandarine Blanche
Face de cuillère, c’est une « petite gosse courageuse » et « née de travers » comme elle aime à le rappeler. Elle est autiste, incapable d’écrire et de lire, mais peut vous dire quel jour tombe le 23 février 2015 et a des facultés surprenantes pour vous raconter son quotidien. Et le sort s’acharne sur cette petite fille, frappée par un cancer incurable, touchée par la séparation de ses parents…
Ce scénario de Lee Hall, scénariste de Billy Elliot, est d’une force incroyable, jamais mièvre et mélodramatique, parfois drôle, toujours juste. L’enfant est une éponge qui retransmet les faits comme elle les a entendus, sans pudeur et sans fard : la pouf de papa, la vodka de maman, les fantômes des camps de concentration du Dr Bernstein, l’amour réconfortant de Mme Patate…
Laetitia Poulalion porte ce monologue sur ces épaules, entre voix enfantine et réflexion de sage, mouvements apaisés et gestuelles saccadées. La mise en scène d’Alain Batis, de la Cie La Mandarine Blanche, est dépouillée au maximum. Le décor est minimaliste: deux toiles blanches, deux fils de linge, deux tabourets. Mais entre ombre et lumière, les marionnettes déchirées dans le papier se mettent à danser et prennent vie. Et la passion dévorante de la petite fille, la musique d’opéra, lui permet de s’envoler vers un univers onirique, offrant de vrais moments de poésie.
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